lundi 24 mars 2014

Les ténors du PS mécontents de payer l'addition

C'était il y a six ans et Martine Aubry enregistrait un score flamboyant. Candidate pour un deuxième mandat à la mairie de Lille, la socialiste remportait au premier tour 46,02% des voix. Dimanche soir, les choses étaient bien plus complexes. Martine Aubry arrive certes en tête du premier tour, mais avec seulement 34% des voix. Pire, comme elle le redoutait, la socialiste devra affronter l'UMP (22,73%) et le FN (17,15%) au deuxième tour. Alors, son discours dimanche soir était en demi-teinte. "Je suis heureuse de ce résultat, mais malheureuse du score de l'extrême droite ", a-t-elle dit au micro de BFMTV. Puis c'est vers le gouvernement et son action que l'ancienne ministre a tourné son regard. "La crise est là depuis 2008 et on n'en sort pas très vite. Beaucoup de Français ne comprennent pas pourquoi la politique actuelle ne donne pas des résultats plus vite et je dirais que je les comprends." La critique est claire. A ses yeux, le gouvernement ne va pas assez vite.
Et elle n'est pas la seule au sein du PS à payer le prix de l'impopularité de l'exécutif. Dans sa ville de Dijon, où il brigue un troisième mandat, François Rebsamen n'a pas non plus de quoi triompher. Le sénateur-maire a recueilli dimanche 44,28% des voix  mais son score est loin de celui de 2008, où il avait raflé la mise dès le premier tour. Cette fois, il devra affronter l'UMP et le FN dans une triangulaire. Proche de François Hollande, il a dressé dimanche soir auprès de l'AFP, un sévère constat. "Au vu des résultats qui tombent, il est clair que les Français ont utilisé leur vote local pour adresser un sévère avertissement au gouvernement et à la politique qui est menée." Selon lui, les électeurs "ont exprimé par ce vote leur inquiétude et leur peur de l'avenir." Même scénario pour Gérard Collomb, qui l'avait emporté dès le premier tour en 2008 et se retrouve cette fois en ballotage avec une percée du FN dans sa ville.

"L'ahurissante allocution du Premier ministre"

Même à Paris, où Anne Hidalgo était donnée devant Nathalie Kosciusko-Morizet dans la très grande majorité des sondages, le score de la socialiste n'est finalement pas à la hauteur de ses ambitions. Sa rivale NKM l'a finalement devancée. Déception encore plus grande à Marseille, où le retard de Patrick Mennucci de vingt points sur Jean-Claude Gaudin ont douché tous les espoirs socialistes de conquérir la cité phocéenne. La ministre Marie-Arlette Carlotti a été écrasée par l'UMP dans un secteur clé de la ville. Autre surprise, le maire sortant de Quimper et conseiller de François Hollande, Bernard Poignant n'arrive qu'en deuxième position, derrière l'UMP. Les ministres candidats n'ont pas non plus réussi à remporter leur pari. Tête de liste à Boulogne-sur-Mer, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier, qui l'avait emporté en 2008 dès le premier tour, est cette fois en ballotage, comme Stéphane Le Foll au Mans.
Un constat sombre qui fait porter une lourde responsabilité à l'exécutif. Le député PS Jean Glavany n'a pas attendu 24 heures pour le dire. Selon lui, l'électorat de gauche s'est abstenu "parce qu'il est mécontent de la gauche qui gouverne et voulait lui mettre une taloche". Et l'ancien ministre de Lionel Jospin de dénoncer "l'ahurissante allocution du Premier ministre hier soir, commentant les résultats comme on commente les chiffres du chômage, parlant de 'doute' ou 'd'inquiétude' là où il y a colère, et incapable de tenir un discours mobilisateur, je l'avoue : je m'inquiète ...". Des critiques qui viennent les unes après les autres conforter l'hypothèse d'un remaniement au lendemain du second tour pour donner un nouveau souffle à la politique de François Hollande, désormais contestée au sein même de sa majorité.  
 

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