La salle est immense. Presque trop grande pour les quelque 3.000 militants rassemblés, samedi après-midi à la Halle Freyssinet dans le 13e arrondissement de Paris, pour l’investiture de François Hollande, moins d’une semaine après sa victoire à la primaire socialiste. Le moment est symbolique. Il clôt la campagne de la primaire. Après s’être affrontés, différenciés, parfois attaqués, les candidats veulent désormais apparaître réunis. Autour d’un seul homme.
Alors pour façonner au mieux cette unité, chaque détail compte. Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Jean-Michel Baylet arrivent ensemble sous les applaudissements des militants. Dans la foulée, François Hollande et Martine Aubry font leur entrée côté à côte sur les airs du compositeur Alex Beaupain, musique chère à la maire de Lille durant cette campagne. Un détail qui a son importance. L’auditoire s’emballe. Les jeunes socialistes sont debout sur leur chaise, drapeaux à la main.
Et personne n’a manqué l’appel au rassemblement, des poids lourds du PS -Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Jack Lang…- aux dirigeants du parti et proches de chaque ancien candidat -Harlem Désir, François Lamy, Pierre Moscovici, Claude Bartolone, Jean-Louis Bianco.. . Dans les premiers rangs, plusieurs personnalités de la société civile ont aussi fait le déplacement : l’actrice Julie Gayet, le réalisateur Jean-Michel Ribes, le rappeur Rost mais aussi et surtout l’auteur du livre à succès Indignez-Vous, Stéphane Hessel. Une caution morale et intellectuelle chère au Parti socialiste. A quelques mètres de lui, la journaliste Valérie Trierweiler, compagne du candidat, est aussi venue voir le show.
"Le changement que nous voulons a désormais un nom"
Un à un, les anciens prétendants à l’investiture socialiste montent à la tribune, se remercient les uns les autres. Un échange d’amabilité très cadré avec un seul but : afficher l’unité retrouvée. Tous réaffirment un soutien sans faille, même ceux qui étaient les plus critiques il y a quelques jours. "Je veux à nouveau saluer ta victoire François", lance Martine Aubry, fair-play. "Le changement que nous voulons a désormais un nom : François Hollande", poursuit son ancienne rivale.
A peine arrivée derrière le pupitre, Ségolène Royal se place derrière celui avec qui elle a partagé trente ans de sa vie : "François, tu es aujourd'hui notre candidat et si nous sommes là tous ensemble, c'est pour que demain tu sois notre président", lance la finaliste de 2007. "A nous tous ensemble de porter un rêve français à la mesure du temps présent", ambitionne aussi l’ancienne candidate, reprenant ainsi la formule désormais chère au candidat.
Celui qui avait créé la surprise au premier tour de la primaire ne semble pas non plus regretter son choix. Arnaud Montebourg promet ainsi d'être "pleinement et totalement engagé derrière François Hollande". "Nous sommes heureux de t'entourer". A son tour, Manuel Valls monte à la tribune. "François, dans cette immense tâche qui t'attend, tu ne seras pas seul", assure-t-il. Et ceux qui n’avaient pas choisi de soutenir Hollande dans la course à la primaire semblent s’être faits une raison : "C’est le signe d’un rassemblement réel, pas seulement dans les images mais aussi dans les esprits", veut croire Jean-Louis Bianco, fidèle soutien de Ségolène Royal. Elisabeth Guigou, qui soutenait ardemment Martine Aubry, assure être elle aussi convaincue. "C’était un discours remarquable avec un souffle extraordinaire. Il s’est mis à la hauteur de l’enjeu", assure au JDD.fr l’ancienne garde des Sceaux.
"Le sursaut est possible"
S’il est seul dans sa course à l’Elysée, François Hollande veut la jouer collectif. Alors chacun de ses anciens rivaux a droit à un mot. Jean-Michel Baylet parce que sans lui, la primaire "n’aurait été que socialiste alors que là elle est devenue citoyenne" ; Manuel Valls parce qu’il "représente - ça ne durera pas toujours - une nouvelle génération qui a soif d’action". Arnaud Montebourg parce qu’il l’a "enrichi durant cette campagne". Ségolène Royal parce qu’elle fut leur "candidate valeureuse" en 2007. Et enfin, Martine Aubry parce qu’il apprécie sa "force de conviction, sa loyauté et son soutien sans faille". François Hollande veut ainsi rassembler ses anciens rivaux qui semblent déjà rangés en ordre de bataille derrière lui.
En échange, le candidat de tous promet d’assumer son rôle. "Je mesure l'honneur qui m'est fait". Il ajoute : "Vous m'avez investi de la mission la plus belle qui soit pour un socialiste, la mission de faire gagner la gauche". Le candidate le promet : "Le sursaut est possible". Dans un discours d’une heure et dix minutes, il s’engage à trois reprises via le pacte éducatif, le pacte démocratique et le pacte productif. Trois pactes pour quatre promesses : la volonté, la vérité, la justice, l’espérance.
Et dans son combat, François Hollande a désormais pour seul et unique adversaire : Nicolas Sarkozy. "Impuissant à régler la crise, voilà que Nicolas Sarkozy s’en fait un argument pour justifier une nouvelle candidature. Voilà leur grande affaire. Voilà leur grande excuse. Voilà leur paradoxe", résume-t-il pour mieux discréditer la candidature du président sortant.
A la fin du discours, le candidat savoure son moment. Ses rivaux sont désormais face à lui, en train de l’applaudir à l’unisson. Un à un, il va les saluer. Il offre ensuite quelques poignées de mains depuis la scène à des militants qui lui lancent des "Bravo". Avant de filer derrière un grand rideau noir.
1 commentaire:
Hollande rêve...
mais ne fait pas rêver !
Bon lundi Francis
Bises, Annebis
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