samedi 4 février 2012

Villepin défend la "cohésion sociale"

Du poisson, du crumble aux fruits rouges, quelques carafes de vins dont seulement trois ont été entamées dans le coin de table où se trouvaient des journalistes. Vendredi, ce n'est pas le menu du déjeuner entre Dominique de Villepin et les responsables des principaux cultes religieux qui a fait débat. Avec pour thématique la laïcité, les échanges, consensuels à l'entrée, se sont transformés en joute sur la place de l'islam dans les quartiers au dessert. Avec le candidat et son soutien politique du jour, l'ancien ministre Azouz Begag, pour arbitres des duels successifs entre participants.
Un peu plus tôt, l'ancien Premier ministre a déambulé sur la dalle d'Argenteuil, un "quartier" de la banlieue parisienne qui avait été au centre de l'actualité en 2005, quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait déclaré à une habitante : "Vous en avez assez de cette bande de racailles? Et bien, on va vous en débarrasser." Par -3°C, soit une température ressentie de -9°C, l'ancien Premier ministre a donc déambulé dans les allées du marché Héloïse d'Argenteuil, serré des mains et parlé "météo" avec le poissonnier local. Avant de rejoindre la cantine du Mouvement des entreprises du Val-d'Oise (Mevo) pour débattre laïcité, intégration et banlieues.
Dans l'assistance, composée pour sa majorité de représentants du culte musulman, il est d'abord question de pointer le bilan du "plan banlieues" qu'avait lancé Fadela Amara en 2008. S'adressant directement à Azouz Begag, symbole de la diversité au gouvernement quand Dominique de Villepin était aux commandes, un participant tacle "le discours des hommes politiques qui ne se concrétisent pas dans les faits". Le candidat peine à imposer des idées qui, selon les associations présentes, "existent déjà dans les faits". Il en est conscient et reconnaît qu'il faut "davantage soutenir les associations, les projets déjà en place" plutôt que "l'Etat impose des plans du haut vers le bas".

"Un code de la laïcité flexible"

Le candidat tient un discours analogue sur la laïcité. Face aux tensions interreligieuses, il veut rassembler, "travailler pour plus de cohésion sociale". Un slogan dans la continuité de "la fracture sociale", qui avait permis à Jacques Chirac de se faire élire en 1995. "Je ne suis pas favorable à une législation sur un fait religieux en dehors toutefois du cadre scolaire", a-t-il déclaré. Exit donc l'inscription de la laïcité dans la Constitution, mesure voulue par François Hollande.
Dominique de Villepin se veut plus "flexible" avec "un code de la laïcité" qui permettrait au ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, et au président de la République d'arbitrer les "conflits spécifiques". Une mesure plutôt floue que, devant des journalistes, le candidat se doit de préciser : "Ce code fixerait des règles, qui ne seront pas immuables, sur le financement – privé – des lieux de culte, sur la formation des imams…" Rapidement, le concret est chassé par les envolées lyriques du candidat.
Liant l'éducation ("notre trésor national"), l'immigration et les banlieues, il réfute en conclusion son manque de légitimité à briguer la présidentielle : "Pourquoi est-ce que je m'emmerde à faire de la politique? Pour quelle reconnaissance? Pour 1% dans les sondages? Non, je veux porter un message : on n'est pas tous bon dans les mêmes choses. Il faut donc s'unir face à la crise." S'il n'a pas livré un message limpide, Dominique de Villepin a en tout cas réaffirmé sa volonté obstinée de rassembler.

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