lundi 30 janvier 2012

TVA, logement, emploi... : ce qu'a annoncé Sarkozy à la télévision

Entre le sommet social du 18 janvier dernier et le sommet européen prévu lundi à Bruxelles, et alors que François Hollande a pris une longueur d'avance dans la campagne pour la présidentielle, Nicolas Sarkozy a fait le point, ce dimanche soir durant 1h10, lors d'une intervention télévisée depuis l'Elysée sur les principales mesures qui doivent atténuer le choc de la crise sur l'économie française. Il répondait aux questions de Claire Chazal et Laurent Delahousse d'abord, puis de François Lenglet et Jean-Marc Sylvestre. Voici ses principales annonces et déclarations
- Sur sa candidature à la présidentielle : D'entrée de jeu, Nicolas Sarkozy a de nouveau refusé de dire s'il est ou non candidat, disant s'exprimer ce dimanche soir "en tant que chef de l'Etat, pour rendre des comptes aux Français, leur expliquer où nous en sommes".
Quant au soutien d'Angela Merkel, "je n'ai pas noté qu'elle votait dans le corps électoral français". Mais est-ce "une bonne nouvelle" ? "C'est un tout autre sujet puisque je n'ai pas, pour l'instant, annoncé quoi que ce soit ni sur ma candidature, ni sur les meetings".
A la fin de l'émission, Nicolas Sarkozy a toutefois dit que c'était "aux Français" de juger son bilan... sans, là encore, déclarer formellement sa candidature. "J'ai le sens du ridicule. Ce n'est pas à moi de juger mon propre bilan. C'est aux Français de le juger (...) J'accepte les critiques sur le sujet et que l'on me dise aujourd'hui que je n'ai pas fait assez (...) J'avais cru comprendre que pendant cinq ans, le thème c'était : on en fait trop". "J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne m'y déroberai pas", "ça approche", a-t-il encore dit.
Pressé par les 4 journalistes autour de la table, le président a encore dit : "Le jour où vous pensez que ce à quoi vous tenez vous est acquis définitivement, ce jour-là vous le perdez et ça vaut sur le plan personnel comme sur le plan professionnel." "Il y a un calendrier, il y a des obligations, ce n'est pas l'agitation qui me fera changer et vous me demandez mon état d'esprit : très déterminé". "Ce serait peut-être mon intérêt de dire: voilà, j'ai décidé... Mais je suis président de la République du 5e pays au monde". "Parfois je peux en avoir l'impatience tant je constate d'arrogance déplacée", a-t-il dit, sans citer le candidat socialiste François Hollande, très en avance dans les sondages. "Je ne peux pas mettre ce pays en situation d'avoir un président candidat pendant des mois interminables." "J'ai fauté quand j'étais plus jeune, j'ai vu les ravages de l'arrogance", a-t-il confessé à propos de l'élection de 1995 au cours de laquelle son champion Edouard Balladur était présenté comme vainqueur certain. Le Premier ministre avait finalement été évincé du deuxième tour par Jacques Chirac.

- Sur la crise et le déficit de la France : "La crise économique est toujours là, profonde mais la crise financière s'apaise", "les mesures prises ont permis de stabiliser les choses (...) L'Europe n'est plus au bord du gouffre".
Une fois livré ce diagnostic, le président a affirmé que le déficit public de la France en 2011 aura été de 5,4% et peut-être même 5,3% du PIB au lieu de 5,7% envisagés en loi de finances. Le gouvernement entend ramener ce déficit à 4,5% du PIB cette année et le chef de l'Etat s'est de nouveau engagé à revenir à 3%, plafond autorisé par les traités européens, en 2013. Il a en outre promis de ne pas faire de nouveau plan de rigueur pour cette année.



- Sur le logement : "Si on fait l'encadrement des loyers, plus personne ne louera, ça n'a marché nulle part". "Pour les 3 ans qui viennent, tout terrain, toute maison, tout immeuble verra ses possibilités de constructions augmentées de 30%". Ce qui permettra, selon Nicolas Sarkozy "des emplois en France", "augmentera considérablement le nombre de logements" et ainsi "les prix à l'achat et à la location pourront baisser".

- Sur les emprunts des PME : Parce que "les établissements de taille intermédiaire qui sont le coeur de l'économie n'ont pas assez de crédit", "nous allons créer une banque de l'industrie", dès février, avec une dotation d'1 milliard d'euros de fonds propres. Cette banque sera une "filiale d'Oséo, qui est la banque des PME", "parce que des chefs d'entreprise me le disent tous les jours les banques ne prêtent pas assez. Quand les banques prêtent, elles prêtent trop cher". Un peu plus tard dans l'émission, le chef de l'Etat a assuré qu'il proposerait aux syndicats d'être associés aux choix de la future banque de l'industrie.

- Sur l'emploi des jeunes : Nicolas Sarkozy a annoncé un quota de jeunes apprentis relevé à 5% pour les entreprises de plus de 250 salariés, alors qu'"en Allemagne, il y a trois fois plus de jeunes en apprentissage qu'en France" et que "les grandes entreprises ne s'ouvrent pas assez aux jeunes" en France. Un texte sera présenté en février à l'Assemblée afin qu'entre 2012 et 2015 les entreprises doivent avoir 5% de jeunes apprentis, contre 4% depuis 2011, et doublant les sanctions en cas de non-respect.
Le taux est actuellement de 1,7 apprentis en moyenne dans les entreprises de plus de 250 salariés. Le gouvernement vise les 800.000 alternants d'ici 2015 et même un million à terme, contre 600.000 aujourd'hui. Le taux de chômage des actifs de moins de 25 ans est supérieur à 20% en France, selon l'Insee, soit nettement plus que le taux de chômage moyen (9,3% au troisième trimestre 2011).

- Sur la TVA : Une hausse de la TVA pour compenser une baisse des charges patronales. Comme cela avait filtré, le chef de l'Etat a annoncé que la TVA augmenterait de 1,6 point à 21,2% le 1er octobre et que la CSG sur les revenus financiers augmenterait de 2 points pour baisser les charges patronales, "car nous considérons avec le Premmier ministre qu'il est normal que les patrimoines les plus aisés participent à ce travail". Les taux réduits de TVA resteront inchangés, a assuré le président, disant ne croire "en rien" à une augmentation des prix du fait de la hausse de la TVA : "la concurrence maintiendra les prix". Les entreprises bénéficieront d'une exonération totale des charges familiales patronales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,1 fois le Smic. Ces allègements de charges seront ensuite dégressifs, et s'arrêteront au-delà de 2,4 fois le Smic.
Les charges patronales, a encore dit Nicolas Sarkozy, représentent 840 euros pour un salaire de 4.000 euros en Allemagne contre le double en France. "Je veux que la France reste une terre de production, je veux que l'on garde nos usines, je veux que l'on puisse, non pas consommer français, ce qui n'a pas de sens, mais produire en France", a-t-il insisté.

- Sur la taxe sur les transactions financières : Elle sera de 0,1% sur les titres de toutes les entreprises cotées en France, même si l'achat est effectué hors de France, a annoncé Nicolas Sarkozy, l'annonçant pour le mois d'août. Les CDS (credit default swap) seront également taxés, ainsi que "les achats spéculatifs par ordinateur". La taxe entrera en vigueur au mois d'août et son produit pour l'Etat est attendu à un milliard d'euros en année pleine, ce qui permettra de réduire le déficit, a précisé Nicolas Sarkozy, estimant que ce dispositif permettrait "d'éviter les délocalisations". "Ce que nous voulons c'est provoquer un choc, montrer l'exemple (...) il est évident qu'à la minute où l'Europe se sera dotée d'une taxe nous rejoindrons le groupe européen".

- Sur les salariés de Lejaby - Yssingeaux : "Moi je n'accepte pas la fatalité, je ne serai pas monsieur Jospin face à Vilvoorde (l'usine de Renault qui a fermé en 1997, ndlr), 'on n'y peut rien, 'on n'y peut rien'." Nicolas Sarkozy a assuré qu'il ne laisserait "pas tomber les gens de Lejaby". "Nous sommes en train de travailler, il y a plusieurs possibilités. J'espère que dans quelques jours on aura trouvé la solution."

- Sur les accords de compétitivité : "Le Premier ministre écrira aux partenaires sociaux dès (lundi) matin pour leur demander de négocier ces accords de compétitivité-emploi dans les deux mois", qui s'imposeront "à la loi et aux accords individuels".

- Sur les 35 heures : Nicolas Sarkozy a annoncé que les entreprises pourraient conclure des accords sur le temps de travail avec leurs salariés si une majorité de ceux-ci l'acceptent, avec pour conséquence la fin des 35 heures. "Cet accord dans l'entreprise s'imposera à la loi." A la question de savoir si, avec cette évolution, la semaine de travail de 35 heures disparaîtra, il a répondu : "De ce côté, cela sera une bonne nouvelle, parce que franchement, ces 35 heures n'ont été copiées par personne dans le monde et ont conduit à la catastrophe."

- Sur les retraites : Revenir sur la retraite à 60 ans, ce que propose François Hollande pour ceux qui ont leur durée de cotisation, est "une folie". "Il n'y a personne qui croit ça, il n'y a aucun Français qui pense que c'est vrai, c'est un mensonge parce que ça ne se fera pas".

- Sur les impôts : Nicolas Sarkozy a "exclu toute augmentation des impôts", assurant avancer "à visage découvert". Une allusion à François Hollande qui a présenté cette semaine un programme comprenant plus de 40 milliards d'euros de hausses des prélèvements obligatoires à l'horizon 2017.

- Sur le FN : Il est "toujours préjudiciable qu'un courant politique -dont je ne partage pas les convictions- ne soit pas présent". "Mais vous ne voulez quand même pas que je m'occupe d'elle aussi ?"

2 commentaires:

Anne a dit…

N'ayant pas de télé
j'ai échappé à l'écoute obligatoire
Mais selon les commentaires de ce-matin les mesures étaient incohérentes...

Bon début de semaine Francis
Biz Anne

Anne a dit…

N'ayant pas de télé
j'ai échappé à l'écoute obligatoire
Mais selon les commentaires de ce-matin les mesures étaient incohérentes...

Bon début de semaine Francis
Biz Anne