lundi 30 mai 2011

La nouvelle com' de Sarkozy

Montrer sans dire". Le conseil est signé Jacques Séguéla, l’homme qui a inventé "la force tranquille" pour François Mitterrand, devenu depuis l’ami de Carla et Nicolas Sarkozy. Le Président et la première dame appliquent à la lettre cette stratégie de communication. Une com’ désormais sobre, minimaliste, réduite à quelques images, bien éloignée du style débridé et hyperbavard du début du quinquennat. En panne dans les sondages, le chef de l’État a choisi depuis quelques semaines de changer son fusil d’épaule pour reconquérir des Français saturés par la parole sarkozyste. Conséquence : il se tait ou presque. Sa femme parle pour lui.
Du G8 de Deauville, qui s’est achevé vendredi, il restera probablement l’image de Carla Bruni-Sarkozy montrant son ventre arrondi aux épouses des autres chefs d’État (à l’exception notable de Michelle Obama et Samantha Cameron, qui n’étaient pas en Normandie). Pas question, pour autant, pour Nicolas Sarkozy d’en dire un mot. Naguère, il se serait précipité sur l’occasion pour se réjouir de sa nouvelle paternité. Jeudi, aux journalistes qui lui demandaient "comment va votre épouse?", il a évacué en souriant : "Je viens de l’avoir au téléphone, elle va très bien". Et il a assuré qu’elle serait "sensible" à la question. Vendredi, c’est une journaliste italienne qui est gentiment éconduite : "Qu’est-ce que ce serait si vous vouliez parler de ma vie privée! Moi, je vous félicite d’être italienne". En privé, il affiche une jubilation toute contenue et une pudeur inhabituelle : "Même ce qui nous arrive avec Carla à titre privé, on n’en fait pas de commentaires". Cela n’empêche pas ses communicants de calculer la "belle séquence" du mois d’octobre avec la naissance de "bébé de l’Élysée".
L’affaire DSK aura servi de test pour cette nouvelle communication. Le Président a refusé de s’exprimer à chaud et a demandé à ses ministres "retenue et dignité". À Deauville, il a fait le service minimum : "Je m’en tiens à cette position de recul et, je l’espère, de hauteur de vue". Il est toutefois monté sur le ring de la politique pour déplorer les dérapages de ses contempteurs (Jean-François Kahn, Jack Lang, Bernard-Henri Lévy). "Il y a des choses qu’on a entendues, qu’on aurait préféré ne pas entendre. Des propos extrêmement choquants ont été tenus".

"Il faut de l’authenticité, pas du tralala"

Nicolas Sarkozy espère maintenant que cette nouvelle posture va lui profiter sur la durée. Que les Français oublieront les images calamiteuses du Fouquet’s, du yatch de Bolloré et qu’ils réviseront leur jugement. À vérifier dans les prochains sondages. En attendant, le chef de l’État se veut pragmatique et fait sa propre révolution. "La meilleure communication, c’est de ne pas en faire. Il faut de l’authenticité, pas du tralala. Il faut être minimaliste. C’est pour ça que je ferai pas d’interview avant un moment", confiait-il au JDD il y a quelques jours. "Le Président a fait comme l’architecte, il a modifié son propre comportement", analyse Xavier Musca, secrétaire général de l’Élysée.
À Deauville, Sarkozy a donc soigné son image de "Président calme et très serein". Il a même achevé son intervention vendredi en remerciant "la population de Deauville" d’avoir supporté les désagréments causés par l’organisation ultrasécuritaire du sommet. L’occasion de plaisanter sur les "meilleurs atours" de la Normandie et de sa météo –couverte et venteuse durant le G8– et l’évocation de la fascination des peintres impressionnistes pour ce ciel si changeant où "chaque minute est différente". Un spectacle climatique qui, selon lui, a ravi Angela Merkel au dîner de jeudi. "Si Angela est heureuse, cela veut dire que ce G8 était réussi…"
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