La politique reprend progressivement ses droits au PS, encore groggy après l'inculpation de DSK et empêtré dans la suite à donner à la primaire. Maintenir cette confrontation en évitant un pugilat potentiellement suicidaire pour la présidentielle, tel est le défi à relever par la direction du parti. Le devoir de tempérance est d'autant plus grand que le brutal retrait du favori des sondages, inculpé aux Etats-Unis, n'a pas remis en cause l'avance du PS pour 2012. Qu'il s'agisse de François Hollande, déjà en campagne, ou du premier secrétaire, Martine Aubry, pas encore déclarée, ils arriveraient en tête devant Nicolas Sarkozy au premier tour, avec une légère avance pour le premier.
L'avantage de François Hollande est plus franc dans les enquêtes jaugeant les intentions des sympathisants de gauche qui participeront à la primaire prévue en octobre. Une avance qui ne lui fait pas que des amis, à l'heure où beaucoup poussent Martine Aubry à se lancer dans la course tandis que la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, en retard dans les sondages, n'a pas dit son dernier mot.
Aujourd'hui, le spectre des divisions internes ressurgit. A l'image du congrès de Reims de novembre 2008 qui avait vu Martine Aubry l'emporter d'un cheveu face à Ségolène Royal dans une ambiance délétère. La droite ne semble pas douter des déchirements à venir. Le député "aubryste" Olivier Dussopt juge au contraire de bon augure l'unité affichée lors du séisme Strauss-Kahn. "Les socialistes gèrent cette crise avec dignité et donnent l'exemple de leur capacité à rester unis, soudés, à affronter des difficultés sans se taper dessus ni tomber dans l'insulte", a-t-il dit à Reuters. "Je pense que la primaire peut être du même tenant". Invité vendredi de France 2, le président du Conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon,a prié ses camarades de "dépasser l'esprit de boutiques".
Cambadélis : "nous donner le temps de la réflexion"François Hollande estime qu'on veut lui barrer la route sous prétexte de rassembler les troupes. "On dramatise la situation pour justifier la candidature et le rassemblement autour de Martine Aubry", dit-il dans Le Monde daté de samedi. Si le député Claude Bartolone propose d'annuler la primaire, un avis plutôt isolé, plusieurs élus "orphelins" de Dominique Strauss-Kahn réclament un gel du processus. "Nous devons nous donner le temps de la réflexion, le débat est ouvert", dit Jean-Christophe Cambadélis dans Le Monde, rejoignant Manuel Valls, qui propose de mettre la primaire "entre parenthèses". "Les primaires ne doivent pas être le match retour du congrès de Reims", prévient ce dernier dans Le Parisien.
Sur Public Sénat, le sénateur François Patriat s'interroge : "Est-ce qu'il faut garder le processus ou penser à un autre processus plus élargi à toute la gauche ? Ou à un mode de désignation plus consensuel ? Est-ce qu'il ne faut pas se mettre d'accord sur un nom pour gagner et gérer ?" Chez les partisans de François Hollande, en campagne à Dijon vendredi, on trace sa route sans en dévier. Le député André Vallini invite Martine Aubry à s'écarter en faveur du mieux placé des deux, comme elle en avait convenu avec Dominique Strauss-Kahn. "Pourquoi Martine Aubry n'applique-t-elle aujourd'hui pas ce principe avec François Hollande ?", a dit le député sur LCI. Une proposition de l'ordre de la "provocation" pour Olivier Dussopt, qui juge l'idée "ridicule" au regard de la volatilité des sondages. Pour le benjamin de l'Assemblée nationale, une chose est sûre: Martine Aubry briguera l'Elysée. Les socialistes donneront une première idée de leur capacité à surmonter l'épreuve la semaine prochaine avec plusieurs réunions de strauss-kahniens et la convention samedi 28 mai sur le projet pour 2012.
http://lci.tf1.fr/politique/sans-dsk-le-ps-craint-le-retour-des-divisions-6495693.html
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