Un "appétit" pour les médias
Forcément, l'invitation faite à la représentante de l'extrême droite française a fait grincer des dents. Avant l'émission annulée du 19 mai, le syndicat CGT de France Télévisions avait appelé à un mouvement de grève - en mars dernier, des associations juives avaient, elles, contraint Radio J à déprogrammer la patronne du FN de son antenne. Un mois plus tard, le climat semble toutefois plus apaisé. Interrogé par Paris Normandie cette semaine, David Pujadas s'est même chargé de justifier l'exposition médiatique offerte à son invitée à une heure de grande écoute. Elle "a fait un 20 Heures depuis qu’elle est présidente du Front National", reconnait le journaliste, ajoutant que sa place sur la chaîne est "beaucoup plus faible" que celle accordée aux deux têtes de l'exécutif ou aux cadres du PS.Du côté du FN, on s'indigne évidemment de cet état des lieux, même si, mezzo voce, on reconnait une meilleure exposition de Marine Le Pen dans les médias depuis le début de l'année. "Il est vrai que le Front national entretient aujourd'hui une relation tout à fait professionnelle et ouverte avec les journalistes, Marine Le Pen ayant elle-même un appétit certain pour les médias", décrypte le politologue Jean-Yves Camus, interrogé par leJDD.fr.
Bientôt sur TF1?
Un "appétit" pas toujours rassasié pour celle qui a tenu à recevoir la presse internationale au siège de son parti courant avril et qui, dernièrement, a déploré n'avoir jamais été invitée au 20 Heures de TF1. Un "mal" qui pourrait toutefois être vite réparé. Selon nos informations, les deux parties finalisent actuellement son intervention à Parole directe, la nouvelle émission politique de la Une. La chaîne devrait annoncer prochainement la date du passage de la présidente du FN sur le plateau de Laurence Ferrari. Contacté par leJDD.fr, Alain Vizier, grand ordonnateur des passages médiatiques de Marine Le Pen, ne confirme rien, se bornant à souligner des "disparités" entre médias au sujet de sa patronne."Pourtant, ajoute-t-il dans un sourire, les chaînes ont toutes les raisons d'être satisfaites de l'inviter." Comprendre que les passages télé de Marine Le Pen sont, effectivement, souvent synonymes de carton d'audience. Voire de record, comme ce fut le cas le 22 mars dernier, lors de son passage tumultueux sur le plateau du Grand journal de Canal+. "Posture anti-système", "nouveauté, à ce niveau, dans le paysage politique français" ou encore "attitude tout à fait différente du reste de la classe politique" sont autant de critères qui, selon Jean-Yves Camus, "attisent la curiosité du téléspectateur". Toutefois, relève le spécialiste du FN, "Jean-Marie Le Pen était déjà le champion de l'audimat". Tel père, telle fille? Pas tout à fait. Bien plus que son géniteur, Marine Le Pen est en effet animée par la "volonté farouche de normaliser l'image de son parti" dans les médias, enchaîne-t-il. Quitte à employer la manière forte.
Tenir la distance
France 2 en avait notamment fait les frais le mois dernier, lorsque la chef frontiste avait refusé de participer au magazine Complément d'enquête consacré au mouvement qu'elle dirige en raison d'un reportage jugé "caricatural". Une plainte devant le CSA avait même été déposée. "Elle a un côté procédurier que n'avait pas son père", enchérit Jean-Yves Camus. Une posture qui, de son point de vue, "pourrait se révéler contre-productive pour elle, dans le sens où cela pourrait laisser entendre qu'il y a quelque chose à cacher au FN".Toutefois, le principal danger pour Marine Le Pen dans ses relations avec les médias se situe ailleurs. Alors que l'on ne connaîtra le postulant socialiste à la présidentielle en qu’en octobre prochain et que Nicolas Sarkozy n'a pas prévu de se déclarer officiellement candidat à sa propre réélection avant la fin de l'année, la chef du FN est, elle, en campagne depuis qu'elle a pris la direction du parti, à la mi-janvier. "Elle se situe dans une séquence politique et médiatique tout à fait particulière dans laquelle Il lui faudra durer", analyse Jean-Yves Camus. Partie de loin, Marine Le Pen prend effectivement le risque de "lasser" le téléspectateur et, par voie de conséquence, l'électeur. Autrement dit, d'ici le printemps prochain, "son pari sera, à chaque passage médiatique, de trouver des choses nouvelles et pertinentes à dire afin de transformer son audience en votes", explique le politologue.
http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Marine-Le-Pen-invitee-de-Des-Paroles-et-des-Actes-sur-France-2-jeudi-soir-334507?from=cover

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