jeudi 26 janvier 2012

Fabius, l'ex-ennemi devenu allié

Les deux hommes ne s'appréciaient pas. Et cette inimitié était connue de tous. La relation entre Laurent Fabius et François Hollande a pendant plusieurs années été tumultueuse, voire chaotique. Désormais, la page semble tournée et leur relation transformée. L'ancien Premier ministre, qui avait soutenu DSK avant de se rallier à Martine Aubry pendant la primaire, endosse désormais un rôle de premier plan dans la campagne de son ancien ennemi. Absent de l'organigramme de campagne, le député de Seine-Maritime va en fait travailler sur la première année de mandature de François Hollande, en cas de victoire en 2012. Autrement dit, il s'agit de traduire le programme du candidat – dévoilé jeudi dans son intégralité – en projet législatif. "Laurent Fabius a fait un travail extrêmement important au cours de ces derniers mois, destiné à préparer les premières mesures du quinquennat de manière à pouvoir prendre en urgence les mesures les plus essentielles à la réussite de notre politique de redressement du pays", détaille pour leJDD.fr Bernard Cazeneuve, fabiusien historique.
Et les signes de reconnaissance du député de Corrèze envers l'ancien ministre du Budget sont multiples. Quand la France perd son triple A, c'est Laurent Fabius qui vient en personne relayer la parole socialiste lors d'un point presse rue de Solferino – François Hollande était en déplacement aux Antilles - avant même celui organisé chaque semaine par le porte-parole du parti, Benoît Hamon. Aussi, François Hollande n'a pas négligé la place accordée aux Fabiusiens dans son équipe de campagne. Guillaume Bachelay, ancienne plume de Laurent Fabius, s'est vu confié la cellule "veille, arguments, riposte" et le maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, soutien historique de l'ancien chef du gouvernement, assure le porte-parolat.

" Ils n'avaient pas de bonnes relations"

Pourquoi donner tant de gages à son ancien ennemi? Difficile de connaître précisément la raison d'une telle métamorphose. "Ils n'avaient pas vraiment de bonnes relations. Cela me rendait triste", confie Bernard Cazeneuve, qui dit pour sa part s'être "toujours senti proche à la fois" de l'un et de l'autre. "Sans jamais prendre parti." "Maintenant, tout ça est terminé", se réjouit-il. "François Hollande souhaite le rassemblement le plus large possible de toute la famille politique à laquelle il appartient pour gagner ces élections", se félicite le député de la Manche. Selon Guillaume Bachelay, contacté par leJDD.fr, François Hollande aurait même demandé à Laurent Fabius "de poursuivre ce travail pendant la première année de sa mandature. L'idée étant d'être précis pour être prêt. Et d'appliquer les réformes les plus urgentes rapidement."
Terminées donc les formules assassines de Laurent Fabius à François Hollande – "Fraises des bois", "gauche molle". Terminées aussi les rivalités entre les deux hommes, cristallisées en 2005, lorsque l'ancien locataire de Matignon s'était posé en fervent défenseur du "non" à la Constitution européenne quand François Hollande avait pour délicate mission d'unir le PS derrière le "oui". Terminée enfin la critique acerbe lancée par l'ancien locataire en avril dernier : "Franchement, vous imaginez Hollande président de la République? On rêve!". En l'espace de dix mois, ce rêve est devenu le sien.
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