C'est à y perdre son latin. Un sondageIfop réalisé après le meeting de Nicolas Sarkozy à Villepinte créditait ce dernier de 28,5% d'intentions de vote au premier tour, contre 27% à son rival socialiste, plaçant pour la première fois le président devant le député de Corrèze. Le lendemain, un second sondage TNS-Sofres donnait comme depuis des mois François Hollande en tête, avec 30% des intentions de vote, tandis que Nicolas Sarkozy enregistrait 26% des voix. Mais pourquoi de tels écarts ? Première explication possible : l'un a été réalisé à partir de dimanche soir (Ifop), l'autre lundi (Sofres). Mais l'interprétation est sans doute à chercher dans la nature même du sondage, qui n'est pas une science exacte. A chaque enquête d'opinion sa marge d'erreur. Elle est d'un maximum de plus ou moins 3,2% pour 1.000 sondés, l'échantillon choisi pour la plupart des sondages publiés dans la presse. Concrètement, si 50% d'un échantillon de 1.000 personnes a répondu "A" à une question, il y a 95 chances sur 100 pour que cette réponse "A" soit donnée dans l'ensemble de la population par un pourcentage situé entre 46,8% et 53,2%.
Ces marges d'erreur ne sont pas souvent communiquées. Ce que déplore Jean-Pierre Sueur, président PS de la commission des Lois du Sénat et coauteur d'une proposition de loi sur les sondages. "Si on avait publié les marges d'erreur en 2002, on aurait montré que les zones de Jospin et de Le Pen se recouvraient et qu'il y avait donc un risque pour que le Front national soit présent au second tour", assure le socialiste.
Sur internet ou par téléphone
Autre biais en puissance : les redressements, pas non plus communiqués, réalisés sur les résultats bruts des sondages. Il s'agit des modifications des données recueillies en tenant compte des électeurs qui refusent de répondre ou n'osent pas dire pour qui ils ont l'intention de voter. Généralement, ces redressements concernent surtout les électeurs du Front national. Mais pas forcément. "Est-ce que les sondeurs corrigent également les résultats des autres candidats? On ne le sait pas", déplore Jean-Pierre Sueur.
Les méthodes utilisées, très différentes entre l'Ifop et la Sofres, peuvent aussi expliquer ce méli-mélo. Le sondage de l'Ifop a ainsi été réalisé sur internet, par questionnaire auto-administré auprès de 874 personnes. Un "rolling", une méthode qui consiste à actualiser par tiers l'échantillon tous les jours a également été appliqué. Le sondage Sofres, en revanche, a été réalisé par téléphone sur un échantillon de 1.000 personnes. Pour plusieurs sondeurs, cette méthode est plus efficace : interrogés, les sondés ont moins le temps de réfléchir avant de donner leur réponse. Des éléments à garder à l'esprit à la lecture du prochain sondage...
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