samedi 27 août 2011

A Nouméa, Sarkozy entre fermeté et apaisement

Surtout, ne pas jeter de l’huile sur le feu. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, marche sur des oeufs en Nouvelle-Calédonie, alors qu’il visite pour la première fois l’archipel depuis son entrée à l’Elysée. Ce voyage, qui durera jusqu'à dimanche, intervient après de graves troubles qui ont causé la mort de quatre personnes début août sur l’île de Maré, autour d’un conflit sur le prix des billets de la compagnie aérienne locale Air Calédonie. Dans ce territoire où toute intervention du pouvoir métropilitain reste sensible, le chef de l’Etat a appelé au compromis. "Je reste convaincu, qu'y compris dans le camp des indépendantistes que je respecte, il y a un attachement, aussi, pour la France, pour l'histoire commune" et qu'"il y a même de l'inquiétude à l'idée qu'on se sépare (...) mais réfléchissons, il va bien falloir faire des compromis", a lancé Nicolas Sarkozy.
Le sort de l’archipel est en effet lié à la tenue d’un référendum, entre 2014 et 2018, qui doit trancher la question de l’autodétermination. Prévu par les accords de Nouméa de 1988, ce vote aboutirait à une décision brutale qui pourrait frustrer l’une des deux parties. Pour éviter cela, la droite non-indépendantiste et les indépendantistes kanaks doivent parvenir à un consensus avant la date. "Des deux côtés, il y a eu un travail de remise en cause des fondamentaux qui s'est engagé", s'est félicité Nicolas Sarkozy. "Vous avez mis du pragmatisme dans vos idées", a-t-il ajouté. Soucieux de ne pas froisser les indépendantistes, le président a également martelé son “respect de la culture kanak”. Et, laissant une porte ouverte, Nicolas Sarkozy a affirmé: "Nous sommes prêts à aller très loin dans la spécificité de la Nouvelle-Calédonie."

L'alcoolisme "inacceptable"

Mais Nicolas Sarkozy a également fermement condamné tout recours à la violence, comme dans l’épisode de l’île de Maré. "Rien ne justifie la mort de quatre personnes dans de pareilles circonstances", a souligné le chef de l’Etat. "Les luttes coutumières, syndicales ou politiques doivent se régler par le dialogue, l'échange, le cas échéant l'élection. Jamais par la violence, qui tombe sous le coup de la loi", a-t-il encore ajouté. "En Calédonie, moins qu'ailleurs, on ne peut tolérer la première violence, parce que la mèche peut être toute petite qui fait le grand incendie", a conclu Nicolas Sarkozy.
Le président a également affiché une volonté de répondre à la délinquance dans l’archipel, qui est en forte hausse depuis le début de l’année. Toujours à l’aise dans son costume de super-flic, Nicolas Sarkozy a promis plus de policiers et une nouvelle prison pour Nouméa, où l’actuel pénitencier est actuellement submergé par un taux d’occupation supérieur à 200%. Il a également tapé du poing sur la table en dénonçant l’alcoolisme "inacceptable" qui entraîne une mortalité très élevée dans la région. Le chef de l'Etat a aussi évoqué une éventuelle aide des services de l’Etat français dans la chasse aux pratiques anticoncurrentielles, dénoncées par des Néo-Calédoniens excédés par le coût de la vie. Des promesses qui tombent à quelques mois de l’élection présidentielle et qui ne manqueront pas d’être scrutées dans ce territoire qui avait donné à Nicolas Sarkozy son meilleur score outre-mer en 2007, avec 62,8% des voix.
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