dimanche 7 septembre 2014

Manuel Valls : "Il faut tenir!"

Touché mais pas coulé. François Hollande a l'habitude des coups donnés par ses adversaires et par son camp. Mais la violence de l'attaque de son ancienne compagne et le personnage du "Président qui n'aime pas les pauvres" dont elle l'affuble l'a révolté et fait sortir de sa réserve. Lui qui déteste parler de lui a dévoilé sa "raison d'être" avec une émotion qui a marqué, lors de la conférence de presse de clôture du sommet de l'Otan, vendredi : "Je ne laisserai pas mettre en cause […] la relation humaine que j'ai avec les plus fragiles, les plus modestes, les plus humbles, les plus pauvres […], parce que c'est ma raison d'être."

Le chef de l'État ne laissera pas son quinquennat sombrer

Le chef de l'État n'est plus atterré mais au front. Il ne laissera pas son quinquennat sombrer au bout de vingt-huit mois. "Il a parlé avec ses tripes. Il est combatif. L'épreuve du pouvoir l'a rendu très solide, il sait où il va. Le message qu'il nous a délivré au déjeuner, samedi, c'était : 'Je ne vais pas me laisser faire. Je ne suis affaibli ni personnellement ni politiquement'", témoigne un de ses conseillers. Hollande a tenu devant l'ensemble de son cabinet un discours sur les difficultés de la situation internationale, économique et politique. Devant la presse, vendredi, il avait lancé : "J'agis et j'agirai jusqu'au bout." Samedi midi, il a martelé : "Les institutions ont été construites pour nous permettre d'agir, quelles que soient les circonstances, pas pour protéger ma personne mais pour préserver la fonction."
Livre de Trierweiler, démission de Thomas Thévenoud pour raisons fiscales, impopularité record, appel à la dissolution de l'opposition, légitimité présidentielle entamée, la troisième rentrée du quinquennat est bien la plus noire. Un autre proche raconte : "La pique personnelle l'a touché, une fibre a été malmenée. Il va tenir. C'est mal le connaître que de croire que cet homme peut renoncer. On vient de vivre deux semaines noires, mais il va les traverser." Et continuer son mandat jusqu'à son terme. "Je suis contre la démocratie d'opinion. Les institutions ont été faites pour garantir la stabilité et la sécurité. Si, dès qu'il y a une disgrâce de l'opinion, on rentre dans la logique "il faut partir", alors il n'y a plus de pouvoir", dénonce Julien Dray.
"Nous ne sommes pas encore à la moitié du quinquennat. Je ne crois pas que les Français souhaitent une crise institutionnelle qui se grefferait à la crise économique, sociale qui dure depuis des années, confie au JDD Manuel Valls. Cette crise est accentuée par une défiance généralisée, une abstention massive, des scores de plus en plus importants du FN. Face à ce constat, faut-il céder à la pression? Non. Faut-il créer une crise institutionnelle? Non. Cela ne réglerait aucun problème. Si à chaque fois qu'une élection locale est perdue ou qu'un sondage est mauvais nous devions céder, nous mettrions en cause nos institutions", poursuit le Premier ministre. Valls avertit : "Il faut tenir. Les Français ont élu le président de la République pour cinq ans. C'est lui qui a la légitimité du peuple. J'en appelle à la responsabilité de la gauche et du PS, sinon nous serons balayés. Nous devons aller jusqu'au bout et convaincre les Français. Cela passe par le vote de la confiance, le 16 septembre. Cela passe aussi par une reconquête du cœur et des esprits de nos concitoyens par le Président qui prendra du temps."
Comment résoudre la crise de régime? Jean-Christophe Cambadélis, patron du PS, répond : "Notre démocratie est en danger, le pacte républicain entamé, il faut prendre cette question à bras-le-corps avec la réforme institutionnelle." Et "Camba" d'appeler, lui aussi, la gauche à la raison : "Devant un FN qui monte et une droite qui cherche le coup de force, qui veut nous éliminer du débat public, tout le monde se dit qu'il faut être responsable."

"Confier notre destin à un seul homme est archaïque"

Le climat est noir. "Prendre le risque de tout accident législatif aggraverait la crise", prévient le président de l'Assemblée nationale. Pour Claude Bartolone, les institutions de la Ve République sont "dépassées". "L'idée de confier, tous les cinq ans, notre destin à un sauveur suprême est finie. Confier notre destin à un seul homme est archaïque. Dans la période actuelle, le président et le Premier ministre doivent encore plus partager leurs choix et leurs décisions", estime Bartolone. Le collectif pour résoudre la crise, voilà une solution qui devrait plaire à la gauche. De quoi traverser la semaine horribilis du quinquennat. Si François Hollande était croyant, il saurait qu'après le calvaire vint la résurrection.
 

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