vendredi 25 février 2011

Villepin-Sarkozy: Cent minutes pour se convaincre

Un tête à tête d’une heure quarante. Cent minutes sans se convaincre visiblement. Après s’être ignorés pendant presque neuf cents jours, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont pris le temps de se dire les choses dans le huis clos du bureau présidentiel. Accueilli juste avant 11 heures par Claude Guéant, secrétaire général de la présidence de la République, l’ancien Premier ministre est ressorti peu après 12h40.


A l’Elysée, les proches du Président sont restés discrets sur la teneur de cet entretien dont l’ordre officiel était consacré au G20. Inversement, Dominique de Villepin ne s’est pas privé pour communiquer abondamment. Le service de presse de son parti, République Solidaire, avait même donné rendez-vous aux journalistes devant l’Hôtel Marigny, situé en face l’Elysée.


"Un dialogue, franc, républicain"
"Nous avons eu avec le président de la République un dialogue direct, franc, républicain. J’ai eu le souci de l’alerter sur les grands enjeux et une situation grave sur le plan intérieur et sur le plan international, et j’ai eu le souci de rappeler ce que me paraissaient être les grandes exigences face aux difficultés que nous traversons", a-t-il expliqué. Puis, l’ancien ministre des Affaires étrangères s’est lancé dans une longue explication sur la situation internationale: "Ma conviction, c’est que notre nôtre historique, notre responsabilité, c’est d’être devant pour saluer ce mouvement des peuples, pour saluer cet événement historique que constituent à la fois un mouvement non violent et un mouvement qui se fait au nom des libertés."


Sur le trottoir de l’Elysée, le futur candidat à la présidentielle a renouvelé ses critiques contre le débat sur la place de l’Islam lancé par Jean-François Copé à la demande de Nicolas Sarkozy. Celui qui vient de quitter l’UMP a fait valoir que "l’intérêt supérieur de la Nation, l’intérêt général des Français doit passer avant autre chose".


Et l’affaire Clearstream? Dominique de Villepin a refusé d’en parler devant la presse. Les deux hommes ont-ils évoqué l’affaire de falsification des comptes bancaires de la banque luxembourgeoise qui a valu un procès à l’ancien Premier ministre. Procès dont il est ressorti relaxé en première instance mais dont il n’est pas quitte puisqu’il y aura un second procès en avril prochain.


Un déjeuner avec Borloo
Avant de se rendre à l’Elysée, Villepin avait "verrouillé", selon le mot d’un de ses partisans, l’entretien avec Sarkozy. "Il se méfiait de la manipulation et de l’interprétation qui aurait pu être faite de ce rendez-vous. C’est pour cela qu’il a annoncé la veille qu’il quittait l’UMP", confie Jean-Pierre Grand, député villepiniste.


Dominique de Villepin était également invité au 20 heures de France 2. Face à Marie Drucker, il a voulu prendre de la hauteur. "J’ai pour ma part tourné la page et je n’ai aucun ressentiment vis à vis de Nicolas Sarkozy", a-t-il affirmé à propos de son entrevue avec le président. Interrogé sur une éventuelle candidature à la présidentielle, il a esquivé la question en expliquant qu'il faut "d'abord définir un projet", avant de lâcher qu'il ne l'annoncerait "pas ce soir". "Il y a un temps pour cela", a indiqué l'ancien Premier ministre, sans plus de précisions.


Reste encore à Villepin à réunir les cinq cents signatures nécessaires à une candidature à l’Elysée et surtout à trouver un financement. Ce qui n’est pas gagné. Crédité de moins de 5% dans les dernières enquêtes d’opinion, Villepin va devoir cravacher s’il veut vraiment être sur la ligne de départ de l’élection de 2012.


A l’Elysée, le rendez-vous avec Dominique de Villepin semblait presque loin en fin de journée. Comme si on cherchait à minimiser la portée de la rencontre. Il faut dire que Nicolas Sarkozy a enchaîné, juste après avoir vu son rival, avec sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, dont les jours au Quai d’Orsay semblent comptés. Le Président a ensuite déjeuné avec l’ancien ministre Jean-Louis Borloo. Un autre éventuel candidat à la présidentielle que Nicolas Sarkozy a tenté d’amadouer.


http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Dominique-de-Villepin-a-ete-recu-a-l-Elysee-par-Nicolas-Sarkozy-273867
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