samedi 5 février 2011

A l'UMP, les coups pleuvent

A chaque réunion entre ses ténors, l'UMP se déchire un peu plus. D'abord entre des hommes forts du parti majoritaire et Jean-François Copé, à qui on reproche ses débats "anxiogènes", puis entre le même Copé et François Fillon. Mercredi, la tension est montée d'un cran.


A l'UMP, l'ambiance se détériore chaque jour un peu plus. En coulisses, les violentes dissensions, entre François Fillon et Jean-François Copé d'une part, et entre ce dernier et une bonne partie des cadres du parti majoritaire d'autre part, se font jour. Mercredi, au cours du bureau politique, elles se sont cristallisées sur les propositions du secrétaire général du parti (fin des 35 heures, hausse de la TVA, statut des fonctionnaires). Des débats lancés sans prendre en compte les élections cantonales du mois prochain, ont regretté quelques-uns. Christian Estrosi en premier, qui a reproché à Copé de "perturber" la campagne électorale. "Il ne faut pas lancer n'importe quel débat à n'importe quel moment. Surtout, il ne faut pas les lancer sans nous prévenir avant... On a quand même les élections cantonales dans un mois et demi", a lâché le député-maire de Nice, selon plusieurs sources citées par l'AFP.


"Attention à ce que les débats qu'on lance puissent être utiles dans le cadre de la campagne des cantonales", a imité Dominique Bussereau, qui va tenter fin mars de conserver son poste de président du conseil général de Charente-Maritime. "La TVA, les 35 heures... Il faut faire attention à ne pas avoir des propos anxiogènes", a-t-il poursuivi. Des mises en garde qui auraient provoqué d'une part l'"agacement" de Jean-François Copé et même une raillerie de Jean-Pierre Raffarin: "Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt", a glissé l'ancien Premier ministre. Le huis clos imposé Salle Colbert à l'Assemblée, lieu traditionnel de réunion de ce bureau politique, était donc bienvenu.


"Plat de lentilles"
"Ça fait partie de la vie politique", a résumé Hervé Mariton, joint par leJDD.fr. Présent à ce bureau politique, le député de la Drôme a dit ne pas faire partie des contestataires. "Je donne tout à fait raison à Jean-François Copé d'avoir posé ces questions. Une fois qu'elles sont posées, il faut avoir pour exigence de donner une réponse et une décision. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes au gouvernement et que nous pouvons adopter des mesures", a-t-il expliqué, rapportant ne pas avoir décelé d'"agacement" chez le patron de l'UMP.


Pourtant, selon d'autres sources citées par l'AFP, Jean-François Copé aurait tenté sèchement de mettre un terme au "débat sur les débats". "Si vous continuez à contester le lancement de débats, la sanction tombera d'en haut", sous-entendu de l'Elysée, aurait lancé Copé à l'adresse des deux frondeurs. Des menaces démenties au siège de l'UMP, indique l'AFP: "En quoi quelqu'un comme Estrosi pourrait-il être sanctionné pour ses reproches à Copé? Il a déjà été sanctionné en étant viré du gouvernement" en novembre. Les piques se transforment en hallebardes et trouvent même des échos publics dans la presse. Dans une interview parue jeudi dans Les Echos, Laurent Wauquiez, proche de l'ancien chef de l'UMP Xavier Bertrand, met en garde contre une "dérive ultra-libérale" dans les idées lancées par sa formation.


Les critiques de la "méthode Copé" à l'UMP sont, il faut le dire, nourries par le duel qui oppose le secrétaire général du parti et le Premier ministre. Entre les deux hommes, l'ambiance est verbalement violente. Ce week-end, lors d'une réunion de l'UMP, le patron de l'UMP aurait, selon des indiscrétions non démenties, accusé François Fillon de manquer de conviction et d'avoir "vendu 15 ans de gaullisme social pour un plat de lentilles" en se ralliant à Nicolas Sarkozy en 2005. Et le "plat de lentilles" ne fait que répondre à l'attribution, soi-disant par le Premier ministre, du surnom de "Rantanplan" -le chien pas très éclairé de Lucky Luke- à Christian Jacob, nouveau chef de file des députés UMP et très proche de Copé. Pourtant, le Premier ministre disait regretter la "brutalité" de Copé. "Très souvent, quand on reconstitue les choses ensemble, on finit par lever les malentendus. Et ça ne se passe pas si mal", disait-il. Entre-temps, les échanges de saillies peuvent faire des dégâts au sein de la majorité.


http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/tensions-entre-l-ump-Jean-Francois-Cope-et-Francois-Fillon-263617
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