samedi 3 novembre 2012

Les donneurs de leçons du PS face à François Hollande

Sondage après sondage, le constat est le même pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault : sanctionné pour sa politique d'austérité, le couple exécutif subit un effondrement régulier de sa popularité. A tel point que François Hollande enregistre désormais le taux d'adhésion le plus faible d'un président sous la Ve République après moins de six mois de mandat, sur fond de cafouillages gouvernementaux à répétition et de flottements autour du thème de la compétitivité en plein ralentissement de la croissance. Jeudi, dans les colonnes du Monde, le chef de l'Etat a reconnu affronter un moment "très dur" dans l'exercice du pouvoir, affirmant qu'il n'y a plus aujourd'hui "aucune indulgence, aucun respect" sur son action.
Que faire pour remonter la pente ? Au sein du PS, les langues se délient. Ce vendredi matin, c'est le sénateur André Vallini, un proche du chef de l'Etat, qui a lancé la première salve dans un entretien publié par Le Figaro (lire : "Hollande doit "fixer à nouveau le cap", dit Vallini"). L'élu de l'Isère dit partager le constat d'autres ténors socialistes qui pointent un défaut de communication de l'exécutif : "on me le dit beaucoup sur le terrain. François Hollande doit à nouveau s'adresser aux Français pour leur expliquer comment il veut redresser la France". Lors de sa conférence de presse prévue mi-novembre, "j'attends qu'il fixe à nouveau le cap pour redresser le pays et explique le chemin qu'il veut emprunter pour y parvenir. Il doit rassurer les Français". Surtout, pour le responsable socialiste, fustiger l'héritage sarkozyste n'est pas la bonne stratégie : "il faut rappeler que l'héritage est là et qu'il a contribué à creuser les déficits. Mais cela ne peut plus suffire. Parce que les Français, maintenant, nous disent : et vous, vous faites quoi ?".
Que doit dire Hollande aux Français ?
Intervenant un peu plus tard sur RTL, François Rebsamen, président du groupe PS au Sénat, et lui aussi proche de François Hollande, a également appelé le gouvernement et le chef de l'Etat à mieux expliquer leur action. "Mon cri d'alarme, c'est de dire à mes amis socialistes, à tous les ministres : faites de la pédagogie", a lancé le sénateur-maire de Dijon. "Expliquez aux Français, a-t-il insisté, sinon ils ne comprennent pas pourquoi, comme ça, d'un seul coup, ils sont obligés de subir tous ces impôts, même si ces impôts frappent d'abord les plus privilégiés". Et d'ajouter à l'adresse de François Hollande : "Si j'avais une suggestion à faire, ça serait bien qu'il s'adresse directement aux Français pour leur dire pourquoi on leur demande ces efforts". Tout en soulignant qu'il n'a "pas de conseil à donner au président".
Ces appels à s'exprimer se font jour alors que le chef de l'Etat a prévu de tenir une conférence de presse mi-novembre, soit six mois après son entrée en fonction, comme il s'y était engagé. D'autres figures du PS appellent également François Hollande à s'adresser aux Français... mais avec parfois une idée plus arrêtée du contenu que devrait prendre cette intervention. Ainsi pour Marie-Noëlle Lienemann, "faire de la pédagogie" serait insuffisant. La sénatrice PS de Paris, intervenant vendredi matin sur Radio Classique et Public Sénat, a ainsi appelé l'exécutif à "se ressaisir". L'élue de Paris, une des principales voix de la gauche du PS (elle a représenté près de 30% au Congrès de Toulouse), a notamment souligné : "Les discours sur les 3% de déficit (en 2013) ne peuvent pas faire office de stratégie, visible pour nos concitoyens, de relance de la croissance, de lutte pour la ré-industrialisation. Il y a un manque de visibilité sur comment on va atteindre les objectifs de croissance et d'emploi".
Quant à Bernard Cazeneuve, ministre des Affaires européennes, invité de LCI vendredi matin dans "A l'épreuve des faits", il a surtout donné un conseil anti-couac à ses collègues du gouvernement : canaliser "les névroses narcissiques". Pour lui, "bien sûr qu'il y a eu des couacs, il serait malhonnête de le nier". Au rang des conseils à François Hollande, lui aussi a insisté sur le besoin de "pédagogie". Mais sur BFMTV-RMC, il a également assuré que l'exécutif était prêt à soutenir la tempête. "Il faut", a-t-il lancé, "que les Français sachent que nous sommes déterminés à redresser le pays et que nous le ferons en prenant des mesures courageuses, que nous sommes prêts d'ailleurs à affronter l'impopularité précisément parce que nous savons la difficulté du chemin du redressement".
 

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