mardi 28 février 2012

Hollande donne des armes à la droite

Éviter la moindre erreur. Ne pas tomber dans les pièges tendus. Garder sa ligne de conduite. François Hollande sait ce qu'il a à faire, et s'y emploie. S'il a légèrement fait évoluer sa stratégie en choisissant de riposter lui aussi aux attaques de Nicolas Sarkozy, le candidat socialiste refuse de s'adapter à l'activisme effréné de son principal adversaire. Mais en annonçant une mesure sans en avertir son entourage, François Hollande s'est placé dans une position compliquée.
S'il est élu président de la République, le député de la Corrèze créera un taux d'imposition "à 75%" pour les revenus "au-dessus d'un million d'euros" par an. Cette nouvelle mesure annoncée lors de l'émission Parole de candidat sur TF1 a laissé pantois Jérôme Cahuzac, son conseiller budget, finances et fiscalité, invité à défendre quelques minutes plus tard le programme de son candidat face à des contradicteurs de droite, dans Mots croisés sur France 2. "Vous m'interrogez sur une déclaration que pour ma part je n'ai pas entendue", a-t-il lancé en préambule, gêné. "Je ne sais trop que vous dire (...). Vous me permettrez d'être plus circonspect que vous ne semblez l'être (...). J'attends de voir un peu ce qu'il en est vraiment", a ajouté le président de la commission des Finances à l'Assemblée. Une brèche béante dans laquelle s'est engouffrée la droite.

La polémique Najat Vallaud-Belkacem

Dans un communiqué, l'UMP, sous la plume de son secrétaire national Geoffroy Didier, a ironisé sur le fait que Jérôme Cahuzac "a carrément découvert la proposition de François Hollande (...), illustrant ainsi, une nouvelle fois, l'impréparation totale du programme économique du candidat". "Je comprends la gêne de Jérôme Cahuzac. Et qui ne le serait pas à sa place...!", s'est même amusée la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, lors du débat. Un peu plus tard, plusieurs autres responsables de l'UMP ont diffusé des communiqués pour étriller la "culture de l'ambiguïté" de François Hollande qui "reste obstinément cantonné dans le registre des incantations et des belles promesses", selon Franck Riester. Geoffroy Didier a également fustigé une "incapacité totale à être précis et concret" et Sébastien Huyghe "l'art de l'esquive et de l'évitement" chez le candidat socialiste.
Une erreur de communication qui en rappelle une autre. Dimanche, Najat Vallaud-Belkacem a en effet déclenché une vive polémique en comparant Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine et Silvio Berlusconi. Si la porte-parole de François Hollande a maintenu ses dires via son compte Twitter, ses camarades socialistes ont été peu nombreux à la soutenir. Sur le plateau de TF1, François Hollande lui-même a pris quelques distances: "Il n'est pas besoin d'aller prendre des exemples à l'étranger. Cinq ans maintenant, il suffit de le ramener à ce qu'il a promis, n'a pas fait ou qu'il a mal fait. Pas besoin d'aller chercher des références à l'étranger". Trop tard pour empêcher la droite de crier à "l'antisarkozysme primaire". Imprécision et attaques personnelles, la droite a trouvé un os à ronger pour les jours à venir.

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