mercredi 10 août 2011

"Règle d'or": c'est toujours non pour Montebourg, Royal "prête à discuter"

La crise de la dette fait resurgir la polémique sur la "règle d'or" budgétaire. En juillet, Nicolas Sarkozy avait invité tous les parlementaires à s'unir pour remettre en ordre les finances publiques françaises. Et face au risque d'un nouveau krach boursier, Valérie Pécresse a tenté mardi de rassurer les marchés en affirmant que la France ne "déviera pas d'un iota de sa trajectoire de redressement des finances publiques". La porte-parole du gouvernement a également appelé "l'ensemble de la classe politique française" à concourir à cet objectif et "donc à voter la règle d'or" d'un retour à l'équilibre budgétaire.
Un nouvel appel encore rejeté par certains leaders du PS. "Approuver la règle d'or, c'est la victoire des marchés et la fin de la politique : les peuples perdent la liberté de faire autre chose que ce que les marchés ont décidé", a jugé le député de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste. Il s'est dit au contraire favorable à "la mise sous tutelle du système financier avant que celui-ci ne nous mette sous tutelle lui-même", ce qui passerait par "une loi de riposte pour soumettre les marchés à la volonté politique des européens". Cette loi consisterait en trois mesures : "le démantèlement des agences de notation en prohibant leur activité lucrative"; "l'interdiction juridique de la spéculation avec l'argent d'autrui", et enfin la "mutualisation de la dette européenne et le financement de cette dette par les marchés eux-même".

Valls veut en discuter, Royal aussi mais sous conditions

Ségolène Royal, autre candidate à la primaire socialiste, a aussi réitéré mardi son opposition à la règle d'or, à ses yeux un "gadget de plus" de Nicolas Sarkozy, qui ne va pas "régler quoi que ce soit" à la crise. "Elle est même dangereuse: elle pourrait faire croire que le débat est réglé parce qu'il serait inscrit dans la Constitution. La règle d'or est une réponse politicienne", a-t-elle poursuivi. La présidente de Poitou-Charentes s'est pourtant dite "prête à discuter" mais à plusieurs conditions. "Si Nicolas Sarkozy accepte les propositions qui consistent à écrire également dans la règle d'or la lutte contre les inégalités fiscales, la contribution à égalité des revenus du capital et des revenus du travail aux dépenses, la justice fiscale, alors oui, on est prêt", a-t-elle détaillé. Un de ses rivaux à la primaire, Manuel Valls, estime que le chef de l'Etat devrait "discuter avec les dirigeants de l'opposition".

Martine Aubry ne s'est pas exprimée directement ce mardi. "Si on tient ses engagements en matière de désendettement, il n'y a pas besoin d'inscrire une 'règle d'or' dans la Constitution. Il vaut mieux faire, que dire" a néanmoins souligné son porte-parole, Olivier Dussopt.

L'ancien Premier ministre socialiste
Laurent Fabius a lui demandé mardi au gouvernement d'être "sérieux" "dès aujourd'hui et non pas pour après-demain". "La vraie règle d'or, c'est de tenir ses engagements", a-t-il affirmé sur France Inter, alors que la mesure souhaitée par la majorité est un "piège politicien que tend le président sortant". "Il est grossier mais il n'y a pas de raison de tomber dedans", a-t-il affirmé. Nicolas Sarkozy est "lui-même un pompier pyromane parce qu'à chaque fois qu'il est aux responsabilités financières, les dettes de la France augmentent massivement", a-t-il accusé. Alors qu'il "présente un budget en déficit massif" et ne "veut pas revenir sur un certain nombre de mesures fiscales absurdes", le chef de l'Etat "nous dit mais pour le futur il faudrait qu'il y ait une règle or", a observé le député de Seine-Maritime. Pour lui, "il faut que dès à présent le gouvernement prenne des dispositions qui permettent de mieux équilibrer les choses".

Le projet de loi instituant la "règle d'or" a été adopté par l'Assemblée et le Sénat avec les seules voix de la majorité. Sans le PS, le gouvernement ne pourra pas réunir la majorité des 3/5e requise au Congrès pour faire inscrire cette réforme dans la Constitution.

Aucun commentaire: