mercredi 30 mars 2011

Les écologistes veulent s'imposer aux socialistes

Cécile Duflot est remontée à bloc. Son mouvement, Europe Ecologie-Les Verts (EELV), a gagné le pari qu'elle s'était fixée pour le scrutin des cantonales: doubler le nombre d'élus écologistes dans les conseils généraux. "Nous sommes d'autant plus satisfaits que notre parti est le seul à avoir [proportionnellement] augmenté son nombre de voix entre les deux tours", s'exclame l'eurodéputé Yannick Jadot. Un sentiment partagé par Jean-Louis Roumégas, porte-parole du mouvement: "Il s'agit d'un troisième succès consécutif" après les européennes et les régionales. Cela démontre, selon lui, "la montée du vote écolo en France, comme partout dans le monde". Le message est clair: en 2012, il faudra compter avec Europe Ecologie-Les Verts.
"Cette élection était pourtant compliquée pour notre formation", note Yannick Jadot. La faible médiatisation du scrutin ou le poids des élus PS et UMP locaux qui ne laissent pas la place à de petites formations ont mis en difficulté les candidats Verts. Mais c'est surtout les dissensions au sein même de la gauche qui ont donné à la campagne un goût amer. Pour la première fois, il y a eu une trentaine de duels PS/EELV au second tour du scrutin. "Ces duels étaient prévus dans le cadre d'accords départementaux", assure Jean-Louis Roumégas en sa qualité de porte-parole.

Le rassemblement sous conditions

Le député François de Rugy est plus sévère. Dans son département, la Loire-Atlantique, les socialistes ont, selon lui, refusé toute alliance avec les écologistes. "Ils ont voulu gagner seuls. Résultat: le PS a perdu quatre conseillers généraux faute d'alliance", regrette le député pour qui le principal parti d'opposition a appliqué "une stratégie d'élimination" d'EELV. Pour Yannick Jadot, l'attitude de certains socialistes a même relevé de l'absurde: "Ils ont refusé toute alliance et quand ils ont vu que notre électorat pesait un certain poids, ils nous ont demandé un désistement républicain!" Selon l'eurodéputé, des départements comme la Sarthe ou la Charente-Maritime auraient pu basculer à gauche si le PS avait tenu compte de ses partenaires.
Que penser alors de l'appel de Martine Aubry à un "rassemblement de toute la gauche" dès le soir du premier tour des cantonales? La direction d'Europe Ecologie-Les Verts n'est pas dupe. L'union est nécessaire pour que la gauche puisse conquérir la présidence de la République. Mais sous conditions. "Il faut se rassembler face à la droite mais sans priver la gauche de sa diversité", résume Jean-Louis Roumégas. Les anciens Verts disent avoir tiré les leçons de la Gauche plurielle, de l'époque à laquelle Dominique Voynet devait batailler contre des membres de son propre gouvernement. Le porte-parole d'EELV est d'ailleurs plutôt optimiste dans l'optique des négociations: "Martine Aubry est par exemple sortie du dogme socialiste pro-nucléaire, montrant qu'un réel débat était possible sur la question de l'énergie."

"L'idée d'unité de la gauche, ça ne répond pas aux problèmes des Français"

Une alliance de la gauche dès le 1er tour de la présidentielle ne semble toutefois ni envisagée, ni même envisageable. "Martine Aubry a imposé des primaires internes au PS et auxquelles toute la gauche ne pourra pas participer. Dans cette configuration, ce serait difficile de ne pas être présent au premier tour de la présidentielle", assure Jean-Louis Roumégas. Yannick Jadot est encore plus tranché sur la question: "L'idée d'unité de la gauche, ça fait plaisir aux militants et ça nous rassure en termes arithmétiques, éloignant la perspective d'un nouveau 21 avril 2002. Mais ça ne répond pas aux problèmes des Français." Et de détailler toutes les dissensions qui opposent le PS et EELV. Nucléaire, fiscalité, politique d'infrastructures et transports... "Les négociations doivent se faire au soir du 1er tour de la présidentielle", espère Yannick Jadot avant d'ajouter: "Si nous faisons un score de 1,2%, nous nous écraserons. Mais si nous dépassons les 6-7%, il en sera tout autrement."
Là encore, l'élu européen reprend une des leçons tirées par les Verts au lendemain de la Gauche plurielle. Ne pas se perdre dans le "rassemblement", conserver la "diversité" de la gauche. L'état actuel de l'UMP ne peut que leur donner raison. Pour Yann Wehrling, ancien Vert devenu porte-parole du Modem, c'est le signe que "les Verts souffrent de leur alliance historique avec le PS". Mais l'ancrage à gauche du mouvement écologiste n'est pas remis en cause pour autant. EELV, qui doit décider les dates de sa primaire le week-end prochain, est bien décidé à peser en 2012. "La balle est dans le camp des socialistes", conclut Jean-Louis Roumégas.
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