Elle a désormais le soutien officiel du
gouvernement. "Une femme à la présidence de l'Assemblée nationale, ce serait
un beau symbole", a estimé Jean-Marc Ayrault dans une interview à L'Express.fr mardi. Ségolène
Royal "en a les qualités", a souligné le maire de Nantes.
Mais l'élection au perchoir de la présidente de Poitou-Charentes ne
sera pas une formalité. Son premier défi ? Etre élue députée dans la
circonscription de La Rochelle, où elle a obtenu l'investiture du PS fin
novembre contre l'ancien premier secrétaire départemental du parti Olivier
Falorni. Ce professeur de 40 ans, exclu de la direction de
Charente-Maritime pour cette affaire, n'a jamais digéré la manière dont Ségolène Royal, soutenue par l'actuel député-maire de la
Rochelle, est arrivée dans cette circonscription.
Le PS a désigné l'ex-candidate à la présidentielle sans
primaire locale, assumant "un choix politique" en faveur d'une
candidate "essentielle pour notre parti". "Je conviens que c'est une
procédure inhabituelle, mais ma situation, de par mes combats, n'est-elle pas
aussi hors du commun? Je mérite un minimum de respect, non?" avait-elle
expliqué à La Charente Libre.
Avec 14 candidats au total, le scénario d'un duel Falorni-Royal
au 2e tour est le plus probable. Dans sa permanence du quartier
populaire de Villeneuve-les-Salines, la candidate espère bien que les électeurs
réagiront en sa faveur "à (l') embrouille". Elle mise sur son "lien
aux gens" et sur son bilan à la région pour se dire "très
confiante" dans l'issue du scrutin. Et voit aussi "beaucoup de
misogynie" dans ses détracteurs. Les deux candidats en sont actuellement à
s'envoyer des lettres d'avocats, le PS reprochant à Olivier
Falorni une photo de son tract le montrant en compagnie de François
Hollande.
"Elle pensait gagner dès le premier tour"
Un sondage dira vendredi quel candidat est le mieux placé.
A la fédé de Charente-Maritime, on ne se risque pas aux pronostics sur les
rapports de force, mais on constate que le rythme de la présidente de région a
changé de vitesse. "Au début de la campagne, elle était très sûre d'elle.
Elle pensait qu'il lui suffirait d'apparaître pour avoir la faveur des
électeurs. Elle s'est aperçue qu'elle s'était trompée", commente une
militante très avisée de la situation locale, contactée mercredi par TF1
News. "Elle pensait gagner dès le premier tour. En fait, elle se rend compte
qu'elle doit organiser des réunions, faire campagne comme n'importe quel
candidat", constate l'observatrice. "Le fait qu'Ayrault - un voisin -
se déplace montre qu'elle doute de sa victoire", renchérit même la
militante, faisant allusion au meeting commun organisé par Ségolène Royal avec le premier ministre vendredi. Les deux
principaux candidats, assure-t-elle encore, ne jouent pas à armes égales :
"Olivier Falorni, enseignant en lycée, ne veut pas
lâcher ses élèves en cette période d'examens. Certes, il a des relais, un comité
de soutien plus étoffé que Ségolène Royal, mais les
gens veulent voir le candidat en personne".
L'atmosphère, elle, est "crispée" dans les
sections. Un "clivage" ("50%-50% dans la section de La
Rochelle") est perceptible entre pro et anti-royalistes. Il y a surtout le
péché originel, très mal digéré, de la désignation. "Pour quelqu'un qui
s'engage pour la démocratie participative, s'affranchir du vote des militants
parce qu'elle pensait qu'elle ne serait pas élue est très mal passé", se
souvient la socialiste. Déçus, beaucoup de militants locaux ont tout simplement
renoncé à participer d'un côté ou de l'autre à la campagne législative.
Front anti-Ségolène chez les députés
PS
Si elle parvient à s'imposer, Ségolène
Royal devra ensuite convaincre les députés PS de voter pour elle. Ce
qui, une fois encore, est loin d'être gagné. D'abord parce qu'elle a des
concurrents sérieux : Jack Lang et Jean Glavany, veulent eux aussi s'assoir au
perchoir. En février, l'ancien ministre de l'Education, candidat dans la
2e circonscription des Vosges, avait dit vouloir "être l'un des
acteurs du renouveau du parlement". Et avait taclé implicitement sa rivale
: "attention, je ne me désigne pas prétendant de droit, comme ont pu le
faire certaines personnes. Je me soumettrai au vote bien évidemment".
L'élection du député des Vosges est toutefois peu probable : les députés
lui reprochent d'avoir voté la réforme constitutionnelle de 2008 adoptée grâce à
une seule voix.
Jean Glavany est un candidat plus sérieux que l'ancien
ministre de la Culture. Ancien vice-président de l'Assemblée, président d'une
commission d'enquête, le candidat des Hautes-Pyrénées possède de nombreux
soutiens au Palais Bourbon quand Ségolène Royal,
absente pendant cinq ans des rangs de l'Assemblée, souffre d'un déficit de
popularité au parlement. Fabiusiens, aubrystes ou jospinistes de l'Assemblée
fourbiraient déjà leurs armes contre elle. Mais Ségolène
Royal ne s'avoue pas facilement vaincue.
http://lci.tf1.fr/politique/elections-legislatives/legislatives-royal-joue-tres-gros-a-la-rochelle-7321948.html