mercredi 2 mai 2012

Marine Le Pen ne donne pas de consigne pour le second tour

En meeting à Paris, la présidente du FN a affirmé n'accorder «ni confiance ni mandat» aux deux candidats restants. Elle a annoncé vouloir voter blanc.

Elle a presque hurlé son choix. «Je voterai blanc dimanche et en juin bleu Marine» aux législatives, a tonné Marine Le Pen, mardi, place de l'Opéra, à Paris, devant 5 000 à 10 000 sympathisants réunis au terme du défilé du Front national pour la fête de Jeanne d'Arc. La candidate d'extrême droite, qui a obtenu 17,9 % au premier tour, soit 6 421 426 suffrages, n'a donné aucune consigne à ses électeurs pour le vote décisif de dimanche prochain.
«Chacun d'entre vous fera son choix en son âme et conscience, selon sa sensibilité, a argumenté la députée européenne sous les applaudissements. Ceci est votre liberté première de citoyen que j'exerce moi aussi. Je n'accorderai donc ni confiance ni mandat» à Nicolas Sarkozy et à François Hollande, a-t-elle insisté.
«Je sais que certains croient encore dans un semblant de patriotisme de droite et que certains croient encore dans un semblant d'égalité et de fraternité de gauche, a concédé l'élue d'Hénin-Beaumont. Je crois, moi, qu'il ne reste plus que l'illusion d'une certaine droite et l'illusion d'une certaine gauche. À titre personnel, je me détournerai de ces mirages.»

Au FN même, les avis sont très partagés

Marine Le Pen, qui s'exprimait en présence de Jean-Marie Le Pen, de Bruno Gollnisch et de ses lieutenants, a justifié sa position en indiquant que Nicolas Sarkozy refusait d'appeler à voter pour les candidats du FN au second tour des législatives dans l'hypothèse de duels les opposant à des candidats de gauche. Elle a également raillé «les assauts de tendresse» et «la danse du ventre» des candidats UMP et PS envers ses électeurs du premier tour. «Quel effet cela vous fait-il de passer du statut de fascistes xénophobes et racistes à celui de Français ayant de vraies préoccupations et à qui il faut parler?» a-t-elle jubilé.
Le refus de la députée européenne d'appeler à voter pour le président sortant ne fait pas l'unanimité dans sa famille de pensée. Plusieurs anciens cadres de son parti qui l'ont aujourd'hui quitté - Jacques Bompard, maire d'Orange (Vaucluse) et conseiller général, Bernard Antony, ancien député européen, Carl Lang, président du Parti de la France - ont appelé à «faire barrage à la gauche». Au FN même, les avis sont très partagés.
Aussi Marine Le Pen a-t-elle cherché à désarmer par avance toute critique. «Je ne suis sensible ni au chantage, ni aux menaces, a insisté la députée européenne. Personne ne me fera culpabiliser, personne ne nous fera culpabiliser.» À l'en croire, ses électeurs et elle-même n'auront «aucune responsabilité dans l'échec de l'un ou l'autre» des candidats encore en lice. Dimanche soir, le perdant sera «seul responsable» de sa défaite, a soutenu l'élue d'Hénin-Beaumont. On ne saurait plus clairement encourager les hésitants à s'abstenir au lieu de voter pour Nicolas Sarkozy.

En route pour les législatives

Marine Le Pen ne fait pas mystère de miser sur la défaite du président sortant. Elle lui a réservé, mardi, ses plus rudes attaques. Et l'élue d'Hénin-Beaumont a aussi lancé la campagne des législatives. «Face à une présidence sous domination européenne, sous tutelle des marchés, le seul espace de liberté qui existera encore, c'est le Parlement», a-t-elle affirmé. «Vous seul pouvez colorer le Parlement de bleu Marine et influencer réellement sur (sic) le cours des événements», a plaidé la présidente du FN.
Ses candidats se présenteront aux législatives sous l'étiquette «Rassemblement bleu Marine». La patronne de l'extrême droite veut croire qu'elle pourra, cette fois-ci, accéder à l'Assemblée nationale en dépit de l'obstacle que représente, pour son parti, le scrutin majoritaire à deux tours. Elle s'imagine déjà en député du Pas-de-Calais, faisant du bruit pour dix dans l'Hémicycle du Palais-Bourbon et entourée par les journalistes salle des Quatre-Colonnes, lieu de rencontre traditionnel des parlementaires et de la presse. Mais l'élection de Marine Le Pen et de ses proches à l'Assemblée est loin d'être acquise (nos éditions du 23 avril).
En attendant les législatives, la présidente du FN a jugé qu'«il n'y a plus d'élection présidentielle, elle s'est terminée ce 22 avril (…) nous assistons maintenant à un concours de recrutement, à un entretien d'embauche pour engager un directeur des opérations de la BCE sous tutelle du FMI».
http://elections.lefigaro.fr/presidentielle-2012/2012/05/01/01039-20120501ARTFIG00183-marine-le-pen-votera-blanc-au-deuxieme-tour.php

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