vendredi 27 janvier 2012

Débat musclé entre Hollande et Juppé

un exercice à haut risques. Il a donné lieu à un échange tendu, tournant parfois à l'empoignade. François Hollande, candidat PS à la présidentielle, et Alain Juppé, coqueluche des élus et des militants UMP et surtout ministre de Nicolas Sarkozy, se sont affrontés pendant 40 minutes dans "Des paroles et des actes" jeudi soir sur France 2. A l'offensive au début du débat, l'ancien premier ministre a d'abord reproché à François Hollande, qui devance largement le président sortant dans les sondages, son "arrogance" et son excès de confiance en soi, accusant le candidat de faire de Nicolas Sarkozy "une méchante caricature". "Vous êtes un peu trop sûr d'avoir tourné la page", lui a-t-il reproché, mordant.
Puis les deux hommes se sont lancés dans une bataille budgétaire, Alain Juppé attaquant point par point le programme économique de François Hollande, que celui-ci avait dévoilé dans la matinée. Le candidat socialiste a répliqué en pilonnant les choix budgétaires du gouvernement. S'interrompant souvent, s'apostrophant à plusieurs reprises, les deux adversaires se sont rapidement enlisés dans un débat d'experts très technique. Pas avare de piques, François Hollande a répliqué aux attaques d'Alain Juppé en lui lançant qu'en matière d'arrogance "chacun a à faire son examen de conscience : vous avez des rechutes possibles". "Vous n'êtes pas candidat, peut-être le serez-vous si Nicolas Sarkozy ne l'est pas... ne perdez pas tout espoir!", a-t-il aussi lancé à celui que certains à droite pourraient considérer comme un recours si le chef de l'Etat décidait de ne pas se présenter.

"Etre normal est une qualité"

Plus tôt sur le plateau, François Hollande s'était employé pendant près d'une heure à faire le service après-vente de son projet, dévoilé dans la matinée à la maison de la chimie à Paris (lire notre article > Programme de Hollande : ce qu'il faut retenir). Outre ses mesures-phares, il a évoqué son propre parcours et répondu aux attaques de la droite, qui moque son sens du consensus. "Etre normal est une qualité (...) Je pense qu'il y a eu des comportements au sommet de l'Etat qui n'ont pas été normaux", a dit le candidat PS, taclant explicitement Nicolas Sarkozy. "J'essaye de résoudre les conflits, je ne les recherche pas, je ne les suscite pas", a-t-il dit.

Le favori des sondages s'est montré prudent sur ses chances de l'emporter en mai. "Quand la mayonnaise prend, il faut éviter qu'elle retombe et ça peut tourner, donc c'est une attitude que je ne cesserai d'avoir, c'est celle du respect des Français", a déclaré François Hollande. "Je suis suffisamment expérimenté dans la vie politique pour savoir que rien n'est acquis, que rien n'est fait, que tout se construit, tout se mérite", a ajouté celui qui a été pendant dix ans premier secrétaire du PS. A la question de savoir ce qu'il ferait s'il perdait l'élection, il n'a pas répondu, comme Nicolas Sarkozy cette semaine, qu'il quitterait la politique. "Je ne suis pas dans la même situation, je ne suis pas président sortant", a-t-il souligné. "Je ne parle pas de mon retrait, je parle plutôt de mon avenir". Interrogé sur son principal défaut, François Hollande a répondu "la pudeur". "Je ne m'exhibe pas, j'ai une certaine réserve", a ajouté le candidat qui considère "la ténacité" comme sa principale qualité.

Pas de Bayrou au gouvernement
Il a également déclaré qu'en cas de victoire à l'élection présidentielle, il gouvernerait avec tous ceux qui l'auront soutenu au second tour mais qu'il ne voyait pas le centriste François Bayrou dans ce cas de figure. "François Bayrou trouve que mon projet n'est pas bon, il l'a dit. Donc je ne vois pas comment il pourrait participer à un gouvernement pour appliquer un projet qu'il ne trouve pas bon". Il a également assuré qu'"il se désisterait pour le candidat de gauche le mieux placé", interrogé sur l'hypothèse où le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, le devancerait au 1er tour de l'élection présidentielle.
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