mercredi 30 novembre 2011

PS : six circonscriptions sous haute tension

Rendez-vous le 10 décembre. Ce samedi-là, le PS validera, lors de sa convention d'investiture, les candidatures pour les législatives de juin 2012. Non sans pousser un ouf de soulagement, car les derniers réglages se font dans la douleur. L'accord PS-EELV comporte un volet électoral très généreux pour les écolos. Les Verts présenteront des candidats au nom de la gauche dans 60 circonscriptions. Parmi elles, on estime qu'ils devraient en gagner 30 en cas de victoire de la gauche, 15 en cas de défaite. Bilan, de nombreux socialistes sont priés de s'effacer. Un cadre PS résume la situation : "Il y a un accord, mais des désaccords locaux profonds."

Les maires de Paris et Lyon Bertrand Delanoë et Gérard Collomb ont largement médiatisé leur colère face à l'arrivée dans leurs villes de candidats écolos. Dans de nombreuses circonscriptions plane le risque d'une candidature dissidente du socialiste local contre l'écolo parachuté. Et puis, en coulisse et carte à l'appui, les amis de Hollande accusent ceux de Martine Aubry, qui ont géré les négociations, d'avoir sacrifié les circonscriptions des "hollandais" dans l'accord.

Un proche du candidat affirme ainsi que "Aubry a fait en sorte que ce ne soient pas les siens qui aient à payer l'accord avec les Verts" : "En fait, elle a voulu protéger les siens plus qu'elle n'a voulu sacrifier les hollandais un à un", tente-t-il de relativiser. Mais les Verts ne sont pas le seul sujet de discorde. Le PS a promis de réserver des circonscriptions aux femmes, aux jeunes, aux représentants de la diversité. Et se doit de ne pas froisser certains ego. Bref, un vrai casse-tête qui sera à l'ordre du jour du bureau national du parti mardi soir.

Revue de détail - non exhaustive ! - des circonscriptions explosives.

6e circonscription de Paris - La médiatique bataille de Paris


Les flashs et l'attention se sont focalisés la semaine dernière sur la 6e circonscription de Paris. Parce que l'accord PS-EELV offre, au sens propre du terme tant la gauche y est majoritaire, cette circonscription à la patronne des Verts Cécile Duflot. Parce que c'est une ex-strauss-kahnienne passée chez François Hollande, Danièle Hoffman-Rispal, qui doit céder la place. Parce que cette dernière n'a pas du tout l'intention de se laisser faire : elle a déjà annoncé dans une tribune publiée sur rue89.com qu'elle serait candidate dissidente. Parce que l'affaire a provoqué la colère de Bertrand Delanoë, qui ne veut pas du "parachutage" de Duflot dans sa ville. Tout comme elle a provoqué la colère de son adjointe et successeur désignée Anne Hidalgo. Parce que ces deux-là étaient très proches de Martine Aubry, qu'ils accusent d'avoir favorisé sa "copine" Cécile Duflot. Parce que derrière ce pataquès, c'est Paris 2014 qui se joue.

1ère circonscription de Lyon - Collomb en ébullition


Gérard Collomb, volcanique maire de Lyon qui ne recule devant aucune colère, est furieux contre le parachutage dans la 1ère circonscription de sa ville du vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes Philippe Meirieu, adhérent d'EELV. Et il le fait savoir haut et fort dès le 15 novembre, jour du bureau national du PS qui entérine l'accord avec EELV. C'est que Collomb avait un candidat pour cette circonscription, et il compte bien le défendre, même s'il est dissident : Thierry Braillard, son adjoint aux Sports à la mairie. Gérard Collomb est d'autant plus fâché qu'il avait eu la garantie par François Hollande que Thierry Braillard serait le candidat PS. Pourtant les deux hommes se sont retrouvés au Forum Libé de Lyon ce week-end. Le maire de la ville n'a en revanche jamais eu de bonnes relations avec Martine Aubry, et l'épisode ne devrait pas favoriser le rapprochement.

11e circonscription de Seine-et-Marne - La discrète révolte du chargé de mission de Hollande


Les Verts n'avaient pas que Cécile Duflot et Philippe Meirieu à placer à tout prix, ils avaient Jean-Marc Brulé, élu régional d'Ile-de-France. Ce dernier voulait se lancer dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne, mais elle était attribuée à Olivier Faure, secrétaire général du PS à l'Assemblée nationale et proche de François Hollande. Mais le jour du fameux BN du 15 novembre, Duflot et son bras droit Jean-Vincent Placé tentent le tout pour le tout. Ils assurent à Martine Aubry que les voix des amis de Brulé sont indispensables pour que le conseil fédéral des Verts valide l'accord PS-EELV. Aubry se tourne donc vers François Hollande pour lui faire part du problème.
Elle lui suggère de laisser à Brulé la 11e circonscription et promet d'en trouver une autre à Olivier Faure avant la fin de la semaine. "Jusqu'à 16 heures, le mardi 15, j'étais le candidat, et à la sortie du bureau national, je ne l'étais plus", constate Faure entre surprise et dépit. Quoi qu'il en soit, il ne compte pas quitter la Seine-et-Marne. Ni lui ni ses proches n'excluent la possibilité d'une candidature en dissidence contre le candidat écolo. Une de plus.

9e circonscription des Français de l'étranger - On refait le match


D'un côté, Faouzi Lamdaoui, chef de cabinet de François Hollande. De l'autre, Pouria Amirshahi, membre de la direction du PS, proche du porte-parole Benoît Hamon et soutien de Martine Aubry. Deux hommes pour une circonscription : la 9e des Français de l'étranger, qui compte seize pays d'Afrique. Que l'on écoute l'un ou l'autre, ils jurent tous les deux avec la même conviction que l'investiture ne peut leur échapper, l'un arguant de la légitimité du camp du vainqueur de la primaire, l'autre de la légitimité du terrain.

Pouria Amirshahi est en effet depuis 2008 secrétaire national du parti à la coopération : "Cela fait trois ans que je bosse avec eux là-bas ! Je suis allé en Tunisie suivre la révolution, au Maroc, au Sénégal, pour le Forum social de Dakar", souligne-t-il. Ses soutiens à la direction du PS pensent en outre que le match est biaisé, car Lamdaoui lorgnerait plutôt sur une circonscription en métropole. "Vous imaginez le chef de cabinet de François Hollande faire campagne à 2 000 kilomètres de Paris dans seize pays différents ?", dit-on dans les couloirs de Solférino.

Côté Hollande, on met en avant le fait que l'on réclame un vote des sections, ce que refusent les soutiens d'Amirshahi. "Pourquoi ? C'est absurde !" L'affaire pourrait être tranchée par un vote du BN.

6e circonscription de Seine-Saint-Denis - Élisabeth Guigou, au nom d'une femme


C'était sans doute l'objectif de la droite en redécoupant la Seine-Saint-Denis dans le cadre de la réforme de la carte électorale : mettre le PS dans l'embarras. C'est gagné sur toute la ligne. En faisant passer de 13 à 12 circonscriptions le département, trois députés sortants doivent s'adapter : Claude Bartolone, Daniel Goldberg et Élisabeth Guigou. Claude Bartolone, président du département, a choisi sa circonscription, la nouvelle 9e. Restent les nouvelles 6e et 10e circonscriptions, la 6e étant plus favorable à la gauche. Goldberg et Guigou se la disputent donc, chacun arguant être plus chez lui que l'autre.

Sauf que Élisabeth Guigou est ancienne garde des Sceaux, amie de Bertrand Delanoë, membre de la direction du PS. Quelle que soit la raison qui a pesé le plus, le PS a décidé de geler la 6e circonscription pour une femme. Guigou donc. Goldberg est furieux. Dénonce-t-il le fait du prince (de la princesse) ? "Certains ont parlé de baronne...", nous lâche-t-il. Il n'exclut pas non plus d'être candidat dissident. Un de plus...

1ère circonscription de Charente-Maritime - "Ségolène Royal", circonscription réservée


"Elle va mieux mais j'aurais aimé qu'on lui épargne cette affaire de La Rochelle." Cette confidence d'une proche de Royal résume assez bien le sentiment général au PS face à la fronde locale qu'a dû affronter l'ancienne candidate à la présidentielle. Résumé : après la claque reçue lors de la primaire (moins de 7 % au premier tour), Maxime Bono, député-maire de La Rochelle, a annoncé qu'il céderait en juin 2012 sa place à l'Assemblée nationale à Royal, déjà présidente de région Poitou-Charentes.

Dans la foulée, cette dernière révèle que François Hollande lui a proposé le perchoir en cas de victoire de la gauche. Le premier secrétaire fédéral du PS dans le département Olivier Falorni s'enflamme, veut organiser des primaires. Le BN du PS tranche lors de son BN du 22 novembre, cette circonscription est pour une femme. Falorni dénonce le "parachutage de la honte". Mais personne ne semble au PS s'en soucier. Car cette circonscription est réservée "Ségolène Royal".
http://www.lepoint.fr/politique/election-presidentielle-2012/legislatives-au-ps-cinq-circonscriptions-sous-haute-tension-28-11-2011-1401606_324.php

1 commentaire:

Anne a dit…

Quelle gifle cela serait si l'Assemblée n'était plus bi-partite...
Les "grands" écoeurent tant avec leurs magouilles...

Bonne journée Francis
Bises Anne