vendredi 18 juillet 2014

Au Sénat, l'élection de septembre sera serrée

"On va gagner le Sénat." Le nouveau secrétaire général de l'UMP, Luc Chatel, l'a confié  mercredi au JDD : les prochaines élections sénatoriales du 28 septembre vont selon lui tourner à l'avantage clair de son camp et la chambre haute du Parlement va basculer, après un court intermède à gauche depuis 2011. La logique semble avec lui : la majorité socialiste n'est que de six sièges et, avec les très nombreux succès de l'UMP aux municipales (et comme les sénateurs sont élus essentiellement par les représentants des communes), le principal parti d'opposition devrait l'emporter. En interne, l'UMP a fait ses comptes. Selon un document de la Commission nationale d'investiture du parti, qui liste tous les candidats du parti et leur chance de gagner, l'UMP est déjà sûre de gagner 4 sièges et peut potentiellement en remporter 21 autres. Toujours selon le même document, le PS est sûr d'en obtenir 6 et peut potentiellement en prendre 3 autres.
Sauf que les sénatoriales restent des élections et que leurs modalités ne sont pas si défavorables au PS. Seulement 178 des 348 sièges de la Haute Assemblée sont remis en jeu : cette année seront renouvelés les sénateurs des départements compris, par ordre alphabétique, entre l'Ain (01) et l'Indre (37), puis du Bas-Rhin (67) à l'Yonne (89), hors ceux de l'Ile-de-France, ainsi que ceux de Guyane, de Polynésie française, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, des Iles Wallis et Futuna. A cette liste s'ajoutent deux sièges de sénateurs démissionnaires, dont celui de Jean Arthuis élu en mai au Parlement européen.

Le FN va-t-il avoir son premier sénateur?

Sur ces 130 sièges, le président du groupe socialiste au Sénat, Didier Guillaume, est formel : "Certes la droite va progresser", reconnaît-il. "Mais la série de cette année ne lui est pas favorable, en particulier à l'UMP qui aura 77 de ses 130 sénateurs renouvelables." Il souligne aussi que chaque élection sénatoriale est une élection départementale, par liste dans les départements ayant plus de trois sénateurs et au scrutin majoritaires à deux tours dans les autres. Plus que les questions nationales, ce sont les enjeux locaux qui comptent, selon lui. Et de prédire que le scrutin va se jouer dans un mouchoir de poche.
L'UMP devra, elle, faire face aux dissidences. Et aussi au Front national, qui a considérablement renforcé ses positions après les municipales. Le parti de Marine Le Pen espère obtenir un ou plusieurs sièges, ce qui serait historique. Ce ne sera sûrement pas dans le Vaucluse où Marion Maréchal-Le Pen et Jacques Bompard, maire d'Orange et patron de la Ligue du Sud, n'ont pas réussi à s'unir. Peut-être dans le Gard et plus sûrement à Marseille, où Stéphane Ravier fait tout pour devenir le premier membre du FN à entrer au Palais du Luxembourg. Cette montée en puissance du FN va gêner l'UMP : les voix pour les listes d'extrême-droite vont geler les scores du parti de Luc Chatel. Et les maires des petites communes pourraient bien aussi voter pour des listes Front national plutôt que pour celles de l'UMP.
A l'inverse, quelques facteurs ne jouent vraiment pas en faveur de la gauche : aucun accord n'a été conclu avec les écologistes, ni avec les radicaux et encore moins avec les communistes. Ce sont les maires des petites communes qui font réellement l'élection de part leur nombre. A droite, les candidats affûtent leurs arguments de campagne dans leur direction : ils dénoncent la baisse des dotations aux collectivités, qui vont devoir se serrer la ceinture alors que, selon eux, l'Etat ne fait pas un effort identique. Ils soulignent que la réforme des rythmes scolaires est mise en place par les communes sans compensation financière à long terme et ils critiquent la réforme territoriale.
Le scrutin risque donc d'être très serré. Et l'UMP est sûre d'une chose : certes la victoire de 2014 n'est pas acquise, mais celle de 2017 est assurée.
 

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