S'il y a quelques semaines, le nouveau président de la République confessait avoir une short-list de "trois ou quatre noms en tête" pour occuper la fonction de Premier ministre, il semble qu'elle se soit réduite depuis que François Hollande a dressé le portrait-robot de son chef de gouvernement, "une personnalité socialiste connaissant bien le Parlement et ayant de bonnes relations avec lui". Dès lors, un nom se détache, celui de Jean-Marc Ayrault.
Député-maire de Nantes depuis 1989 et président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale depuis 1997, il est reconnu comme un homme de consensus. Professeur d'allemand de formation, un détail non négligeable pour faciliter les futures relations avec Angela Merkel, il a commencé a travaillé avec François Hollande en 1997 après la dissolution de l'Assemblée Nationale. Tous les mardis matins, ils étaient directement associés aux choix politiques de cinq années de cohabitation. Les observateurs qui l'ont suivi en campagne estiment qu'elle est révélatrice de son futur poste : à chaque réunion publique, il déroule la feuille de route du gouvernement de la première année du quinquennat.
En balance avec Martine Aubry pour occuper Matignon, le score plus bas que prévu de Jean-Luc Mélenchon au premier tour (11%) devrait lui dégager la voie. Mais la popularité de la première secrétaire du PS, associée au fait que sa nomination à Matignon constituerait un symbole du gouvernement paritaire promis par François Hollande, peut encore changer la donne.
A qui les ministères régaliens ? (Intérieur, Défense,...)
L'incertitude demeure sur plusieurs ministères régaliens. Celui de l'Economie et des Finances devrait se disputer entre Pierre Moscovici et Michel Sapin, avec un avantage pour le second, camarade de promotion de François Hollande à l'ENA et connaisseur des rouages de Bercy pour y avoir déjà séjourné d'avril 92 à mars 93.
Les ministères de l'Intérieur et de la Justice suscitent aussi les convoitises. Manuel Valls, directeur de la communication de François Hollande semble tenir la corde pour s'installer place Beauvau. Son challenger, François Rebsamen, a lui-même plombé sa candidature en proposant de dépénaliser le cannabis quelques jours avant le premier tour. Une initiative peu goûtée par François Hollande. André Vallini, responsable du pôle justice au sein de l'équipe du candidat socialiste, a les faveurs des pronostics pour devenir garde des Sceaux. Mais Arnaud Montebourg, avocat réputé, pourrait se voir attribuer la Chancellerie, pour que toutes les sensibilités du PS soient présentes dans le gouvernement. Vincent Peillon devrait, sauf surprise, hériter du ministère de l'Education. Claude Bartolone est quant à lui pressenti pour celui du Travail.
Stéphane Le Foll, un fidèle des fidèles de François Hollande, pourrait hériter du portefeuille de l'Agriculture ou bien succéder à Martine Aubry à la tête du PS, puisqu'elle ne souhaite pas poursuivre le job.
La parité, un problème ?
Le souhait du nouveau président d'avoir autant d'hommes que de femmes complique l'équation. Ne confier que des secrétariats d'Etat à des représentantes de la gent féminine ternirait l'image d'égalité voulue. Martine Aubry, qui a avoué depuis longtemps rêver du ministère de la Culture, pourrait voir son vœu exaucé à moins que ce poste ne revienne à Aurélie Filippetti, responsable de cette thématique dans l'équipe de campagne.
La maire de Rouen, Valérie Fourneyron, semble promise au ministère des Sports auquel François Hollande souhaite redonner ses lettres de noblesse tandis que Marisol Touraine devrait obtenir le portefeuille des Affaires sociales.
Le ministère de l'écologie pourrait être donné à une personnalité d'Europe-Ecologie-Les Verts. Si Eva Joly semble être plus intéressée par un rôle au sein de la justice, Cécile Duflot, secrétaire du parti, pourrait récupérer le poste.
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