L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard livre dimanche dans le JDD sa vision
de la crise. "Il y a le feu. Regardez où en sont les moteurs de la croissance.
La consommation est en panne à cause du chômage,
l'investissement aussi puisque les perspectives sont nulles, les exportations
sont en berne car l'Europe est en récession et la dépense publique
est contrainte par l'objectif de réduire les déficits."
Pour l'ancien chef du gouvernement (1988-1991), âgé de 82 ans,
"aussi longtemps que nous n'aurons pas fait accepter à nos partenaires
européens un ralentissement dans la réduction de la dette, nous serons sous
contrainte". "La première des urgences, c'est de faire baisser le chômage. Comme
nous n'avons pas de croissance économique, la seule façon d'y parvenir est de
réduire le temps de travail", assure-t-il. Reconnaissant que "ce sujet est un
tabou", il souhaite "que la réflexion s'ouvre à nouveau". "En France, les
salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33
heures en Allemagne et moins de 31 aux Etats-Unis. Il faut y parvenir par la
négociation, en réduisant les cotisations sociales des entreprises",
propose-t-il.
"Il faut une grande réforme fiscale"
"Je dis qu'il faut travailler plus tous collectivement pour
gagner plus collectivement. Ce qui permettra de réduire un peu la durée de
chacun. Si les partenaires sociaux s'en saisissent, Hollande n'ira pas contre",
assure Michel
Rocard, qui vient de publier avec l'économiste socialiste Pierre
Larrouturou un livre intitulé "La gauche n'a plus droit à l'erreur".
L'ex-Premier ministre estime que "la seule solution est
d'allonger la durée de cotisation, d'aller peut-être jusqu'à 43 annuités". Il
relève que la France est "le seul pays développé qui a fixé un âge de droit de
départ à la retraite". "La réforme Sarkozy, poursuit-il, a fait passer au
forcing les 62 ans ... C'est décoratif, cet âge n'est pas une limite physique,
ni intellectuelle". "Il faut dire la vérité aux Français, le vrai calcul se
fonde sur la durée de cotisations, pas sur un droit lié à un âge borné et
inutile", dit encore Michel Rocard pour qui "en conséquence on peut aller
jusqu'à 65 ans", prenant ainsi le contre-pied du gouvernement. Questionné sur la
taxe à 75% pour les plus riches, il fait valoir que la loi Tepa (juillet 2007)
de Nicolas Sarkozy était "une insulte pour les 75% de Français qui gagnent leur
vie modestement". "Or, poursuit-il, l'insulte appelle la revanche. Je regrette
que François Hollande en soit resté à la revanche". Il dit "espérer que le
gouvernement saisira l'occasion pour mener une grande réforme fiscale, avec un
impôt à la source harmonisé et plus progressif", qui permettrait d'appeler les
plus aisés à contribuer davantage, sans brutalité".
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