lundi 27 mai 2013

L'UMP se (re) divise

Sans leader et sans projet, la droite française s'est désunie à l'occasion du mouvement contre le mariage gay. La primaire parisienne fait également l'objet de toutes les attentions et craintes.

Le calme aura été de courte durée à droite. Alors que Jean-François Copé et François Fillon devaient se voir lundi à 18h pour se mettre d'accord sur les moyens d'éviter une nouvelle élection à l'UMP en septembre, le parti retombe dans les divisions et les petites phrases. Le mouvement de la manif pour tous contre la loi Taubira aura réveillé les déchirures de l'UMP. Crée par Jacques Chirac en 2002 pour gagner les élections et repris par Nicolas Sarkozy en 2005, l'UMP était en réalité une machine électorale traversée par de multiples tendances. Mais depuis un an, avec la défaite qui agit comme une mèche lente, la droite française se divise avant une recomposition qui ne vient pas. Deux droites cohabitent de plus en plus difficilement à l'UMP : une droite classique et libérale, et une droite plus forte dont Jean-François Copé s'est fait le héraut l'hiver dernier, "la droite décomplexée". En surplomb de ces deux droites, le Front national de Marine Le Pen fait pression sur le débat public.

Face au mouvement minoritaire mais solide de plusieurs centaines de milliers de Français qui refusent le mariage homosexuel et l'adoption, l'UMP n'a pas su adopter une position commune. Cette diversité de positions sur un sujet de société ne serait pas aussi grave si elle ne se juxtaposait pas avec des rivalités d'hommes et des positionnements tactiques de plus en plus voyants. Depuis le début des manifestations, Jean-François Copé a voulu se tenir "au milieu des Français" pour espérer convertir ces nouveaux venus dans la rue à la politique, l'UMP voyant dans cette jeune génération un vivier pour les municipales.

Mais les organisateurs de la manif pour tous ont veillé à éviter toute récupération et rien ne dit que les Français ayant manifesté s'engageront dans un parti qui ne promet pas l'abrogation de la loi Taubira en 2017. Cette supposée "récupération", c'est celle qu'a vivement critiqué dimanche soir Laurent Wauquiez, sans rater au passage une nouvelle fois son ennemi Jean-François Copé, à la tête d'un parti qui "manquerait de leadership".
  
« Le parti ne peut servir uniquement à préparer la primaire de 2017 ou 2022 » 
Voulant rester en retrait des manifestations et des polémiques trop partisanes pour cultiver son image de "rassembleur", François Fillon a préféré passer le week-end à Spa-Francorchamps où il a participé à une course automobile. Mais alors que son discours sur une éventuelle réécriture de la loi Taubira en 2017 manque de clarté, ses partisans lors de la bataille interne s'agacent de ne plus le voir que préoccupé par la primaire présidentielle de 2016.
Ainsi, l'ancien président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, toujours critique contre Jean-François Copé, n'a pas été tendre également lundi sur LCI avec François Fillon : "le parti ne peut servir uniquement à préparer la primaire de 2017 ou de 2022". Et de réclamer une nouvelle gouvernance à l'UMP avec la création d'un bureau politique "restreint" qui "fixe le cap après un débat ouvert".  Sa charge contre une co-gestion de l'UMP par le duo Fillon-Copé est partagée en coulisses par d'autres chefs à plumes du mouvement. Ainsi, Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand ne voient pas d'un bon œil le partage des postes et des influences entre les deux protagonistes de la bataille interne de cet hiver.

Cette semaine s'annonce celle de tous les dangers pour l'UMP.  Si Jean-François Copé souhaite rapidement passer à autre chose et revenir à des sujets plus économiques ou européens, le vote pour la primaire parisienne en fin de semaine sera un nouveau test de la solidité du parti. Favorite dans les sondages, Nathalie Kosciusko-Morizet est rudement concurrencée sur le terrain par deux candidats qui se sont prononcés contre le
mariage gay, Jean-François Legaret et surtout le jeune et très actif Pierre-Yves Bournazel. Alors que des craintes de triches pèsent sur un scrutin devenu à suspense, une éventuelle mise en difficulté de la très médiatique NKM sonnerait comme un coup de tonnerre national pour la droite. On comprend mieux pourquoi Jean-Pierre Raffarin a mis en garde ses amis la semaine dernière contre les risques "d'éclatement de l'UMP".  
 

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