vendredi 2 mars 2012

Hollande dénonce "la culture de l'outrance" de Sarkozy

La campagne restait toujours tendue vendredi après l'incident de Bayonne. Mis en cause par le chef de l'Etat, François Hollande a répondu devant la presse : "Le candidat sortant, qui sort d'un quinquennat de l'excès, ne devrait pas faire une campagne qui soit celle de l'excès." Quant à l'emploi du mot "épuration" par Nicolas Sarkozy, le candidat du PS, en déplacement dans une entreprise coopérative parisienne (Coopaname), a jugé qu'il était "tout sauf approprié et renvoie à des périodes de l'Histoire qui n'ont aucune signification par rapport à ce qu'ont été mes propos". "Cela témoigne d'une culture de l'excès, de l'outrance, de la surenchère, de l'escalade à laquelle moi je ne participerai pas", a insisté le député de Corrèze, ajoutant que "les Français attendaient une campagne digne".

Accueilli jeudi après-midi par des insultes, des huées et des sifflets de centaines d'opposants réunis dans la vieille ville de Bayonne jeudi, le candidat-président avait indiqué : "Hollande a annoncé l'épuration s'il était élu, de tous les magistrats, de tous les fonctionnaires et de tous les ambassadeurs qui ne pensaient pas comme lui, alors forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base."

A la mi-journée, Jean-François Copé a jeté de l'huile sur le feu. "Des violences de rue se sont produites dans lesquelles des militants socialistes et des militants indépendantistes se sont retrouvés ensemble pour faire le coup de poing, il n'y a pas d'autre mot", a déclaré le secrétaire général de l'UMP, lors d'une conférence de presse. "Je peux comprendre" que le candidat PS à la présidentielle "n'était pas derrière la vitre en train de les inciter à faire le coup de poing, qu'un certain nombre de chefs socialistes aient été pris de court mais ce que je n'accepte pas, c'est le déni", a-t-il ajouté. Le député de Seine-et-Marne "n'attend qu'une seule chose de M. Hollande, c'est qu'il exprime publiquement ses regrets et son désaveu du comportement des militants socialistes et des élus qui se sont prêtés de manière indigne à ce coup de poing".


Un député UMP demande la démission de Moscovici

Lors d'une conférence de presse, le patron de l'UMP a redit que "le dérapage" était du côté des termes employés par François Hollande sur les hauts fonctionnaires. "Ce serait M. Sarkozy qui serait en cause ? On rêve là ! Il est quand même grand temps que chacun comprenne que, sur des sujets comme ceux-là, il est normal que nous répondions. Ce sont des menaces qui en disent long sur l'état d'esprit de M. Hollande".

Le député UMP Damien Meslot a de son côté "accusé la direction de campagne du PS et son directeur Pierre Moscovici (...) d'avoir délibérément organisé l'événement". Il est allé jusqu'à demander la démission du député du Doubs, dénonçant un "piège tendu par la direction du Parti socialiste". Comment "croire qu'un millier de manifestants socialistes et nationalistes aient pu se rassembler le même jour, à la même heure et au même endroit avec des banderoles et des projectiles sans que cette action n'ait été préméditée, planifiée et organisée?", a-t-il demandé. Cette demande de démission ajoute "de la diffamation à l'outrance", a estimé Bernard azeneuve, l'un des porte-parole du candidat socialiste. Guillaume Lambert, le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, a écrit pour sa part à Pierre Moscovici, pour se plaindre des "injures" reçues par le candidat UMP.

Des "combats de coqs" pour Bayrou

A gauche, plusieurs personnalités sont venues au secours de François Hollande. Ségolène Royal a affirmé à France Bleu La Rochelle que Nicolas Sarkozy portait "une partie de la responsabilité" des incidents, car "la violence verbale, c'est lui qui l'a commencée". Jean-Christophe Cambadélis a qualifié les incidents de jeudi de "regrettables", tout en estimant que le président-candidat "surjoue l'indignation". Il a jugé "hallucinant" d'entendre Nicolas Sarkozy accuser François Hollande de préparer une "épuration". "M. Sarkozy perd ses nerfs. Il sent que sa campagne ne prend pas", a estimé Elisabeth Guigou, députée PS de Seine-Saint-Denis, sur Radio Classique/Public Sénat.

Dominique de Villepin, candidat de République Solidaire, a vu dans les incidents le résultat de "cinq ans de frustration". "Aujourd'hui, nous avons un président de la République qui ne peut pas sortir dans la rue. Ni à Bayonne, ni ailleurs", a-t-il dit sur BFMTV-RMC.François Bayrou, le candidat du Modem, a lui renvoyé dos à dos les deux principaux candidats, en moquant leurs "combats de coqs".

Le député-maire de Bayonne s'est dit vendredi "choqué en tant que démocrate" par l'accueil mouvementé reçu par le président de la République, a indiqué vendredi lors d'une conférence de presse avoir envoyé une lettre à Nicolas Sarkozy dans laquelle il présente au nom de sa ville "ses profonds regrets et ses excuses sincères".
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