samedi 7 mai 2011

François Bayrou : se préparer sans le dire

François Bayrou n'entrera pas dans la valse des candidatures. Mais il continue de danser dans son coin. Jean-Louis Borloo grimpe dans les sondages? Dominique de Villepin peut rogner sur son électorat? Le positionnement de Nicolas Hulot fait débat? Le leader du Modem n'en a cure et continue son bonhomme de chemin, convaincu que la voie qu'il a lui-même tracé -ni gauche ni droite-, est la bonne : "Le courant démocrate, n’est pas soluble dans la majorité, et il est différent du socialisme, résume-t-il. Il est indispensable à l’avenir de notre pays." Dans un entretien au Figaro Magazine publié vendredi, le troisième homme de l'élection présidentielle de 2007 martèle ses convictions, dresse un bilan sévère de quatre ans de sarkozysme. Et en conclut que c'est vers lui que la France doit se tourner.
Et pour convaincre, François Bayrou réaffirme son indépendance – et sa différence. "Sans Bayrou, la confédération du centre est boiteuse", expliquait Jean Arthuis au JDD.fr, jeudi. Le président de l'Alliance centriste devra se faire une raison. "Tout cela n’a de centre que le nom, tranche le patron du Modem. Si les mots ont un sens, le centre veut dire qu’on récuse la guerre des deux camps. Or, que disent ceux qui veulent constituer cette confédération ? Qu’ils sont dans le camp de la majorité", rappelle-t-il, concluant avec sévérité : "Un groupuscule de plus, cela ne sert à rien".

"Je suis et je serai au rendez-vous. Le temps viendra"

Borloo n'aura donc pas ses faveurs, "le Front national fait tanguer l’UMP" et "les divisions de la gauche apparaissent au grand jour." Il ne reste donc que lui, même si le Béarnais laisse la porte ouverte à des ralliements de dernière minute. "J’ai conservé avec Michel Mercier, le garde des Sceaux, des liens d’amitié qui ne se sont jamais démentis. Idem avec Jean Arthuis", assure-t-il. Pour peser, il ouvre grand les bras, assure qu'il "ne vit pas de ressentiment" et rappelle que "tous [les centristes, Ndlr], nous appartenons au même courant politique, même s’il est provisoirement divisé." Lui rêve donc de le rassembler, mais sans le dire aussi fort que Jean-Louis Borloo.
S'il n'est pas encore officiellement candidat - "Je suis et je serai au rendez-vous. Le temps viendra", glisse-t-il tout de même -, François Bayrou, interrogé sur les parrainages nécessaires, a tout pour le devenir : "Les élus indépendants et les élus du centre se comptent par milliers. Ils ne se laisseront pas intimider. Nous avons bâti un courant politique qui a les moyens de son indépendance politique et financière", assure-t-il, avant, actualité oblige, de dresser le bilan des quatre années de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
"Le bilan est cruel. Je ne vois pas un seul chapitre de la vie nationale qui aille mieux en 2011 qu’il n’allait en 2007. L’éducation ne va pas mieux. Notre économie est, dans bien des secteurs, en péril. L’emploi souffre. Le secteur de la santé est en doute. La sécurité ne s’est pas améliorée. La justice est dans une crise sans précédent. Les membres de la fonction publique se sentent abandonnés." Le réquisitoire est sévère. Il l'est moins à l'égard du Parti socialiste : "Dans leur programme, il y a des choses positives ou acceptables, bien sûr, que nous défendons depuis longtemps, notamment sur les institutions." Avant de tempérer son propos : "Je suis en désaccord avec l’inspiration générale qui s’en remet à l’Etat." Des critiques tous azimuts, mais point de propositions alternatives. Pour le programme, il faudra encore attendre. Attendre une candidature qui "viendra."
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