L'évocation ce week-end d'une "liste
noire" de la CGT,
catalogue de 46 entreprises placées en redressement ou en liquidation, à travers
lesquelles 45.000 emplois seraient menacés un peu partout en France, donne un
relief particulier à la rencontre prévue mardi entre Jean-Marc
Ayrault et les partenaires sociaux. L'objet de cette réunion :
fixer l'agenda des réformes sociales à venir. Et l'emploi figure forcément en
tête des priorités, alors que se précisent les craintes de plans sociaux dans
les télécoms, la grande distribution, la sous-traitance automobile... Dans un
contexte marqué par l'urgence, le Premier ministre va recevoir séparément les
dirigeants des cinq centrales syndicales représentatives (CGT, CFDT,
FO, CFTC, CFE-CGC) et
des trois organisations patronales (Medef,
CGPME, UPA).
Il verra les jours suivants d'autres organisations : l'UNSA, la FSU. Ces rencontres seront
suivies d'une conférence à Matignon avec l'ensemble des partenaires sociaux pour
définir les chantiers devant figurer au menu de la grande conférence sociale,
prévue avant le 14 juillet à l'Elysée, sous l'égide du président François
Hollande.
Je vais écouter attentivement la manière dont ils voient l'instauration dans
la durée du dialogue social et la démocratie sociale", affirmait mercredi
le Premier ministre sur RTL en annonçant le calendrier de ses rencontres avec
les partenaires sociaux. Après leurs rapports houleux avec l'ex-président Nicolas
Sarkozy, les syndicats se réjouissent de cette nouvelle ère de
dialogue social sous l'égide d'un gouvernement de gauche. Le patronat en
revanche a exprimé son inquiétude, un "risque de décrochage" menaçant
des entreprises incapables de supporter de nouvelles charges, a prévenu la
patronne du Medef, Laurence
Parisot.
"Il ne faut pas être dans la surenchère sur le
Smic"
D'ores et déjà la première mesure annoncée - un décret
permettant le départ à la retraite à 60 ans des salariés ayant commencé à
travailler tôt - a suscité un tollé à droite et au Medef. Laurence Parisot a averti
des dangers d'une telle mesure pour les régimes de retraite complémentaires du
privé. La CGPME a proposé, pour financer la mesure,
d'augmenter le taux de CSG des retraités pour
l'aligner sur celui des salariés. Les syndicats en revanche veulent négocier
pour que son périmètre soit élargi aux périodes de chômage et de maladie.
Autre sujet sensible : la hausse du Smic, promesse de campagne
de François Hollande. Le ministre du Travail, Michel
Sapin, a promis un geste mais pas "de saut" eu égard aux
PME. La CGT et FO, plaident, elles, pour une hausse
progressive de l'ordre de 250 à 300 euros, ce que rejette François Chérèque,
numéro un de la CFDT qui préfère une incitation à la
hausse des salaires. "Il ne faut pas être dans la surenchère sur le Smic,
savoir raison garder", renchérit Pascale Coton, numéro deux de la CFTC. Carole Couvert, secrétaire générale de la CFE-CGC, exprime la "crainte que le Smic augmente et que
le reste de la grille des rémunérations reste plate. Attention à la classe
moyenne qui est au bord de l'asphyxie", prévient-elle. "Tout coup de
pouce trop généreux pourrait avoir un impact considérable sur l'emploi",
affirme pour sa part Laurence Parisot. Jean Lardin,
président de l'Union professionnelle artisanale, accepte une hausse, mais
"modérée". Le gouvernement réfléchit, à plus long terme, à une
modification du calcul de la revalorisation du salaire minimum qui progresserait
non pas seulement en fonction de l'inflation mais aussi de la croissance.
Mais ces dossiers lourds ne sont pas les seuls, loin s'en faut.
La formation professionnelle, le contrat de génération - idée phare du candidat
François Hollande - l'égalité salariale homme/femme,
autant de chantiers qui "devront précisément faire l'objet d'une négociation
en terme de méthode et de calendrier", a d'ores et déjà souligné le Premier
ministre.
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