Il a regardé celui qu’il appelle le "Président sortant" et Barack Obama sur l’écran d’un ordinateur portable dans un bureau du club house du stade de Brive, vendredi soir. François Hollande assume ce côté "drôle d’endroit pour une réponse". Le candidat socialiste ne veut pas jouer au président. "Chacun doit être à sa place, confie-t-il au JDD. Je n’allais pas inventer un contre-G20 ou participer à une contre-manifestation. Je ne vais pas demander à rencontrer Barack Obama. Je suis candidat, auteur et président du conseil général. La Foire du livre de Brive est une des manifestations les importantes de l’année en Corrèze. Je suis donc à ma place."
Le monde est en crise, la zone euro au bord du chaos et François Hollande est sur ses terres corréziennes, au conseil général, à un match de rugby et à cette Foire du livre de Brive-la-Gaillarde. Le candidat sait ce qu’il doit à cette terre qui a donné d’autres présidents à la France. Il ne veut pas brûler les étapes, de peur de se brûler les ailes. Sa seule présidence, c’est celle du conseil général, il la revendique : "Je fais le travail que les électeurs de Corrèze m’ont demandé, assume le candidat. Vendredi, je présidais une séance, je m’occupais des terres agricoles, des déplacements scolaires. Si je ne le faisais pas, les Corréziens seraient en droit de me demander de démissionner." Hollande fait le job que ses électeurs lui ont confié et il aime ça.
"J'espère vous dire bientôt 'Monsieur le Président'"
Samedi, il a passé des heures à dédicacer son livre, Le Rêve français, au stand de son éditeur, Privat. Et chaque lecteur repartait avec son petit mot personnalisé. "C’est leur feuille de route pour 2012", s’amuse le candidat, qui griffonne "À Émilie, une amie de l’Aveyron qui attend avec impatience le changement… en 2012" ou "Rendez-vous en 2012" ou "En attendant avec espoir 2012". Il sourit pour les photos et n’oublie jamais que chaque voix comptera en mai prochain. À Michèle, qui lui demande "la dédicace du futur président", il répond : "Vous êtes à la bonne adresse." À tous, Hollande lance : "Continuez le travail, ce qu’il faut c’est gagner, même d’un point."
Ici, il n’y a que des fans, convertis de la première ou de la dernière heure. Une brune, la cinquantaine tend son livre : "Vous m’avez parfois profondément agacé, mais là, je suis conquise. Je suis profondément amoureuse de ce qui se passe en ce moment, j’espère vous dire bientôt Monsieur le Président", il acquiesce.
Partout où il passe, Hollande pense à la présidentielle. Et même si la primaire est désormais derrière lui, il n’a rien oublié. Vendredi soir, les allées de la Foire du livre semblent bien étroites tant les auteurs comme les lecteurs veulent voir le "président normal". Et Hollande savoure ce bain de foule, posant pour tous les portables qui se tendent. Et vérifiant que les photos sont réussies. À une dame déçue, qui dit qu’"elle est floue", le candidat malicieux lance : "Refaites-la, il y en a qui disent que je suis flou, faites-la nette et dure."
Pierre Moscovici sera son directeur de campagne
François Hollande prend son temps, il n’a pas encore de locaux de campagne, peaufine sa future équipe et veut maîtriser cet entre-deux, avant de se lancer en janvier dans la présidentielle "C’est une période de transition, de préparation et de réactivité, il faut réfléchir et agir, préparer et parler, arbitrer." Il sait que la bataille face à Nicolas Sarkozy sera plus âpre que les sondages le laissent penser aujourd’hui. Il assume cette étrange période : "Je n’allais pas me lancer dans une campagne présidentielle avant l’heure. J’ai un projet à caler, des équipes à organiser, des solidarités à cimenter. Laurent Fabius m’a remis son rapport sur la première année. J’aurai encore à travailler. Je rencontre mercredi prochain des économistes pour prendre toute la mesure de ce que nous vivons. Je vois des philosophes, je voulais cette période."
Dans deux semaines au plus tard, François Hollande aura constitué son équipe présidentielle, l’armature ne sera pas très différente de celle de la primaire, mais elle sera plus large. "On précisera des fonctions, annonce-t-il. Et j’appellerai un préfet pour gérer les questions d’organisation, de déplacements, de sécurité. Ce sera un secrétaire général de campagne, à côté d’un directeur de campagne politique." Ce dernier devrait être Pierre Moscovici, comme dans la primaire. L’équipe Hollande sera plurielle, intégrant des proches de ses adversaires de la campagne interne. "Je veux que chacun et chacune trouve sa place. Après dix ans d’opposition et vingt-trois ans sans président de gauche, toutes les générations du PS veulent gagner." Vendredi, il célébrera le 11-Novembre et fera d’ici à Noël, quelques déplacements à l’étranger. "J’irai sûrement aux États-Unis puisque j’y suis invité. J’irai en Allemagne au congrès du SPD et à Bruxelles puisque le moment et le lieu le justifient." François Hollande ne peut se tenir trop loin de la crise économique.
1 commentaire:
Le rêve français ?
n'est-ce pas que celles et ceux qui lui mentent depuis une trentaine d'années aient la décence de s'en aller....?
Bon lundi Francis
Bises Anne
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