Pour discuter du projet, Aubry a créé au début de l’année une nouvelle instance, le conseil politique, qui réunit de Hollande à Royal en passant par Fabius, Delanoë, Hamon, Emmanuelli, Montebourg, Moscovici, Valls, les quinze principaux dirigeants du PS. Bachelay est allé les voir en tête à tête dans leur bureau. Et tous ont été sensibles à cette attention. Le secrétaire national à l’industrie a choisi de rencontrer deux autres personnalités: Pierre Mauroy, qui, en 2002, s’était ému qu’il n’y ait pas le mot "ouvrier" dans le programme présidentiel. Bachelay a également passé deux heures avec Lionel Jospin sur l’état de la France, la caractérisation du sarkozysme, la réorientation européenne et la mondialisation ainsi que la démocratie. L’ancien Premier ministre avait sorti sa plus belle plume pour plancher sur ces questions, ses fiches étaient prêtes.
"L’ambiance était bonne, assez détendue, très studieuse"
Gilles Finchelstein, penseur et plume de DSK, a aussi été consulté et il a apprécié: "La cheville ouvrière du texte, Guillaume Bachelay a veillé à l’état d’esprit positif." "Ce qui nous était demandé était que le texte soit novateur et acceptable par tous", souligne Alain Bergounioux, autre plume du texte, rompu à l’exercice, puisqu’il avait écrit le projet du PS en 2001 avec Martine Aubry. Les mardis matin de 9 heures à 13 heures, Aubry a réuni son conseil politique: une séance sur le cadrage politique, une sur l’architecture générale du texte, une sur le financement et le "cadrage macroéconomique" exposé notamment par le "hollandais" Michel Sapin et l’aubryste Jean- Marc Germain, enfin une sur les mesures phares. Rien ou presque n’a filtré.
"On sent qu’on en envie de gagner", s’amuse un dirigeant. "L’esprit a été bon, sérieux, il fallait qu’on apprenne à se parler, c’était de bon niveau, ça pourrait être le gouvernement du pays", note Moscovici. "L’ambiance était bonne, assez détendue, très studieuse", relève un royaliste. Le mardi soir, les rapporteurs se réunissaient, triaient dans les multiples propositions issues des conventions du PS ou des forums des idées. Martine Aubry a relu ellemême jusqu’à la dernière minute, aidée par Jean-Marc Germain, sa plume et directeur de cabinet. Elle a trouvé le titre, hier. Aubry finira cet après-midi d’arbitrer les vingt mesures phares. Le texte sera transmis demain au conseil politique et mardi matin au bureau national.
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