DSK : demain la France tourne la page

Le feuilleton DSK reprend demain au tribunal de Manhattan. Reclus dans sa prison dorée, l’ancien Président du FMI lutte contre l’ennui en préparant avec ses avocats et sa famille la défense contre les accusations d’agression sexuelle et de viol sur Nafissatu D. femme de chambre du Sofitel Times. Le procès promet des batailles sans pitié d’avocats, des enquêtes et des expertises à rebondissements, des larmes et de la passion. À l’Américaine. Américaine, l’affaire Strauss-Kahn le devient de plus en plus.

Fini le complot

«Trois semaines après le «coup de tonnerre, la France avance dans l’après-DSK » indique Frédéric Dabi analyste à l’Ifop. Premier signe : la thèse du complot était accréditée par 57% des Français trois jours après l’arrestation dans un sondage CSA-BFM-TV.
Le pourcentage a baissé de 15 points à quelques heures du procès La sidération fait place à la séparation des événements. De ce côté de l’Atlantique la politique. De l’autre, l’affaire de mœurs.
Cet après-DSK ne ressemble pas à l’avant.

Le déballage

Paradoxalement, la page se tourne mais ouvre un chapitre qui pourrait s’intituler « politique, argent et sexe ». Un sujet propice à tous les abus, les abus de pouvoir comme les dérives. Deux affaires politico-sexuelle sont déjà en cours d’instruction impliquant deux ex ministres (lire ci contre).
« Une digue a sans doute sauté en France depuis ce choc inédit dans la vie politique. Une omerta est en train d’être levée au sein du personnel politique féminin dont la parole s’est libérée pour dénoncer certaines attitudes », explique Stéphane Rozès de l’institut CAP. Membres de la majorité ou de l’opposition, plusieurs femmes politiques ont ainsi révélé ces derniers jours les blagues salaces et remarques déplacées dont elles ont pu être les cibles au cours de leur carrière. La ministre des Sports, Chantal Jouanno, raconte qu’elle s’habille en pantalon plutôt qu’en jupe lorsqu’elle s’adresse à un auditoire masculin. Mais les femmes politiques ne se joignent pas au chœur des féministes défilant avec des pancartes « Nous sommes toutes des femmes de chambre ». La prudence reste de mise à l’Assemblée où, perfide, un vice président note: «Certaines ont su jouer de la promotion canapé pour une investiture ».

Exigence morale

Le député socialiste André Vallini redoute une « dérive à l’Anglaise et une chasse aux sorcières au nom de la transparence ». Stéphane Rozès n’y croit pas : «Les Français restent attachés, contrairement aux anglo-saxons protestants, au clivage entre vies privée et publique. Les sondages ne montrent pas une soif de déballage, au contraire ». En revanche, l’affaire DSK réintroduit la notion de morale dans la vie politique : « Il va sans doute y avoir chez les Français, notamment dans l’optique de 2012, un regard plus exigeant sur les façons d’être et de faire des politiques » estime Stéphane Rozès. Les candidats devront se tenir. En public comme en privé. C’est l’aspect positif du séisme DSK : pour convaincre, les politiques vont devoir revenir à du sérieux. Les idées, les programmes, la vision du pays demain.
http://www.leprogres.fr/france-monde/2011/06/05/dsk-demain-la-france-tourne-la-page