lundi 26 décembre 2011

500 signatures, le parcours du combattant

De la collecte à la colère, il n’y a parfois qu’un pas. Lundi, Christine Boutin, dont le directeur de cabinet est un ancien du GIGN, menaçait de "lâcher une bombe atomique dans la campagne de Nicolas Sarkozy" si elle n’obtenait pas ses 500 signatures. Jeudi, la vice-présidente du FN déposait, au nom de Marine Le Pen, un recours devant le Conseil d’État. Vendredi, Olivier Besancenot se voyait dégager la route pour Philippe Poutou "au pied-de-biche" s’il le fallait, réitérant ainsi une promesse datant de fin novembre.
Pour une bonne dizaine de candidats, "petits" ou "gros", la collecte des parrainages ressemble à un premier tour avant l’heure. Seize candidats en 2002 – année record –, douze en 2007, ils pourraient n’être qu’une dizaine en avril prochain. Une vraie galère. "C’est extrêmement difficile. Les parrainages entrent à la petite semaine mais je ne promets pas de bombe", rassure l’écolo antinucléaire Corinne Lepage, déjà candidate en 2002.
Mal en point avec environ 160 promesses de parrainage, Christine Boutin s’alarme : "La démocratie, c’est la France. On est en train de tuer la France. C’est scandaleux. Les maires me disent : 'J’ai peur'", poursuit cette ancienne ministre de Nicolas Sarkozy qui dénonce le "cadenassage" de l’UMP et du PS. Car les deux partis ont passé leurs consignes. "Les signatures de l’UMP, elles sont pour le candidat UMP. Point", avertissait Jean-François Copé en novembre. Martine Aubry, elle, souhaite qu’"aucun parrainage d’élu socialiste et républicain ne manque à notre candidat".

L’intercommunalité change tout?

Parrainages rendus publics et intercommunalité sont également dans le viseur de Marine Le Pen. "C’est encore plus difficile qu’en 2007. La faute aux communautés de communes, qui enlèvent toute autonomie aux maires des petits villages, qui, du coup, sous pression, ne signent plus pour nous", expliquait début décembre la candidate d’extrême droite au JDD. Quelques jours plus tard, à Nice, son père lançait : "Beaucoup de nos amis avaient pensé – et Marine elle-même sans doute – qu’il suffisait de se séparer de 'la bête immonde' pour que tout cela devienne très facile. Malheureusement non!" Vraie difficulté ou stratégie de victimisation? Une seule fois, en 1981, "la bête immonde" n’a pas eu ses signatures. Le Pen avait alors appelé à voter Jeanne d’Arc. Pour éviter que l’élection de 2007 reste vierge de bulletins "Le Pen", son parti avait déboursé 500.000 euros. Notamment pour faire appel à des sociétés démarchant les maires à coups d’appels téléphoniques.
Déclarations fracassantes, discrétion, lettre à tous les maires comme Chevènement, coups de fil des candidats… À chacun sa méthode. Soutien de Villepin, le député Jean-Pierre Grand passe trois heures par jour à démarcher par téléphone. Et Villepin? "On n’a pas à lui demander de faire ça!", s’offusque presque cet admirateur de "l’homme du discours de l’ONU".

"Ça nous bouffe complètement"

Frédéric Nihous, candidat des chasseurs, ne rechigne pas à l’exercice mais préfère sillonner les zones rurales : "Rien ne remplace le contact personnel, mais on y passe toute notre énergie et tout notre temps au lieu de faire vraiment campagne. Ça nous bouffe complètement." Alors que certains se sont remis à la chasse aux signatures très récemment, comme Villepin, Nicolas Dupont-Aignan est, lui, parti très tôt. Recalé en 2007 avec 448 signatures, il a depuis un an effectué 70 déplacements et vu "personnellement" 300 maires. Poignées de main, déjeuners, dîners… "J’ai labouré dans tous les sens et fait les coins les plus perdus de France. On part à six heures, on rentre à minuit. C’est une joie parfois dans la souffrance", assure le candidat souverainiste, "sûr à 99,9%" d’être présent sur la ligne de départ.

"Nous, on ne prévient pas avant"

Philippe Poutou, candidat du NPA, n’a pas les mêmes certitudes. Ouvrier à mi-temps et candidat le reste, le trotskiste compte sur ses troupes, parties durant les fêtes à la rencontre des maires. Avec une spécificité : "Nous, on ne prévient pas avant", déclare Alain Krivine. Pourquoi? "Souvent les maires ne nous répondent pas au téléphone ou alors ils nous disent qu’ils ne veulent pas nous voir."
Sur vingt maires visités au débotté, un signe pour Poutou. Le profil type est l’édile d’une petite commune non encarté qui donne plus pour un "petit" candidat que pour ses idées. Problème : "Nous sommes partis très en retard et Lutte ouvrière est passé avant tout le monde. Ils ont pris des signatures de maires qui avaient parrainé Besancenot en 2007. C’est de bonne guerre", s’amuse Krivine.
Effectivement très pro, LO, qui a présenté six fois de suite Arlette Laguiller, ne nourrit pas beaucoup d’inquiétudes pour Nathalie Arthaud. Le Zénith de Paris est "réservé et même payé" pour avril. "Ceux qui veulent pleurnicher, ils pleurnichent. Nous, on veut parler politique", explique un proche d’Arthaud. D’ici à mars, date du dépôt des parrainages, quelques têtes seront tombées.

1 commentaire:

Annebis a dit…

Cela n'est pas républicain !

Bonne soirée Francis
bizzz Anne