vendredi 28 octobre 2011

L'ambitieux Montebourg

Loin de la rue de Solferino, Arnaud Montebourg s’émancipe, un peu. Celui qui a créé la surprise au premier tour de la primaire compte désormais lancer sa propre formation, hors du PS. "Je vais construire un mouvement politique à partir du mouvement ‘Des idées et des rêves’", annonce-t-il mardi dans une interview au Journal de Saône-et-Loire, en référence à son livre-programme publié en novembre 2010. "Ce n’est pas une démarche d’hostilité vis-à-vis du PS", tempère Aquilino Morelle, son bras droit, joint par leJDD.fr. "Il s’agit de continuer à mener la bataille des idées. Il y a beaucoup de gens passionnés de politique qui ont un problème culturel avec le principe de l’adhésion à un parti", explique-t-il. "Notre formation s’adresse aussi aux électeurs de gauche qui appartiennent à d’autres partis que le PS mais qui ont envie de travailler avec Arnaud Montebourg".
Et les ambitions de l’ancien candidat ne s’arrêtent pas là. En plus de ce mouvement, le député de Saône-et-Loire a "décidé de bâtir un ‘think tank’ qui organisera la discussion avec les intellectuels" lui ayant apporté leur soutien, comme Emmanuel Todd ou Michel Onfray. Une sorte d’instrument supplémentaire pour donner force et crédibilité à sa formation.

"La rigidité" de Martine Aubry

Pour mieux rassembler autour de sa personne, Arnaud Montebourg se la joue aussi pédagogue. Le défenseur de la démondialisation veut ainsi proposer "des sessions pour les militants socialistes et ceux des autres partis de gauche de la ‘Nouvelle France’, où ils viendront se former aux idées de demain pour ensuite porter ces propositions dans la société, au sein de leur association, de leur parti, etc.". Sans surprise, c’est dans son fief de Saône-et-Loire qu’il installera cette école. Avec quel financement ? "Je n’en sais rien, il faut qu’on trouve…", répond sans détour Aquilino Morelle, avant de balayer : "Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à donner un peu d’argent. Ce n’est pas le problème".
Un mouvement, un think tank, une école… Arnaud Montebourg trace sa route loin de ses camarades socialistes. Et surtout loin de Martine Aubry, envers qui il se montre de plus en plus critique. Surtout quand il raconte ses échanges avec la maire de Lille lors de l’entre-deux tours de la primaire. "Elle faisait savoir qu’elle s’intéressait à mes électeurs mais ne souhaitait pas faire évoluer ses positions. Elle a fait preuve d’une rigidité qui n’a pas arrangé notre rencontre du jeudi matin", relate-t-il. A la question de savoir si l’un des deux finalistes lui avait alors proposé un poste ministériel, il répond : "François Hollande n’a pas eu cette indélicatesse et moi non plus. L’histoire retiendra que celle qui m’a fait connaître ce genre de proposition est Martine Aubry. Mais cela ne m’a pas intéressé". "Ça a été une discussion de récrimination. Ils n’ont pas discuté de politique mais de personne", confirme Aquilino Morelle. Une déclaration qui en dit long sur l’état des relations entre Arnaud Montebourg et la patronne du parti.

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