samedi 19 novembre 2011

Sarkozy ne laissera «pas brader» le nucléaire

L'occasion était parfaite. Célébrer les trois ans du Fonds stratégique d'investissement (FSI) devant le ban et l'arrière-ban du milieu financier et industriel, et en profiter pour dénoncer très solennellement les négociations entre le PS et les Verts, qui veulent réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité en France. Le FSI, créé en 2008 au cœur de la crise pour investir dans les entreprises à fort potentiel, a servi hier de tribune pour défendre l'atome, patrimoine national. «Vouloir abandonner cette énergie ou réduire autoritairement sa part, cela signifie des dommages considérables pour notre économie. Pour les industriels, cela voudrait dire payer leur énergie 40% plus cher. A-t-on si peu le souci du pouvoir d'achat de nos concitoyens qu'il faille pour des raisons idéologiques leur infliger une hausse des prix de l'électricité, alors que nous produisons aujourd'hui la moins chère d'Europe?» a demandé le chef de l'État. À François Hollande d'assumer le risque d'une augmentation des dépenses contraintes, dont la part augmentera mécaniquement dans le «panier de la ménagère» et réduira son pouvoir d'achat sur les autres dépenses. Nicolas Sarkozy a donc rappelé que réduire d'un tiers l'énergie nucléaire dans le «mix énergétique» aurait un coût de «plusieurs centaines de milliards d'euros».

«Un héritage industriel»


Après ce petit tour de chauffe, le chef de l'État s'est lancé dans une tirade que les socialistes apprécieront: «Je ne laisserai pas brader cet avantage, dilapider cet héritage industriel. Tous les chefs d'État français depuis 1958 ont maintenu cet effort, et jusqu'à aujourd'hui dans un consensus politique exemplaire et rare. Ces gens-là (le PS, NDLR) engagent l'avenir de nos enfants et de notre pays.» «Le nucléaire, ce n'est pas de la politique, ce n'est pas la gauche, ce n'est pas la droite, ce n'est pas l'opposition, ce n'est pas la majorité, c'est la France», a finalement conclu Sarkozy.

Le nucléaire s'invite donc dans le débat comme jamais auparavant dans une précampagne ou une campagne présidentielle. Même si l'effet Fukushima a rendu les Français plus partagés qu'avant sur ce dossier, Sarkozy est convaincu que le nucléaire reste une industrie consensuelle et que son avantage en termes de coût sera déterminant au moment du vote. Il prend donc date devant les électeurs de 2012.

Nicolas Sarkozy y voit bien sûr un vrai sujet d'embarras pour François Hollande, qui doit composer avec une partie du Parti socialiste très attachée au nucléaire. Il s'offre en fait le luxe de jouer sur les deux tableaux: mobiliser son camp, nettement plus pronucléaire que la gauche, tout en se présentant comme le garant de l'intérêt général, considérant que le nucléaire fédère bien au-delà de la droite. Même si un accord à l'arraché a été officialisé hier entre la rue de Solferino et les Verts, la difficulté de Hollande à manœuvrer ses partenaires est un avantage tactique dont Sarkozy veut tirer tout le parti. «En ce moment, Sarkozy est symphonique, et Hollande cacophonique», résume un cadre de l'UMP.

Poussant son avantage, Sarkozy en a profité hier pour lancer trois nouveaux fonds sectoriels sous la houlette du FSI, dont un en faveur de la filière nucléaire, afin de «mieux structurer le secteur et accompagner la montée en puissance des projets à l'exportation comme sur le territoire national». Avant de s'attarder quelque temps auprès des grands patrons du secteur industriel dans la salle des fêtes de l'Élysée.
http://www.lefigaro.fr/politique/2011/11/17/01002-20111117ARTFIG00708-sarkozy-ne-laissera-pas-brader-le-nucleaire.php

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