Ce sont des "oubliés" largement convoités. A trois mois de l’élection présidentielle, les prétendants à l’Elysée font du pied à un électorat aussi large qu’indistinct. Seul le vocabulaire varie. "Je serai la présidente des oubliés, des invisibles, dont on ne parle jamais", promettait Marine Le Pen à Metz le 11 décembre. Un titre également disputé par Jean-Luc Mélenchon, qui s’adressait dans la même ville le 18 janvier à "la France des invisibles" et "des maltraités". De même que François Bayrou, jeudi dernier à Dunkerque, voulait "parler au nom" des "petits, des obscurs, des sans-grades".
La majorité n’est pas en reste. Au cours d’une réunion thématique, l’UMP a présenté mardi des mesures pour "la France silencieuse". "Nous voulons parler à ceux qui travaillent, à ceux qui assument le quotidien de la vie de la France", expliquait dernièrement au Point Michèle Alliot-Marie, à l’origine de l’initiative.
Le Pen caracole en tête
Enfin, François Hollande multiplie de son côté les déplacements dans les régions à dominante industrielle, évoquant les "déshérités" et les "abandonnés". "On les appelle parfois les oubliés. Moi, je ne les oublierai pas", affirmait le candidat socialiste fin décembre à Mantes-la-Jolie. "Une grande partie de son discours au Bourget leur sera d’ailleurs consacré", annonce au JDD.fr François Kalfon, secrétaire nationale du PS chargé des études d’opinion.
Mais à qui s’adressent ces candidats, au juste? "Difficile de quantifier ces ‘invisibles’ par des critères objectifs", explique Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop. "C’est surtout une façon pour les candidats de mobiliser les électeurs pour la présidentielle car il y a de bonnes chances que l’abstention de 2002 [qui était de 28,4% au premier tour] soit battue". Ces personnes seraient donc surtout, selon le sondeur, des abstentionnistes en puissance.
"Les ouvriers et les employés sont les principaux concernés", juge de son côté François Kalfon, également auteur d’un Plaidoyer pour une gauche populaire. A travers ces qualificatifs, c’est donc vers ces personnes - qui représentent près de 30% de la population - que se tournent en priorité les candidats. Pourtant, le choix des ouvriers paraît déjà clair. Selon la dernière enquête Ifop pour Paris-Match parue vendredi, ils sont près de 38% à se prononcer en faveur de Marine Le Pen au premier tour.
Sarkozy n’attire plus
François Hollande est pour sa part crédité de 25% de leurs voix. Nicolas Sarkozy est loin derrière, bénéficiant – comme François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon – d’environ 10% des suffrages. Autre indicateur intéressant : 61% des ouvriers se disent déjà certains de leurs choix. "Il y a un vrai changement pour le président comparé à 2007", relève Frédéric Dabi. Le candidat de l’UMP avait alors bénéficié de 26% des voix des ouvriers au premier tour.
Les prétendants à l’Elysée chassent donc les "déçus" du sarkozysme. "Si le score de Le Pen n’est pas nouveau au sein de cet électorat, François Hollande peut également bénéficier de cette défection des ouvriers envers Nicolas Sarkozy", poursuit le sondeur. "Son image personnelle, en termes de proximité, peut lui être en plus favorable", ajoute-t-il.
Pour François Kalfon, le Parti socialiste a d’ailleurs fait des progrès pour renouer avec les classes populaires, chose qui lui a fait défaut à plusieurs reprises dans le passé. "Il faut leur répondre par des propositions concrètes, qui sont liées à leur vie quotidienne", explique le secrétaire national, citant notamment les prises de positions de son candidat sur le blocage des prix de l’essence ou l’encadrement des loyers. Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes pour détourner les "oubliés" de l’abstention. Ou du vote Le Pen.
1 commentaire:
Qu'ils cherchent les "invisibles""abandonnés" etc
n'est-ce pas lamentable et la preuve de leur incompétence
étant donné la situation du Peuple et la perte de voix du Pays ?
Bon lundi Francis
Biz Anne
Enregistrer un commentaire