mardi 6 mars 2012

Sarkozy : "Nous ne sommes pas sectaires"

Il baisse dans les sondages, on lui jette des oeufs à Bayonne, on prédit déjà sa chute? Nicolas Sarkozy, visiblement piqué au vif, a servi samedi sur les terres d’Alain Juppé aux milliers de militants venus l’applaudir un discours à la fois très musclé et très droitier. Officiellement, ce cinquième meeting, le deuxième auquel assistait son épouse, Carla Bruni, était consacré à la République. L’occasion rêvée pour évoquer le chahut dont le chef de l’État a été victime jeudi après-midi de la part de militants indépendantistes et de militants PS au Pays basque et qu’il a visiblement l’intention de surexploiter afin de remobiliser son électorat. "Dans la République, on n’empêche pas les autres de parler, on ne se comporte pas comme des voyous. À Bayonne, jeudi dernier, j’ai vu des gens qui ne supportaient pas que l’on puisse avoir une opinion différente de la leur. Honte à ceux qui se sont joints aux séparatistes basques, petite minorité animée d’une haine aveugle contre la France et prête à tout. Honte à ceux qui considèrent qu’une campagne électorale doit être une succession de guets-apens et de coups bas."
Sans jamais citer le PS, Nicolas Sarkozy se drape dans l’habit du républicain offensé face à d’autres qui ne le seraient pas : "Nous ne leur ressemblons pas, nous ne leur ressemblerons jamais. Nous ne sommes pas sectaires. Nous refusons la haine. Jamais il ne nous viendrait à l’idée de perturber leurs réunions, d’empêcher leurs rassemblements." Beaucoup de cheveux gris dans l’assistance? Nicolas Sarkozy en profite pour faire appel aux vieux réflexes de la droite : "Nos adversaires ont toujours considéré qu’ils étaient propriétaires de la République. En 1965 déjà, François Mitterrand osait se présenter comme le candidat des républicains contre le général de Gaulle. Ils font toujours pareil. Ils s’approprient le mot mais ils le vident de son sens."

"Ceux qui disent cela sont des tartuffes"

Puis l’attaque contre son rival socialiste se fait plus précise. À Marseille, Sarkozy avait accusé Hollande de mentir du matin au soir. Cette fois-ci, celui qui veut revenir sur la loi Ciotti sur la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire, est taxé de lâcheté. "Revenir sur cette mesure, par souci de son image, par lâcheté vis-à-vis de son public, c’est affaiblir les valeurs de la République." Un François Hollande que Nicolas Sarkozy, dans un véritable florilège de campagne, accuse sans jamais le nommer, de cynisme, de clientélisme et même de tartufferie : "Quand on propose un taux d’imposition de 75% pour faire payer les riches et que l’on explique le lendemain que “cela, je cite, n’a pas vocation à rapporter un seul euro au budget de l’État” donc à faire payer un seul euro aux riches, c’est du cynisme et ceux qui disent cela sont des tartuffes."
À ce stade du discours, la mission riposte est déjà accomplie. Mais Sarkozy sait qu’après une semaine difficile, dans laquelle il a paru en défense, il faut faire encore plus. Alors que la foule l’interrompt de ses applaudissements, il s’offre cette nouvelle pique dans un grand sourire : "J’ai une grande ambition, faire des discours où je dis quelque chose. Je sais, c’est très original et démodé." Et il actionne la manette justice. Il propose, en vrac "qu’un condamné ne puisse pas bénéficier d’une mise en liberté conditionnelle avant qu’il ait effectué au moins les deux tiers de sa peine", promet une nouvelle fois la réforme de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, et nouveauté, l’appel pour les victimes en assises. Mais ce n’est pas encore fini. Le chef de l’État a gardé pour la fin de son exposé très dense la botte immigration.

Un soutien à Claude Guéant

Dans un appel souligné aux électeurs du FN, qu’il espère attirer comme en 2007, il lance : "L’immigration, c’est un atout, une richesse, mais pourquoi ne pas reconnaître aussi qu’elle est un problème?" Il fustige une nouvelle fois le vote des étrangers aux élections locales que défend Hollande, "c’est ouvrir la voie au chantage communautaire", lance-t-il dans un soutien implicite à son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui a suscité une nouvelle polémique en déclarant vendredi soir que la majorité ne voulait pas "que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la présence de nourriture halal dans les cantines". À moins de cinquante jours du premier tour, Sarkozy ne veut pas lâcher le moindre bout de terrain à Marine Le Pen. Toujours en embuscade.

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