Morin en héraut de l'Euro sur les terres du FN

Hénin-Beaumont, ses quelques 25.600 habitants, fief électoral de Marine Le Pen. C'est dans cette commune, où l'élu FN Steeve Briois a obtenu 28,83% au second tour des dernières municipales, qu'Hervé Morin a effectué son premier déplacement de campagne vendredi. Le thème de la visite était tout aussi symbolique que sa destination : l'euro que Marine Le Pen veut quitter. Le président du Nouveau centre, qui s'est lancé dimanche dernier dans la course à la présidentielle, s'est mué en défenseur acharné de la monnaie unique.

De par l'histoire de sa formation, créée en 2007 par les membres de l'UDF qui ne voulaient pas rejoindre le Modem de François Bayrou, la construction de l'Union européenne a toujours été un sujet privilégié d'Hervé Morin. Avec la crise de la dette, il compte mettre à profit cette compétence. Et au lendemain du discours de Toulon de Nicolas Sarkozy, le candidat centriste a voulu se démarquer de l'UMP : "Il faut passer de la parole aux actes. Et pour l'instant, le président ne nous a toujours pas montré la voie." Il en a profité pour défendre un "fédéralisme européen" qui "ne peut pas fonctionner à 27".

Hénin-Beaumont, "tous les loosers y passent"

Nicolas Sarkozy est même dans la ligne de mire de son ancien ministre de la Défense : "La France n'a pas besoin d'un sauveur charismatique. Nous devons compter sur nos propres forces." Dans une interview au JDD.fr la semaine dernière, Jean-Marie Cavada, porte-parole du Nouveau centre, se montrait plus sévère envers ses partenaires de la majorité : "Non seulement l'UMP ne parle pas assez d'Europe, mais elle ne voit les choses qu'à court terme et ne prend pas assez la hauteur historique nécessaire face au gouffre financier qui est sous nos pieds."

L'autre message de ce déplacement à Hénin-Beaumont concerne le Front national. Hervé Morin a dénoncé la position intenable de Marine Le Pen au sujet de l'euro. "L'idée du repli est mortelle. Il y a besoin d'une Europe plus intégrée et fédérale. Sortir de l'euro serait catastrophique", a-t-il confié au quotidien local Nord-Eclair. Position que le Front national esquive avec désintérêt. Interrogé par leJDD.fr, Steeve Briois raille la visite symbolique du candidat centriste : "Hénin-Beaumont semble devenir le nouveau Lourdes pour les candidats en souffrance dans les sondages. Tous les loosers y passent." Une référence à Nicolas Hulot, Jean-Michel Baylet "ou encore un illustre inconnu qui a pour seul objectif de campagne de lutter contre le FN", à savoir le candidat des jeunes, Maxime Verner.

Steeve Briois n'élude pas le fond. Défendant les propositions de sa candidate Marine Le Pen, il rappelle qu'Hervé Morin "fait la promotion de l'euro, de l'Europe fédérale, de l'Europe libérale, du libre-échangisme... tous les maux dont nous subissons aujourd'hui les effets". Toutefois, l'élu frontiste ne vise pas que les centristes, mais surtout l'UMP, "toute aussi porteuse de cette idéologie destructrice". Ce serait là le point commun entre Hervé Morin et Marine Le Pen : se démarquer, via le thème de la crise de l'euro, d'un locataire de l'Elysée de plus en plus en campagne.

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