Le monde rural était au centre des débats de campagne jeudi à
Montpellier. Sept candidats à la présidentielle se sont succédés au congrès de
la Fédération nationale des syndicats agricoles (FNSEA), invités à exposer
leurs propositions sur ce secteur. Trois postulants - Nathalie Arthaud, Jean-Luc
Mélenchon et Philippe Poutou - avaient décliné l'invitation lancée par le
principal syndicat agricole français aux côtés d'une vingtaine d'organisations
du monde rural. A la tribune, Nicolas
Sarkozy s'est engagé à négocier auprès de la Commission européenne
un allègement des charges pour les agriculteurs. Comme les six autres candidats,
il a annoncé des mesures en faveur du stockage de l'eau, alors que pourrait
démarrer en France une nouvelle période de sécheresse plus précoce que celle de
2011.
Nicolas Sarkozy a aussi défendu son projet de "small
business act". "Depuis 1994, nous (l'UE) avons ouvert tous nos marchés
publics en Europe" alors qu'"au Japon, le seul marché public ouvert
(est) l'eau, en Chine, aucun marché (n'est) ouvert", a-t-il également
rappelé. "Les choses sont simples : réciprocité ou dans un an on appliquera
des règles. Ca vaut pour l'agriculture,
ce qui permettra de protéger nos agriculteurs", a-t-il ajouté, sous les
applaudissements.
Le président-candidat a également taclé ses adversaires François
Hollande et Eva
Joly, en les nommant, affirmant notamment que le candidat PS
qualifiait sa "TVA anti-délocalisation" d'"impôt des pauvres",
alors que lui voyait dans cet impôt le moyen de lutter contre les
délocalisations et de renforcer la compétitivité, sinon, "c'est la
mort" des entreprises. En revanche, sans la nommer, le président candidat a
critiqué Marine
Le Pen. "La personne qui m'a précédé devrait arrêter de taper
sur l'Europe car sans l'Europe, il n'y aurait pas de PAC (Politique agricole
commune) et sans la PACF, il n'y aurait plus d'agriculteurs en France",
a-t-il dit.
Marine Le Pen s'en prend au président de la
FNSEA
Invitée à s'exprimer, celle-ci s'en est prise au président du syndicat, Xavier Beulin, aussi président de Sofiprotéol, établissement financier de la filière française des huiles et protéines végétales. Sofiprotéol détient ainsi le contrôle des huiles Lesieur. La dirigeante frontiste s'est déclarée "surprise" de constater que l'un des thèmes sur lesquels les candidats étaient invités à plancher "semblait plus consacré aux intérêts personnels de Xavier Beulin". La candidate du FN l'a qualifié de "mauvais lobbyiste"."Vous êtes favorable aux OGM, vous espérez augmenter vos marges en les imposant aux Français, c'est votre droit, mais le mieux, c'est d'oser le dire franchement", a-t-elle ajouté sous les huées de la salle. "Me faire traiter de lobbyiste et d'être maqué avec les milieux financiers, je conteste", a déclaré Xavier Beulin, interrogé sur cette attaque. "Oui, j'assume de présider un organisme important dans une filière agricole, mais je le fais au nom des producteurs agricoles et je n'ai aucune leçon à recevoir de Marine Le Pen dans la mesure nous essayons de rapporter de la valeur au producteur", a-t-il ajouté.
Eva Joly, la candidate EELV, s'est dite satisfaite de l'accueil
des agriculteurs. "Nos idées progressent de jour en jour, de plus en plus
d'agriculteurs se mettent à l'agriculture biologique ou éco-biologique car ils
s'en sortent mieux", a-t-elle affirmé. "J'en ai assez des caricatures
chez certains politiques et aussi chez certains agriculteurs", a affirmé
Eva Joly tout en reconnaissant que "la caricature fonctionne aussi dans
l'autre sens", celui des écologistes. Elle s'est défendue d'une
"écologie punitive", un concept lancé par Xavier Beulin, président de
la FNSEA, principal syndicat agricole français, très remonté contre les règles
environnementales imposées aux agriculteurs. Pour Mme Joly, cette formule est
"le vocabulaire de personnes qui ne souhaitent pas voir la réalité en face
et qui pensent que nos propositions sont faites pour les punir". Devant les
journalistes, Mme Joly a critiqué l'autorisation dont vont bientôt bénéficier
les agriculteurs pour construire des retenues d'eau jusqu'à un certain volume.
Hollande et Bayrou disent croire aux "corps
intermédiaires"
Alors que François Hollande et François
Bayrou ont affirmé chacun qu'ils croyaient "aux corps
intermédiaires", que lui-même avait critiqués, notamment les syndicats,
Nicolas Sarkozy a tenu à mettre les choses au point devant la FNSEA : "il
m'est arrivé de parler des corps intermédiaires. Il y a des corps intermédiaires
qui ont une seule idée : de bloquer et de casser" toute discussion. "Et puis il
y a des corps intermédiaires qui prennent leurs responsabilités pour défendre
les réformes". Jacques Cheminade et Nicolas Dupont-Aignan se sont également
exprimés.
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