mardi 23 août 2011

La Libye, un succès de la diplomatie Sarkozy

Avec la victoire attendue des rebelle à Tripoli, Nicolas Sarkozy marque un point, lui qui, durant des mois, parfois traité de "Rambo", a bousculé ses partenaires internationaux pour lancer une action militaire contre le régime du colonel Kadhafi. "Aujourd'hui, chacun peut se féliciter que la France se soit grandie en s'engageant avec détermination et succès pour gagner la bataille de la liberté en Libye", a aussitôt réagi le responsable socialiste Jack Lang. Il a estimé, en citant notamment M. Sarkozy, qu'il fallait "savoir aussi rendre justice à ceux qui ont inspiré l'action internationale des Nations-Unies".
La France a proposé lundi une réunion la semaine prochaine à Paris du Groupe de contact sur la Libye pour "fixer la feuille de route" de la communauté internationale. Nicolas Sarkozy a appelé les combattants pro-Kadhafi à cesser "immédiatement" le feu", et "condamne avec la plus grande fermeté les appels irresponsables et désespérés" du colonel libyen à poursuivre les combats, selon un communiqué de l'Elysée publié lundi. Dimanche, il avait "exhorté" Kadhafi "à renoncer sans délai à ce qui lui reste de pouvoir" et salué "le courage des combattants du CNT (Conseil national de transition) et du peuple libyen qui se soulève".

Vivement critiqué pour la lenteur de sa réaction aux événements de Tunisie et d'Egypte fin 2010-début 2011, le président avait au contraire promptement réagi aux protestations sans précédent, en février, contre le régime Kadhafi. Par sa détermination, il espérait aussi faire oublier le tapis rouge déployé à Paris pour le numéro un libyen en décembre 2007, en remerciement de la libération quelques mois plus tôt des infirmières bulgares. Il sera le premier chef d'Etat à demander le départ de Kadhafi (25 février) et le premier (11 mars) à reconnaître le CNT comme seul "représentant" du peuple libyen, et à envoyer un ambassadeur dans leur fief de Benghazi (est), prenant même de court son propre chef de la diplomatie.

Alors que le régime promet de réprimer la rébellion "dans le sang", Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron persuadent l'Otan et des pays arabes (Qatar, Emirats arabes unis) de lancer une action contre le régime de Kadhafi. L'Allemagne est contre, l'Italie réticente, les Etats-Unis, déjà empêtrés sur deux fronts, l'irakien et l'afghan, se montrent, au départ, moins déterminés: Paris et Londres obtiennent néanmoins l'aval de l'Onu, avec la résolution 1973 autorisant l'usage de la force par voie aérienne mais interdit le déploiement de troupes au sol.

Surtout, Nicolas Sarkozy réussit à convaincre Moscou et Pékin - pourtant extrêmement rétifs à cette opération - à ne pas opposer leur veto au Conseil de sécurité. Le 19 mars, en accord avec Londres, Washington et des partenaires arabes qu'il venait de réunir à Paris, il annonce le début de l'action militaire contre la Libye. Pour M. Sarkozy, le pari est énorme. En mars, la presse tire à boulets rouges sur lui, l'accusant de vouloir "faire un coup médiatique", le qualifiant de "super-Rambo", se moquant de son "expert tout terrain" Bernard-Henri Lévy, le philosophe qui lui a présenté les chefs de la rébellion libyenne et lui promettant "l'enlisement" comme en Afghanistan. Surtout, la guerre coûte cher (1,2 million d'euros par jour) en pleine crise. Mais il tient bon. A trois reprises, il reçoit des représentants du CNT à Paris. Il envoie des experts à Benghazi et fait même livrer des armes à la rébellion.

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