lundi 24 mars 2014

Le sort de Jean-Marc Ayrault à Matignon est-il scellé ?

ANALYSE. Les socialistes n'avaient pas imaginé une telle défaite dimanche. L'hypothèse du remplacement de Jean-Marc Ayrault à Matignon est relancée à gauche.

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"Vendredi dernier, les uns et les autres avaient déjà changé de ton et envisageaient une défaite". Le dirigeant PS qui s'exprime en privé ne cessait de dire depuis des semaines que l'abstention serait très forte lors du 1er tour et que le tripartisme PS-UMP-FN allait changer la donne. Mais ses camarades ne l'entendaient pas, ou pas assez. Or vendredi, lors d'une réunion avec le Premier ministre, quelques ministres et dirigeants socialistes, les mines étaient plus inquiètes. Mais tous étaient loin d'imaginer la claque qu'allait prendre le Parti socialiste lors de ce premier tour des municipales.

Conséquence,
Jean-Marc Ayrault, la mine défaite, dimanche soir n'avait pas les mots qu'il fallait pour dire aux électeurs que le pouvoir avait entendu leur message de colère. Il n'en fallait pas plus pour relancer lundi les spéculations autour d'un remaniement en profondeur après le 2nd tour. En clair, avec un nouveau Premier ministre.
"Il devrait y avoir un changement de Premier ministre"
Si
François Hollande apprécie sa fidélité à toutes épreuves, Jean-Marc Ayrault est-il encore en mesure de balayer les "doutes" et d'impulser une nouvelle dynamique, au moins jusqu'aux régionales de 2015 ? Rien n'est moins sûr. Pour un parlementaire socialiste, qui a longtemps parié sur un maintien de l'actuel locataire de Matignon, "c'est fini" pour Jean-Marc Ayrault depuis dimanche soir et la "claque" reçue. Il pronostique que le poste de Premier ministre se jouera entre Manuel Valls, le plus populaire au vu des sondages, et Laurent Fabius, le plus expérimenté. "Vu l'ampleur de la claque, il devrait y avoir un changement de Premier ministre, surtout si cela se confirme au second tour", abonde un député PS.

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui ne cache pas son intérêt pour le poste, a défendu mollement lundi sur RTL Jean-Marc Ayrault. "Il faut poser la question au président de la République", a-t-il répondu à une question sur un éventuel changement à Matignon. "Il y a un gouvernement, il y a des textes qui sont programmés pour la rentrée parlementaire la semaine prochaine. En ce qui concerne cet agenda, il n'y a rien de changé", a-t-il observé. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a pour sa part expliqué sur France 2 qu'elle ne croyait pas que la question du remaniement "se pose cette semaine". Après dimanche prochain, "il appartiendra au président de la République d'en décider. Point", a-t-elle ajouté,  appelant à ne pas se "détourner des enjeux locaux" des  municipales.
Le FN au secours du PS dans les triangulaires ?
Au-delà des réactions à chaud, le départ de Jean-Marc Ayrault de Matignon n'est pas encore scellé, loin de là. Tout dépend des résultats du second tour dimanche prochain. Le vote sera-t-il une amplification de la sanction contre le PS avec une nouvelle poussée du FN, ou les électeurs de gauche apporteront-ils une correction en se mobilisant ?  Sans jamais le dire publiquement, les hiérarques de Solférino comptent sur le tripartisme et la force du FN pour limiter une éventuelle vague bleue de l'
UMP. "Les nombreuses triangulaires dimanche prochain devraient nous permettre de limiter la casse et puis ce n'est pas Ayrault le seul fautif de ce premier tour décevant", estime un conseiller ministériel. Pour lui comme pour d'autres, "Hollande va tout faire pour garder Ayrault encore un an pour l'user jusqu'au bout, faire les deux dernières années du quinquennat et préparer 2017 avec un nouveau chef du gouvernement". Il est clair que la carte Valls à Matignon est un fusil à un coup, et que le chef de l'Etat ne doit pas se tromper de timing.

Chez les socialistes, d'autres plaident pour un changement de politique plutôt qu'un changement de tête à Matignon. "La question de la présence de Jean-Marc Ayrault est pendante depuis un an, en fonction des jours pairs ou impairs", résume un député PS. Mais le véritable problème, se désole-t-il, est "cette difficulté à porter la politique pour laquelle la gauche a été élue". L'idée d'un gouvernement resserré, avec l'entrée de figures comme Ségolène Royal continue de faire son chemin. Mais "s'il n'y a pas de réelle réorientation politique, la situation va s'aggraver mois après mois", pronostique ce parlementaire. Pourtant, aucun changement de cap économique n'est envisagé.
Reste une phrase que pourrait méditer François Hollande ces prochains jours. En 2008, après la claque reçue par la droite aux municipales, il avait appelé le président de l'époque, Nicolas Sarkozy, à se "remanier lui-même". A bon entendeur salut.
 

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