La justice va être saisie. Nicolas
Sarkozy a annoncé lundi qu'il allait porter plainte contre le site
d'information Mediapart pour
avoir publié une supposée note sur un financement libyen de sa campagne
présidentielle de 2007. "Ce document est un faux grossier, les deux
personnes en Libye qui étaient censées avoir envoyé ce document et le recevoir
l'ont démenti", a déclaré Nicolas Sarkozy sur
France 2. Sa plainte sera déposée "avant la fin" de la campagne.
"Tout ne se vaut pas. Il y a une morale; ceux qui mentent,
ceux qui font défaut doivent être condamnés par la justice", a-t-il ajouté.
"Le canard, on lui a coupé la tête. C'était un document faux. Mediapart est une officine, M. (Edwy) Plenel (directeur du
site Mediapart) c'est le bidonnage à chaque fois, ce
document est un faux grossier", a répété le président sortant et candidat
de l'UMP. "Ce qui n'est pas crédible, c'est Mediapart. Vous croyez vraiment qu'avec ce que j'ai fait à M.
Kadhafi, il m'a fait un virement ? Pourquoi pas un chèque endossé ?",
a-t-il insisté, "c'est grotesque et j'ai honte pour l'AFP d'avoir fait une
alerte sur un document faux". "Vous ne vous souvenez pas qu'il y a
trois mois, c'est le journal Libération qui a bidonné un faux document sur la
répartition des réserves de pétrole".
Fillon: "Plenel est un récidiviste"
"La campagne électorale ne justifie pas tout", a
poursuivi Nicolas Sarkozy. "On ne va pas
assimilier la presse à des comportements comme ça" mais "il y a une
partie de la presse, une partie des médias, et notamment le site en question
dont je me refuse même à citer le nom, qui sont prêts à bidonner des documents
pour ça, honte à tous ceux qui l'ont exploité". Mediapart a publié samedi un document signé de Moussa Koussa,
ex-chef des services de renseignements extérieurs de la Libye qui vit en exil à
Doha, affirmant que le régime du colonel Kadhafi avait accepté en 2006 de
financer à hauteur de "50 millions d'euros" la campagne de Nicolas Sarkozy. Moussa Koussa a qualifié de faux ce
document.
De son côté, le Premier ministre François Fillon dit
"certain" que le document de Mediapart était
"faux" et a accusé M. Plenel d'être un "récidiviste" de ce
type de pratiques. "Il avait fait la même chose avec le Parti socialiste, il
avait publié (à l'époque dans Le Monde) un document qui disait que le PS était
financé par Noriega (ancien dictateur de Panama)", a rappelé François
Fillon, ajoutant que "Le Monde avait dû s'excuser" car le document
était faux. "Si M. Plenel a des documents, qu'il les remette à la
justice!", a-t-il enchaîné, dénonçant une "manipulation".
Mediapart "attend avec sérénité
un éventuel procès", a dit son directeur Edwy Plenel. "Il ne suffit pas
de contester l'authenticité du document révélé par Mediapart pour mettre fin aux suspicions largement
documentées depuis plusieurs mois de relations financières entre l'entourage de
Nicolas Sarkozy et celui du dictateur Mouammar
Kadhafi", a-t-il ajouté. "Nous en ferons la démonstration si le procès
annoncé a bien lieu".
Hollande: "Vous croyez que j'ai besoin" de Mediapart
?
François
Hollande a réagi lundi sur Europe 1 à la plainte de Nicolas Sarkozy: "C'est à la justice d'être saisie. Si
c'est un faux, eh bien le site sera condamné, si ce n'était pas un faux, à ce
moment-là il y aurait des explications à fournir". Le candidat socialiste a
nié tout lien entre lui et ce site. "Ce site est un site d'investigation,
d'informations, c'est arrivé qu'il accable quelque fois des personnalités de
gauche", a-t-il fait valoir. "Donc je ne vois pas comment il pourrait
être établi qu'il y aurait là comme une relation, une confusion entre les
socialistes et ce site d'information, qui, je le rappelle, est composé de
journalistes reconnus". "On peut les aimer ou ne pas les aimer mais ce
sont des journalistes qui ont sur plusieurs affaires démontré leur
compétence", a aussi affirmé le député de Corrèze.
"J'aurais inspiré quoi que ce soit, qui que ce soit, qui
peut le penser ?" a-t-il demandé. "Vous croyez que j'ai besoin moi
qu'il y ait des journaux qui sortent des affaires, vous pensez que c'est comme
ça que je pense gagner l'élection présidentielle ?" François Hollande a souligné que "chaque fois qu'il y a
un scandale qui touche le pouvoir, ce n'est jamais bon pour la démocratie et
jamais bon pour les partis de gouvernement". Ségolène Royal a elle souligné
la nécessité de faire "toute la clarté" sur l'affaire, car si elle
"est réelle", cela signifie que le président sortant "a exercé son
mandat de façon illégitime".
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