jeudi 6 octobre 2011

Bayrou va-t-il percer à l'automne ?

"Entre la mise hors jeu de DSK et la défection de Borloo, Bayrou doit plus que jamais croire en sa bonne étoile vu le personnage", sourit un strauss-kahnien. Il est vrai que le patron du MoDem n'a pas attendu plus de 24h pour réagir dans un 20h à la décision de l'ancien ministre de l'Ecologie. Lundi soir, sur France 2, il affirmait que "tout ce qui va dans le sens de la clarté est une bonne nouvelle". Il précisait également que, pour sa part, il mettrait tout en oeuvre pour que "le rassemblement de tous ceux qui considèrent que le centre doit être indépendant" ait lieu.
Rassembler les centristes ? Pari pourtant impossible en France où l'émiettement et la division sont les maladies chroniques de cette famille politique. Et François Bayrou porte, comme d'autres, sa part de responsabilité dans cet éclatement des centres. Pendant la campagne de 2007 et ensuite, il s'est séparé de bon nombre de ses amis et soutiens qui ont refusé son divorce avec la droite et critiqué son positionnement très anti-sarkozyste. "Aujourd'hui les centristes ont des partis sans tête, et François Bayrou est une tête sans parti", analyse ainsi l'ancien député européen Jean-Louis Bourlanges qui connaît par cœur les coulisses de la famille centriste et qui a vu se décomposer lentement la vieille UDF de Valéry Giscard d'Estaing.
"Laissons-le faire son chemin"
En effet, en renonçant à entrer dans la bataille présidentielle,
Jean-Louis Borloo laisse le parti radical orphelin pour 2012. En ce qui concerne le Nouveau Centre, il reste la détermination de son président Hervé Morin, mais ce dernier compte très peu de soutiens au centre, et en off, nombreux sont ses amis ou ennemis qui ne parient pas un kopeck sur son succès dans la compétition à venir. « Laissons-le faire son chemin.. », déclarait mardi soir, avec un sourire, le ministre de la Ville Maurice Leroy su LCI.

Reste la détermination de François Bayrou. Celle-ci est intacte en ce début du mois d'octobre et rien ne pourra le faire renoncer à la bataille qui s'annonce. « Il a une carte à jouer, glisse un dirigeant de l'UMP. D'ici la candidature tardive de Sarkozy en février-mars, il peut occuper les estrades télévisées sur le créneau de la morale et de la dette. Et le fait de ne pas avoir d'entourages peut être une chance par les temps qui courent... » A sept mois de la présidentielle, le président du MoDem, avait renouvelé début septembre son appel à la construction d'une majorité nouvelle, se posant en garant d'une politique "propre" face aux affaires. "Lorsqu'on est en temps de guerre, on fait une majorité d'union pour que tout le pays porte la guerre, et c'est bien une guerre que nous avons à mener", avait expliqué le troisième homme de la présidentielle de 2007, qui juge que "jamais l'inquiétude" face à la crise "n'avait été aussi lourde et aussi fondée" dans le pays.

« Bayrou ? Il déteste la droite »

Pour François Bayrou, la majorité nouvelle devra réunir "tous ceux qui pensent que les problèmes ne viennent pas de l'extérieur". Pour reconstruire la France, le patron du MoDem se propose de fournir "un agenda 2020", à l'image de "l'agenda 201O" du chancelier social-démocrate allemand Gerhard Schröder qui avait présenté des réformes structurelles pour renouer avec la croissance. "Pour conduire ce mouvement de reconstruction de la politique, pas vertueuse, pas donneuse de leçon de morale, mais simplement honnête, simplement propre, (...), il faut mettre les camps et les clans à leur place, il faut un président de la République indépendant", avait-il conclu. Une critique à peine voilée de
Nicolas Sarkozy qu'il n'attaque plus nommément depuis un an mais seulement en périphrases.

Depuis des semaines, pendant la campagne de la primaire PS, François Hollande propose lui un « président normal », qui n'est pas très loin dans sa description du « président indépendant » de François Bayrou. Les deux hommes pourraient-ils faire affaires ensemble en 2012 ? "Bayrou se ralliera au second tour pour le candidat PS, parie un député centriste.
Vous le voyez faire autrement après avoir tant vilipendé Sarko ? Bayrou, il déteste la droite".
D'ici 2012, le patron du MoDem va tenter de rééditer son exploit de 2007. Parti à 7-8% en début de campagne, il finit à 18% au premier tour et créa la surprise. "La multiplication des affaires font les siennes. Il n'est pas certain que cela fasse seulement le jeu du Front national", analyse le député PS Jean-Christophe Cambadélis, qui fait remarquer que les socialistes seront quasiment absents des télés, d'ici Noël, en vertu des règles de temps de parole du CSA. "Ca va être les moments de Bayrou, Mélenchon et Marine Le Pen", dit-il. Si la fenêtre de tir du leader centriste n'est pas éternelle, le PS et l'UMP auraient tort de l'enterrer trop vite.
hebergeur image

1 commentaire:

Annebis a dit…

Ce qui est crispant
avec ce candidat
c'est qu'on ne l'entend
que lors des présidentielles...

Bon choix Francis ;)
Bises Annebis