mardi 28 février 2012

Hollande et le PS face au piège des affaires

Qui ment le plus ?" En découvrant, cette semaine, la Une du "Point" barrée de ce titre, en apparence objectif, j’ai eu comme un mauvais pressentiment. La sensation que nous entrions dans une phase sombre de la campagne électorale. La première étape d’une offensive où les pinces à linge seront indispensables pour se boucher le nez.
Ainsi, selon l’hebdomadaire de droite, les hommes politiques, à des degrés divers, sont tous des menteurs. Habile manière de déconsidérer la classe politique dans son ensemble, mais qui va essentiellement déstabiliser et fragiliser la Gauche. Pourquoi ? Tous les tacticiens vous le diront : les affaires, les scandales de corruption, ne démobilisent pas l’électorat de droite, mais celui de gauche.

Le PS prisonnier des sables mouvants

L’électeur de gauche a un énorme défaut : il est habité par un moralisme inoxydable. En 1993, les socialistes, noyés sous les affaires, avaient été balayés parce que leur électorat les avait abandonnés. Or, aujourd’hui, les affaires du Carlton, de la fédération PS du Pas-de-Calais, ou celles de Marseille - qu’on peut comparer au scandale d’Etat de l’affaire Woerth-Bettencourt - des pots de vin de l’affaire de Karachi, vont être distillées comme du poison dans l’électorat socialiste.
C’est la grande crainte que les barons du PS doivent avoir : que leurs électeurs, écoeurés par le flot de révélations sordides en tout genres, filent taquiner le goujon en avril et en mai. Terrible dilemme pour eux : en répliquant aux attaques de la droite sur ce terrain nauséabond, ils sont comme des types prisonniers des sables mouvants ; au moindre mouvement, ils s’enfoncent. En participant à cette "sale guerre", ils risquent de s’empêtrer et de se perdre.

L’électorat de droite n’a pas ces pudeurs

Pourquoi la droite aurait-elle la part belle dans ce jeu féroce ? Parce que ses électeurs n’ont pas le même rapport à l’argent et au pouvoir : l’enrichissement, même douteux, ne les choque pas outre mesure. L’innocence, à droite, n’est pas de même nature. Quelques prévarications, si elles ne dérangent pas l’ordre établi et la protection de la propriété individuelle, sont des actions très secondaires.
L’électorat de droite n’a pas ces pudeurs de dame patronnesse sur les questions d’argent douteux. On ne punit pas son camp pour ce genre de peccadille. On vote. En revanche, l’électeur de gauche, lui, est très sensible à ce genre de climat. François Hollande, l’homme qui avait dit qu’il n’aimait pas les riches, le sait et se méfie terriblement de ce genre de dérive de la campagne.

Comment éviter le piège ?

Pourtant, les signes annonciateurs sont bel et bien là. A l’UMP, on est prêt à lancer les premières salves. Dans la dernière ligne droite, fin mars-début avril. Elles viendront sans doute du Nord, de l’affaire DSK, qui flotte au-dessus de nous comme un spectre menaçant.
Comment éviter le piège ? Si la Gauche répond, elle perdra des voix parce qu’elle entrera dans le cercle maudit des scandales. Si elle se tait, elle apparaîtra comme timorée, voire pusillanime, donc inapte à gouverner. Terrible quadrature du cercle. Il faudra pourtant bouger. Sortir des lignes imposées par l’équipe de Nicolas Sarkozy. Or, pour employer un terme sportif, la meilleure défense est d’attaquer avant la zone des sables mouvants. C’est-à-dire tout de suite.
http://tempsreel.nouvelobs.com/le-coup-de-sang-de-serge-raffy/20120227.OBS2413/hollande-et-le-ps-face-au-piege-des-affaires.html
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