"Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis". A la citation d’Antoine de Saint-Exupéry, prononcée par l’un des orateurs, Borloo opine. Calé dans son siège, il mâchouille son stylo, remet ses lunettes et annote son discours. Quand vient son tour de monter à la tribune, Borloo embrasse chaleureusement son hôte du PRG, Jean-Michel Baylet.
Puis dégaine. Dans la diatribe commune contre le débat sur la laïcité, la voix de l’ancien n°2 du gouvernement n’a pas manqué. Le radical valoisien a profité de ce moment "forcément familial" pour dénoncer l’"exacerbation des différences", et les débats qui "détournent des questions fondamentales", alors que nous "sommes tous des immigrés. Seule notre date d’arrivée change".
"La France de la peur contre la France de l’amour"
L’avenir en tête, Borloo estime que la question républicaine n’est pas de savoir d’où l’on vient mais de se demander: "Qu’allons-nous faire ensemble?". Et d’ajouter: "L’homme est ce qu’il fait. C’est un chemin". 2012 n’est pas loin.
Jean-Michel Baylet savoure. "Jamais le président de l’autre parti radical n’est venu s’exprimer à notre tribune." Lui qui a accueilli Borloo avec "plaisir", "amitié" et "fraternité", reprend le micro pour dire qu’il aurait pu tenir le même discours. "Il se situe plus près des radicaux de gauche que de l’UMP", s’emballe Baylet. Vont-ils dès lors vers un rassemblement de la famille radicale: "Nous n’en sommes pas là", tempère-t-il.
Un peu plus tôt Baylet a décoché quelques flèches en direction de l’UMP et de du "pseudo-débat" sur l’identité nationale qui "n’était que le défouloir de l’intolérance, du racisme et de la xénophobie". Mais ses attaques les plus vives sont pour "l’astucieuse fifille Le Pen raciste et islamophobe avérée (…). Miss Le Pen défendant l’idée laïque, c’est Pinochet défendant la démocratie", a-t-il taclé.
A table, autour d’une entrée saumonée et entourés d’autres pontes radicaux et de Corinne Lepage, Baylet et Borloo poursuivent leurs retrouvailles. Arnaud Montebourg et François Hollande, passés plus tôt dans la matinée, sont déjà partis. La présence de Borloo? "Je ne suis pas responsable des autres invités", esquive Hollande.
A peine le temps de déjeuner et Borloo file retrouver les jeunes de son mouvement. Ces derniers ont unanimement voté en faveur d'une sortie de l'UMP et en ont profité pour lancer un "appel résolu à la candidature de Jean-Louis." N’y répondant pas directement, Borloo pousse en avant sa large alliance: "On peut m’arrêter moi mais on ne peut pas arrêter ce mouvement", explique-t-il, respectant son timing plus qu’il doute de ses chances. L’heure est au choix "entre la France de la peur et celle de l’amour", insiste Borloo. La présidentielle?: "Il ne faut pas être aveugle. Il est lancé", remarque Fadela Amara, assise dans l’assistance.
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