jeudi 26 avril 2012

Tariq Ramadan dément avoir appelé à voter Hollande

En moins de 24 heures, Tariq Ramadan est devenu le sujet de la fin de la première semaine de l'entre-deux tours. Interrogé par l'AFP jeudi matin, il a démenti avoir appelé à voter pour François Hollande. "Jamais de ma vie, je n'ai appelé à voter François Hollande. Je ne suis pas Français, je n'ai pas donné de consigne de vote musulman. (...) J'ai simplement appelé les citoyens français, de confession musulmane ou autre, à voter en conscience et à faire le bilan de la politique de Nicolas Sarkozy, qui est très mauvais."

Pourtant, jeudi matin sur France Inter, Nicolas Sarkozy a précisé la date de cette prise de position : "Le 11 mars 2012, à Lyon, dans le cadre du printemps des quartiers, Tariq Ramadan a appelé publiquement à voter pour François Hollande ou pour un parti politique qui serve l'islam."


Le président sortant a également rappelé que Tariq Ramadan avait "signé en mars 2011, une pétition, cosignée par Laurent Fabius et Martine Aubry, contre l'UMP au moment où nous voulions interdire le port de la burqa.(...) C'est un compagnonnage qui remonte à loin."


"Nicolas Sarkozy a cité Tariq Ramadan comme ayant appelé à voter pour moi ce qui est faux(...) Amalgames, mensonges,...Comment l'admettre ?", a dénoncé jeudi matin François Hollande sur France Info. "Il n'a jamais cité mon nom ce Tariq Ramadan, qui ne vote même pas en France, et je n'ai pas à me justifier quand un individu peut dire qu'il n'aime pas le pouvoir sortant."

Le candidat socialiste répondait déjà aux propos de Nicolas Sarkozy mercredi sur TF1 : "J'ai vu que M. Hollande (...) parle beaucoup du Front National. Mais que dit-il lui, quand Tariq Ramadan ose appeler à voter pour François Hollande ? Tariq Ramadan, l'homme avec qui j'ai débattu, qui proposait un moratoire sur la lapidation de la femme adultère ? C'est monstrueux ! Voilà un homme qui appelle à voter pour François Hollande. Je n'ai pas entendu François Hollande dire que ça le gênait."


Pour Manuel Valls, directeur de la communication du candidat socialiste, la ficelle est trop grosse : "En agissant de la sorte, le candidat sortant montre son affolement, mais surtout la course-poursuite qu'il livre aux idées du FN. C'est indigne."


Mais qu'a dit au juste l'intellectuel musulman suisse ? Difficile de savoir si les propos que lui attribue Nicolas Sarkozy sont exacts. En revanche, Tariq Ramadan, qui a participé le 7 avril dernier à la Rencontre annuelle de l'Union des organisations islamiques de France au Bourget, avait estimé "qu'au lieu de parler de viande halal, de burqa, d'identité nationale et de diviser la France", il fallait "l'unir". Il avait également évoqué "la majorité de Français qui n'est pas satisfaite depuis cinq ans", critiquant en creux le président Sarkozy, mais sans le nommer, pas plus qu'il n'avait nommé François Hollande.

La polémique des 700 mosquées
Une polémique sur les soutiens supposés de François Hollande qui rappelle en tout cas celle lancée mercredi par deux députés de l'UMP, Eric Ciotti et Franck Riester, ont dénoncé "un appel" supposé "de 700 mosquées" à voter en faveur de François Hollande. "Avec François Hollande, le vote communautaire est en marche", dénonçait le premier. Quant au second, secrétaire national de l'UMP, il assurait dans un communiqué que "selon le site internet de l'hebdomadaire Marianne 2, repris par le site newsoftunisia.com, des recteurs regroupant 700 mosquées auraient ouvertement appelé leurs fidèles à voter pour François Hollande". Plus prudent sur I-Télé, le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani, a usé du conditionnel et dit "s'inquiéter" du vote communautaire au vu de "certaines informations où paraît-il, les recteurs de mosquées appelleraient à voter pour François Hollande".

Mais le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, a déclaré mercredi qu'il ne possédait "aucune information concernant un appel à voter pour un candidat". "Les mosquées et les institutions religieuses doivent observer la stricte neutralité à l'égard des candidats dans le respect des principes de laïcité", a-t-il ajouté. Abdallah Zekri, président de l'observatoire de l'islamophobie, rattaché au CFCM, a affirmé que "200 responsables d'associations culturelles ou cultuelles, dont quelques imams, avaient appelé à voter mais sans désigner de candidat". Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, avait par ailleurs appelé lundi à ne pas laisser les institutions musulmanes s'immiscer dans l'élection présidentielle.

La semaine précédant le 1er tour, plus d'une vingtaine d'imams avaient engagé leurs fidèles à se rendre massivement aux urnes. Seules positions connues jusqu'ici : le recteur d'une mosquée parisienne avait appelé les musulmans de France à "un vote massif halal", pour "défendre notre dignité contre l'islamophobie et la stigmatisation des membres de notre communauté", tandis que celui de la mosquée de La Défense conseillait le "vote utile", à savoir "François Hollande".
http://lci.tf1.fr/politique/elections-presidentielles/sarkozy-et-hollande-s-opposent-sur-tariq-ramadan-7199289.html

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