lundi 3 octobre 2011

2017 : NKM s’y voit

C’est le scénario clés en main vendu par les Copé, Jacob, Le Maire, Pécresse, Baroin et Chatel, la bande des quadras de l’UMP : la présidentielle de 2017 sera "leur" moment. Mais n’oublieraient-ils pas quelqu’un? En ces temps de déprime à droite, Nathalie Kosciusko-Morizet semble plutôt enjouée. Légère même, malgré les hamburgers dévorés avec Nicolas Sarkozy.
La semaine dernière, elle était la seule ministre dans l’avion présidentiel qui revenait de la 66e Assemblée générale de l’ONU, à New York. Là-bas, le Président avait entraîné sa ministre de l’Écologie au Waldorf Astoria pour rencontrer Barack Obama. "Tu vas voir, lui a-t-il confié, c’est passionnant." La première fois qu’elle croisait le président américain. Le lendemain, le chef de l’État français a ignoré le discours sur la sécurité nucléaire de ses conseillers. Parce que "Nathalie" le jugeait trop "mou", Nicolas Sarkozy a piqué le stylo d’Alain Juppé et réécrit un plan en quatre points sous la dictée de sa ministre.
Extase de la réhabilitation pour celle qui l’avait tant agacé en avril 2008, alors secrétaire d’État à l’Écologie. Elle avait traité Jean-François Copé et Jean-Louis Borloo de "lâches" et d'"inélégants" au moment du débat parlementaire sur les OGM. La saillie lui avait valu une relégation d’un an et demi au secrétariat d’État à l’Économie numérique avant que la polytechnicienne ne revienne par la grande porte, en novembre dernier, à la tête du ministère de l’Environnement. Un "empire", sourit-elle, avec l’élégance vaporeuse d’une marquise. Sur cette période de disgrâce, elle ne s’étend guère. "Disgrâce? C’est votre jugement, s’énerve-t-elle soudain. Je ne commente pas mes relations avec le Président."

Le choix du créneau anti-FN

Elle est plus diserte sur ce sondage (TNS- Sofres pour Dimanche +) qui vient de la classer quatrième, derrière François Fillon, Jean-François Copé et François Baroin, des personnalités qui incarnent l’avenir à droite. "C’est plutôt agréable. Même si je connais les limites de ce genre d’étude", explique-t-elle. Plutôt agréable quand, au même moment, Alain Minc, très influent conseiller de Nicolas Sarkozy, se répand dans tout Paris pour louer ses qualités. Et notamment son choix de se placer sur un créneau anti-FN. "Je n’ai pas de raisonnement stratégique là-dessus. Pour moi, c’est une réaction tripale", assure celle qui, en 2009, avait sidéré son monde, dont son ancien ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, en affirmant ses ambitions présidentielles. "C’est incroyable ce qu’elles peuvent être dures, dans la nouvelle génération", avait commenté, incrédule, l’ancien maire de Valenciennes.
Deux ans plus tard, celle qui s’est fait un acronyme ("NKM") précise ses intentions. À 38 ans, on croyait ce soutien de François Fillon tenté par l’aventure de 2022? Eh bien, non, 2017, elle y pense en se coiffant. Elle aura 44 ans alors que la plupart de ces concurrents auront passé le cap de la cinquantaine. Trop jeune, trop tendre? La réponse est cinglante : " Jamais je ne raisonne en terme d’âge ou de sexe. Par tempérament, je ne m’interdis rien." Car elle aussi bâtit son scénario : "En 2017, il est assez probable que l’on soit dans une configuration qui nécessite des primaires."
En ce qui la concerne, la guerre est déjà déclarée. Ainsi a-t-elle saisi à New York le premier micro tendu pour dire tout le mal qu’elle pensait de la proposition de l’UMP de créer un serment d’allégeance aux armes. "Cela fait très anti-Copé, non?", faisait-elle ensuite mine de s’émouvoir. Interrogée en privé sur l’éventualité d’une candidature NKM à la présidentielle, le secrétaire général de l’UMP a lâché : "Si on va par là, cela peut-être plein de gens." À cet assaut d’amabilités, ajoutons ce commentaire acerbe de NKM : "Ah bon, il faut avoir dirigé un parti pour faire carrière en politique? De Gaulle n’aurait pas dit cela."

Elle envoie directement ses propositions à l’Élysée ou à Matignon

Nicolas Sarkozy voulait "une majorité combative"… Mais avec ses torpilles, NKM, droite dans ses stilettos, vise aussi ceux que l’on pensait ses alliés, tel Laurent Wauquiez, leader de la droite sociale, auteur d’une sortie très polémique sur "l’assistanat". "Moi, je n’ai pas créé la droite ceci-cela", lance celle qui envoie directement ses propositions à l’Élysée ou à Matignon. Des suggestions sur l’environnement. La ministre veut augmenter la TVA (aujourd’hui à 5,5%) sur les produits phytosanitaires. Ou rapprocher le niveau des taxes entre le diesel et l’essence.
Ses adversaires regrettent, sinon fustigent, sa propension à "jouer solo". "La valeur ajoutée dans un collectif, réplique-t-elle, c’est quand on fait entendre sa différence. Je ne vis pas les divergences dans l’UMP comme un drame. Vous pouvez être minoritaire dans votre parti et préparer la suite."
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