C’est clairement une sanction. Assez peu de gouvernements résistent à la crise. Ce que l’on voit en France, avec un président qui monte dans les sondages grâce à la crise, est totalement inédit. Dans les autres pays, c’est beaucoup plus traditionnel : le gouvernement en place est tenu comme responsable de la situation du pays. Même si, dans les faits, ce n’est pas entièrement vrai.
Il y aurait donc une exception française?
La difficulté en France est que le programme du candidat de gauche n’est pas le sien mais celui d’un parti, réalisé avant que la crise n’arrive à son paroxysme. Du point de vue de l’opinion publique, cela crée une difficulté. Le candidat est donc obligé de se défaire peu à peu de ce programme. Cet exercice est compliqué.
Être élu sans rien promettre, comme l’a fait le leader de la droite espagnole Mariano Rajoy, peut-il se reproduire?
Absolument. Les opinions publiques sont devenues matures, elles comprennent très bien cela. L’exemple de l’Espagne est intéressant : honnêtement, José Luis Rodriguez Zapatero a fait tout ce qu’il devait faire, d’un point de vue économique. Il est irréprochable donc cela montre bien que ce n’est pas une question droite-gauche. Mais les mesures qu’il a prises sont impopulaires et en face, la droite a simplement porté une alternative.
Absolument. Les opinions publiques sont devenues matures, elles comprennent très bien cela. L’exemple de l’Espagne est intéressant : honnêtement, José Luis Rodriguez Zapatero a fait tout ce qu’il devait faire, d’un point de vue économique. Il est irréprochable donc cela montre bien que ce n’est pas une question droite-gauche. Mais les mesures qu’il a prises sont impopulaires et en face, la droite a simplement porté une alternative.
"Ceux qui ne chiffreront pas leur programme n’auront pas les suffrages"
Les électeurs ne se fient donc plus aux promesses électorales?
Oui, c’est vraiment nouveau depuis 2007-2008 [dates de la crise des subprimes aux Etats-Unis et du début de la crise financière en Europe]. Et cela s’est accéléré avec la crise de la dette.
Oui, c’est vraiment nouveau depuis 2007-2008 [dates de la crise des subprimes aux Etats-Unis et du début de la crise financière en Europe]. Et cela s’est accéléré avec la crise de la dette.
La gauche est-elle plus touchée par ce phénomène?
Pas au niveau européen, où les gauches sont en difficultés seulement parce qu’elles sont au pouvoir. Mais en France peut-être. En schématisant, la tradition d’une campagne électorale est que la gauche promet des dépenses supplémentaires et la droite, une baisse des impôts. Aujourd’hui, cette logique n’est plus prisée par l’opinion publique. Cela nécessite un changement intellectuel et pour l’instant, la gauche a du mal à travailler sur cette question, car elle devra absolument réduire les dépenses publiques.
Pas au niveau européen, où les gauches sont en difficultés seulement parce qu’elles sont au pouvoir. Mais en France peut-être. En schématisant, la tradition d’une campagne électorale est que la gauche promet des dépenses supplémentaires et la droite, une baisse des impôts. Aujourd’hui, cette logique n’est plus prisée par l’opinion publique. Cela nécessite un changement intellectuel et pour l’instant, la gauche a du mal à travailler sur cette question, car elle devra absolument réduire les dépenses publiques.
En France, la crise va donc continuer à favoriser le président sortant?
Jusqu’à un certain point, seulement. Si la situation s’aggrave, par exemple si le pays perd son triple A, il peut y avoir un mouvement d’humeur qui se retourne contre le gouvernement. Mais cela ne va pas forcément profiter qu’à la gauche, mais aussi aux extrêmes ou, ce qui est le plus crédible, au centre.
Jusqu’à un certain point, seulement. Si la situation s’aggrave, par exemple si le pays perd son triple A, il peut y avoir un mouvement d’humeur qui se retourne contre le gouvernement. Mais cela ne va pas forcément profiter qu’à la gauche, mais aussi aux extrêmes ou, ce qui est le plus crédible, au centre.
Mais pour toutes les formations, le chiffrage du programme électoral est indispensable…
C’est ce qui est passionnant pour cette campagne. Ceux qui ne le respecteront pas n’auront pas les suffrages car je crois que les électeurs ont très bien compris que l’Etat ne pouvait pas dépenser plus que ce qu’il gagnait. Les extrêmes, s’ils ne restent pas dans une logique d’opposition et veulent avoir des responsabilités, devront également le faire.
C’est ce qui est passionnant pour cette campagne. Ceux qui ne le respecteront pas n’auront pas les suffrages car je crois que les électeurs ont très bien compris que l’Etat ne pouvait pas dépenser plus que ce qu’il gagnait. Les extrêmes, s’ils ne restent pas dans une logique d’opposition et veulent avoir des responsabilités, devront également le faire.
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