jeudi 27 septembre 2012

Un moment de vérité pour Ayrault

Mercredi, le gouvernement annonçait que la barre des trois millions de chômeurs avait été franchie. Vendredi, il dévoilera le budget serré de 2013. Entre temps, Jean-Marc Ayrault s'expliquera jeudi soir à 20h45 sur France 2, lors de l'émission Des paroles et des actes. Un grand oral pour lequel le Premier ministre se sait très attendu, quatre mois après son arrivée à Matignon. C'est l'ancienne ministre et ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Koscisuko-Morizet, qui viendra porter la contradiction.
Pour le chef du gouvernement, l'enjeu est de taille tant l'impatience des Française se fait de plus en plus grande. Selon le baromètre Ifop paru dans le JDD le week-end dernier, ils sont 56% à se dire mécontents de l'action du président de la République. Le Premier ministre s'en sort à peine mieux, avec 50% de satisfaits et 46% de mécontents.

"Faire accepter ce qui se révèle être une potion amère"

Il faudra donc rassurer. Et expliquer comment le gouvernement compte traduire le projet budgétaire de François Hollande en acte. "La difficulté pour le gouvernement, c'est de faire œuvre de pédagogie pour essayer de faire accepter ce qui se révèle être une potion amère, c’est-à-dire un budget extrêmement rigoureux avec des sacrifices douloureux", explique au JDD.fr Arnaud Mercier, spécialiste de la communication politique. Objectif : réduire à tout prix le déficit public à 3% du PIB, contre 4,5% ciblés cette année. Un programme ambitieux au regard de la croissance inexistante. "Il faut essayer de justifier tout en promettant des jours meilleurs", complète le politologue.
Comment justifier l'effort historique d'une réduction des dépenses publiques de 30 milliards d'euros? Comment expliquer que le cap des trois millions de chômeurs ait été franchi? Jean-Marc Ayrault a lui-même glissé récemment qu'il "ne (savait) pas" si le gouvernement parviendrait à inverser la courbe du chômage d'ici un an, comme l'avait ambitionné François Hollande début septembre sur France 2. "On peut penser que le Premier ministre va s'en remettre à l'héritage du précédent gouvernement. Il peut utiliser cette cartouche pour faire passer la pilule", estime Arnaud Mercier.

Renouer la confiance avec les Français

En chute libre dans les sondages, tout comme François Hollande, le Premier ministre devra tenter de renouer la confiance avec les Français. " François Hollande avait été assez habile pour ne pas susciter de faux espoirs mais il n'empêche qu'il est déjà confronté à la problématique de la déception, sans doute beaucoup plus tôt que ce qu'il avait imaginé. Cette émission peut limiter la casse en terme d'images mais tout ça ne va pas se résoudre en un jour", prévient toutefois Arnaud Mercier.
A défaut de changer son image auprès des Français, Jean-Marc Ayrault pourrait tenter de changer celle qu'il a au sein du gouvernement, sachant que son manque d'autorité lui a souvent été reproché, en témoigne la cacophonie sur plusieurs sujets (droit de vote des étrangers, Roms, mariage homosexuel…).
Le chef du gouvernement devra faire montre de fermeté à l'heure où la question du pacte budgétaire européen crée des tensions dans la majorité. Les écologistes ont déjà prévenu qu'ils voteraient, à leur grande majorité, contre le texte qui sera débattu la semaine prochaine à l'Assemblée. Jean-Marc Ayrault devrait justement préciser jeudi soir s'il soumettra ou non au vote sa déclaration à l'Assemblée. Si ce scrutin s'avérait favorable au Premier ministre, il pourrait venir renforcer sa légitimité alors que d'après François Hollande, le chef du gouvernement ne devrait pas rester cinq ans à Matignon, à l'inverse de François Fillon et Lionel Jospin. Sur France 2 le 17 septembre dernier, le président questionnait à ce propos : "Est-ce que ça s'est bien terminé?" Jean-Marc Ayrault sait que, pour faire ses preuves, ses jours sont comptés.
 

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