En pleurer, aussi, parce que ce duo-là, qui déborde de fureur, est en train de causer des dégâts sur la scène publique, à l'heure où le pouvoir cherche à afficher sa méthode, son sens de l'organisation, sa discipline.
Aurélie Filippetti et Jérôme Cahuzac ne sont pas deux membres du gouvernement qui débattent devant les micros, ce qui déplairait déjà. Leurs échanges claquent à chaque fois, si bien que l'on entend davantage le bruit qu'ils font que les arguments qu'ils mettent en avant.
L'été apaise les tensions... pendant un temps
Le 23 août, Jérôme Cahuzac a à peine fini de s'interroger sur l'opportunité de rétablir la publicité en soirée à France Télévisions que la Rue de Valois répond - réplique: "Rien n'est tranché!" Avant d'ajouter, pour que l'on comprenne bien où se prennent les décisions: "De multiples pistes sont étudiées entre Matignon et le ministère de la Culture sur ce dossier."Aurélie Filippetti est furieuse, elle considère que la sortie de son collègue affaiblit la France, rien que cela, au moment où elle défend à Bruxelles une taxe finançant le Centre national du cinéma (CNC) et montrée du doigt par la Commission européenne. Jérôme Cahuzac ne voit pas en quoi il aurait gaffé, puisqu'il n'a procédé à aucune annonce: "France Télévisions appartient au gouvernement, pas à Aurélie Filippetti."
Grâce à l'été, la guerre des ondes entre ces deux-là avait connu une vraie trêve. Aucune escarmouche depuis... le début de juillet. Cette fois, c'est Aurélie Filippetti - elle concède aujourd'hui "une petite erreur" - qui avait évoqué l'hypothèse d'une contribution imposée aux écrans d'ordinateur pour les foyers n'ayant pas de téléviseur.
La dispute se prolonge en Conseil des ministres
"Absolument pas", avait arbitré - rétorqué - Cahuzac: "Le gouvernement, en tout cas le ministre du Budget, n'est pas informé. Cette suggestion n'est pas reprise par le gouvernement." En privé, il dira, répétera, martèlera: "Le président de la République n'était pas au courant et il n'a pas apprécié. La ministre qui a dit ça a dû comprendre qu'il n'était pas d'accord. Un ministre qui parle d'une taxe sans aucun arbitrage... Je crois que le président n'a vraiment pas apprécié."Après les sujets qui brouillent (il y eut aussi des tensions sur la réduction des avantages fiscaux liés au mécénat d'entreprise, puis sur le CNC), le sujet qui fâche vraiment. L'argent. "Vous êtes instrumentalisée par vos services!" aurait lancé Cahuzac à la ministre de la Culture, en pleine négociation pour le budget 2013. La dispute se prolonge en Conseil des ministres, le 1er août.
D'après Le Canard enchaîné, après que Cahuzac s'est félicité de la bonne tenue des discussions budgétaires, Filippetti explose: "Ce n'est pas vrai, cela ne s'est pas bien passé." Quand, dans un geste d'humeur supplémentaire, elle lâche son téléphone sur la table, un ministre se tourne immédiatement vers le président, pour voir s'il a vu la scène. François Hollande demeure impassible. Sinon, à part les affaires de gros sous, une animosité personnelle et une incompatibilité de caractères, tout va pour le mieux entre les deux ministres.
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cahuzac-filippetti-petits-meurtres-entre-ministres_1155978.html
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