jeudi 10 novembre 2011

Que reste-t-il du Parti communiste?

Un parti sans candidat
La question revient avec plus d’acuité cette année puisque pour la première fois, le PCF part en campagne présidentielle… sans présenter de candidat communiste. Derrière l’étendard du Front de gauche,
le PCF s’est rangé sous la bannière de Jean-Luc Mélenchon. De quoi faire grincer les dents de nombreux militants qui craignent une dissolution du parti. Un moindre mal, estime Stéphane Courtois, historien du communisme et directeur de recherche au CNRS, puisqu’aucun cadre du parti n’aurait pu relever sérieusement le défi de la présidentielle. Pourtant, «à ce moment le plus crucial de la vie politique, le PCF confie son sort à Mélenchon qui, il y a encore trois ans représentait les pires ennemis des communistes: un ex-socialiste et un ancien trotskiste, alors qu'on sait que le rêve des trotskistes a toujours été de mettre la main sur le Parti communiste», relève l'historien.
Un parti exsangue financièrement
Si l’enjeu de la présidentielle est évidemment de récolter le plus de voix pour peser sur le scrutin, dépasser la barre des 5% est crucial car cela donne droit au remboursement des frais de campagne. Une bouée de sauvetage pour un parti empêtré dans d’importantes difficultés financières, qui a dû louer l’un de ses joyaux, le siège de sa fédération de Paris dans le 9e arrondissement en 2008 et qui loue un bonne partie de son imposant siège, place du Colonel Fabien dans le 19e arrondissement.

Un parti qui ne cesse de voir son audience s’effriter
Pour deux raisons, explique Stéphane Courtois. D’abord, parce que «sa base sociale, la classe ouvrière, s’est effondrée avec la désindustrialisation» et depuis 1991, et la chute de la CEI, le communisme a subi «un effondrement idéologique». Entre l’échec du modèle communiste et les révélations sur les «dérives criminelles», le communisme n’apparaît plus comme «un espoir», explique l’historien. Mais le mouvement avait déjà commencé après mai-68 et «l’avènement de la société de consommation». Pour l’historien, le parti vit «une longue agonie», en témoigne les derniers scores aux élections présidentielles (8,64% pour Robert Hue en 1995, 3,37% pour Robert Hue en 2002, 1,93% pour
Marie-George Buffet en 2007). Pire encore, l’électorat de base du PCF, la classe populaire et ouvrière, se tourne non pas vers un autre parti d’extrême gauche, mais vers le FN de Marine Le Pen. «Pas de doute, une partie de l’électorat ouvrier se tourne vers l’extrême droite», estime l’historien.
Une force militante et d’élus
Le parti de la place du Colonel Fabien compte beaucoup de militants proportionnellement à son poids politique. Quelque 135.000 personnes sont encartées au PCF, sensiblement autant qu’au PS, par exemple. Loin devant le
NPA qui, même à la meilleure époque en 2008, auréolé des 4% de Besancenot après 2007, a plafonné autour des 9.000 militants. C’est également un parti qui, malgré son effritement, conserve un important maillage territorial d’élus, héritage de ses années fastes. Il y a 10.000 élus communistes, dont presque un dixième de maires, treize députés et 19 sénateurs. Avec des bastions d’importance, dans le Val-de-Marne, en Seine-Saint-Denis ou dans le Nord. Autre basion du PCF, relève Stéphane Courtois, la CGT.
«Un communisme culturel» toujours vivace
«Dans l’enseignement, à l’université, dans les médias, il y a toujours une révérence positive à l’égard du communisme», explique l’historien.
On peut également y ajouter la Fête de l’Huma, qui attire toujours les foules. Autour de 600.000 personnes se pressent à la Courneuve chaque année. En deçà des chiffres des années 80, bien sûr, mais cela reste un rendez-vous couru. Pas forcément politique, tempère toutefois l’historien, pour qui les groupes de musique invités sont «dépolitisés», à la différence des années 80.
Un communisme moderne?
Et si, au lieu de voir la bouteille à moitié vide, il fallait la voir à moitié pleine? Et si Mélenchon donnait un second souffle à l’aventure communiste? Le président du Front de gauche a assuré à 20Minutes que son programme était «d’inspiration communiste». Se sent-il inspiré par un élément du communisme? «Je le réinvente», a expliqué à 20Minutes celui qui se décrit «comme une sorte de synthèse moderne des idées du communisme, du socialisme et de l’écologie politique». «Je suis tout ça à la fois», insiste-t-il. «On construit du nouveau avec de l’ancien, mais on va passer le relais à la génération suivante», promet-il encore.

http://www.20minutes.fr/presidentielle/820618-reste-t-il-parti-communiste

1 commentaire:

Anne a dit…

Quand on pense qu'à la fin de la dernière guerre il "pesait" plus de 25% ! A contribué à toutes les lois accordant des Droits aux citoyens.

Quelle tristesse tout de même...
Ils peuvent remercier leur fossoyeur Mitterrand !

Bonne journée Francis
Bises Anne